LETTRE XIX M. de Serbellane à madame d’AlbémarLisbonne, ce 4 septembre 1790. Je viens vous demander, madame, le plus éminent service, le seul qui puisse détourner l’irréparable malheur dont je suis menacé. Thérèse, après avoir assuré le sort de sa fille, en passant quelques mois dans ses terres près de Bordeaux, veut obtenir de la famille de son mari la permission de vous confier l’éducation d’Isaure, et, tranquille alors sur le sort de cette enfant, elle est résolue à se faire religieuse dans un couvent dont le père Antoine, son confesseur actuel, a la direction : ainsi mourrait au monde et à moi la meilleure et la plus charmante créature que le ciel ait jamais formée. Le Dieu que Thérèse adore serait-il un Dieu de bonté s’il lui commandait un tel supplice ? Les coutumes barbares des