4: Tu prends combien ?

2069 Words
(Santo) « Sortez tous d’ici », ordonné-je froidement. Je lance un regard en arrière. Alvize et mes hommes reculent rapidement. Ils savent tous que je déteste attendre lorsque je donne un ordre. La beauté aux jambes interminables essaie aussi de partir. Cependant, j'envoie automatiquement la main dans l’encadrement de la porte pour l’empêcher de sortir de la pièce. De ma main libre, je la montre de l’index pour lui exiger silencieusement de rester. Puis, je fais un pas en avant et je claque sans ménagement la porte derrière moi. Je suis sidéré à la manière, complètement blasée, qu’elle a de me regarder. C’est bien la première fois de ma vie que je me retrouve volontairement seul dans une pièce avec une femme, qui n’en a strictement rien à foutre de ma gueule. Je passe à côté d’elle et je ne peux pas m’empêcher de saliver en sentant l’odeur alléchante de cannelle et de sucre qu’elle dégage. Je m’assois sur le fauteuil principal en cuir du « bureau » et j’attrape le classeur contenant tous les bénéfices que le trafic de drogue nous rapporte. Cazzo. Son parfum sucré est en train de me rendre fou. Je lève les yeux et je suis surpris de l’attitude absolument détendue qu’elle a. Ce n’est pas un comportement auquel j’ai l’habitude de faire face lorsque je me retrouve seul avec une autre personne. Habituellement, ils tremblent, ou pissent, ou vomissent… Dans le meilleur des cas, ils tombent dans les pommes. Mais, cette femme a des couilles et me fixe du regard. « Je peux m’asseoir ou je dois rester debout ? Ou peut-être que vous voulez que je vous mette les petits fours dans la bouche pour que vous ne vous salissiez pas les mains, monsieur le VVIP ? » Elle se penche pour prendre le plateau et le placer sur le bureau, à portée de main. La Madonna ! Qu’est-ce qui se passe ? Ces mots viennent d’aller droit dans ma queue et je suis soulagé d’avoir un bureau entre nous pour qu'elle ne se rende pas compte de l’effet qu’elle me fait. « Tu peux t’asseoir. Et, je t’ai donné mon prénom… », dis-je en la regardant se déplacer vers l’un des grands canapés en cuir placés devant mon bureau. J’ai volontairement fait trainer ma phrase pour qu’elle me donne son prénom, mais elle m’ignore comme la p****n de reine qu’elle est. Cazzo, ses jambes dans ses escarpins et ce micro short ! Je pourrai tuer pour les avoir autour de mon cou pendant que je la… STOP. Dannazione ! (Fais-chier*) Qu’est-ce qui se passe ? Elle se laisse tomber dans le canapé, puis lève les yeux vers le plafond. Ensuite, elle croise les jambes au ralenti. Au ralenti ? Cazzo, d’où je sors ces conneries ? Elle croise ses jambes de déesse normalement, comme une femme normale… Que je baiserai bien au moins six fois par jour. Fanculo ! Je baisse la tête et j’essaie de me concentrer sur les lignes d’écritures. Ce sont des conneries. Elle ne m’intéresse pas. Aucune femme ne m’intéresse. Du moins pas de cette façon. Je laisse Gina me s***r de temps à autre, juste histoire de me vider et c’est tout. Mais, là, j’ai envie de plus avec elle. Je ne connais même pas son prénom. Cazzo si Elio pouvait m’entendre, j’aurais déjà pris son poing sur la gueule. C’est une serveuse. Une f****e serveuse, qui j’en suis sûre, doit faire des heures supplémentaires comme prostituée dans le casino. … Ma mère était une serveuse aussi. Mais, ma mère ne bossait pas habillée de cette manière. J’essaie de voir si elle porte un badge avec son prénom dessus. Rien. … Pourquoi elle ne veut pas me donner son prénom ? C’est quoi son p****n de problème ? Ou c’est peut-être moi le problème. Je me passe une main dans les cheveux. Peut-être que je suis mal coiffé. Peut-être que j’ai une tache sur ma chemise. Peut-être qu’il faut que je change de type de costume. Je dois demander à Elio ou à Lulu. … Merda. Lulu n’est plus là. Je sais ! Je vais chercher Lulu ! De cette façon, je ferai une pierre deux coups ! Je récupère Lulu. Elle recommencera à me donner des conseils sur ces conneries sur la mode et des tons qui font ressortir la couleur de mes yeux… Et, puis, Elio arrêtera enfin d’être malheureux. J’attrape nerveusement un des petits fours et je me fige lorsque j’entends ma déesse prendre une inspiration sous la surprise. Un ange semble passer entre nous et Cazzo ! Qui a changé le p****n d’éclairage du bureau ? C’est quoi ce fond rose bonbon derrière elle ? Je lève un sourcil et je dois me retenir pour ne pas me lever pour la prendre sur mes genoux. Je pourrais la supplier de faire ce qu’elle a dit, là, tout à l’heure : de me mettre les petits fours dans la bouche. Oui voilà, je lui laisserai un pourboire monstrueux. De toute manière, c’est tout ce que veulent les filles comme elles : des hommes riches qui peuvent les sortir de la misère d’où elles viennent. Et, ça tombe bien. Je suis un homme riche. « Il y a un problème ? », lui demandé-je froidement. Elle se lève aussitôt et je ne peux pas m’empêcher de la reluquer. Ses jambes me font un effet de malade. Elle vient se placer devant le bureau et elle se contente de pointer du droit de la gauche vers la droite : « Vous devriez commencer par celui-ci, puis simplement continuer à manger en suivant l’ordre. Si vous prenez celui-là en premier, le citron contenu pour assaisonner le saumon risque de rendre fade le prochain… » Je dévore littéralement du regard ses lèvres. C’est la chose la plus sexy et la plus bandante qu’une femme ne m'ait jamais dite : dans quel ordre je dois manger des putains de petits fours. Je me rends compte qu’elle a fini de parler et qu’elle me montre de la main le petit four placé le plus à ma gauche. Nourris-moi, nourris-moi, nourris-moi… FANCULO ! C’EST QUOI MON PROBLÈME ? J’attrape rageusement l’amuse bouche et mâche sans cérémonie avant qu’un gémissement sonore ne quitte mes lèvres. Cazzo. Qu’est-ce qui vient de se passer ? Aussitôt que les saveurs ont explosé sur la langue, c’est comme si mon cerveau a fait BOUM ! Le chef envoyé par Dino Bonani est un p****n de génie ! Cazzo si ce stronzo cuisine comme ça des petits fours à la con, ça donnera quoi si je demande autre chose au menu ? Je sursaute lorsque je vois qu’elle vient de poser les mains sur le bureau et qu’elle est penchée en avant : « Délicieux, n’est-ce pas ? », me demande-t-elle. Je hoche la tête dans une sorte de tremblement nerveux. Nerveux ? La Madonna ! Elle me rend nerveux ! « Et vous allez voir, le second va complémenter à merveille les saveurs actuelles… » Je croise les bras devant moi en posant les coudes sur le bureau, puis j’ouvre la bouche comme un stronzo. Je veux qu’elle me donne à manger. Hé quoi ? Je n’exagère pas, c’est elle qui a proposé ça la première. « Vous… », commence-t-elle à dire. Puis, sans me quitter des yeux, elle prend le second petit four et le pose sur ma langue. Je la vois trembler parce que j’ai fait exprès de lécher ses doigts. Est-ce que c’est du harcèlement sexuel ? Absolument. Est-ce que j’ai des regrets ? Aucun. Je mords enfin dans la pâte feuilletée et je roule les yeux au ciel tellement c’est un pur délice. Je la regarde et je vois qu’elle se tient les mains. Elle a la tête baissée et je sais que j’ai dépassé les bornes. Je pousse un soupir et je sors nonchalamment mon porte-monnaie et je lui tends cinq billets de cent dollars. Dans ce monde pourri, il n’y a rien qui ne puisse être acheté par le fric. Et, s'il faut que je paie pour avoir cette paire de jambes ce soir, je ne suis pas mécontent d’en faire ma p**e exclusive. Je peux voir ses yeux se fixer sur l’argent liquide et au moment où elle essaie de prendre les billets, je recule rapidement la main : « Tu prends combien ? », lui demandé-je. « Pardon ? », me demande-t-elle sans comprendre. « Tu prends combien pour ça ? », répété-je, légèrement agacé qu’elle joue à l’innocente avec moi. Je la vois pencher la tête sur le côté, avant qu’elle ne baisse encore les yeux sur le plateau de petits fours. Je ne sais pas pourquoi, mais un éclair de génie semble traverser son regard au moment où elle regarde les amuse-bouches : « Tout dépend du type de contrat. » Je m’étrangle à moitié et j’attrape la carafe d’eau en cristal qui est posée sur le bord du bureau. Je me sers rapidement un verre et j’avale d’un trait le liquide : « Contrat ? » Elle se met à compter sur ses doigts sans me regarder, avec un air blasé, complètement déstabilisant : « Tout va dépendre des jours, des horaires… évidemment je prends plus cher les soirs et les weekends » « Évidemment », répété-je bêtement. « Je peux tout faire et tout apporter aussi pour vous faire plaisir. Bien sûr, il y aura un surplus si vous avez des préférences particulières ou qui demandent plus de temps de préparation ou de nettoyage. Je sais que je n’en ai pas l’air, mais j’ai de l’expérience dans le métier. » « … », je suis incapable de parler tellement j’ai envie d’anéantir tous les stronzi qui lui ont donné sa p****n d’expérience dans ce p****n de métier. « Il faudra aussi me prévenir à l’avance du nombre de personnes. Si je dois prendre quelqu’un d’autre avec moi pour m’occuper correctement de vous tous… » Je vois subitement rouge. Quoi ? Le nombre de personnes ? Cazzo ! Hors de question que je fasse des tournantes ou que je la partage avec qui que ce soit ! « Il n’y aura personne d’autre. Juste moi », grincé-je entre les dents. Je serre tellement fort le verre entre mes doigts que le cristal commence à se fissurer. « … Et, puis, je ne fais pas d’exclusivité. J’ai déjà ma clientèle et mes habitués. Si vous voulez m’embaucher, il faudra faire en fonction de mes disponibilités. » « Quoi ? », demandé-je froidement. Comment ça elle ne fait pas d’exclusivité ? Elle se fout de moi ou quoi ? Hors de question que je couche avec si un autre stronzo lui est déjà passé dessus. Elle me regarde, là, avec un air qui sous-entend que je suis un débile : « … Bien sûr que oui. Je sais que je suis encore jeune, mais je suis douée. Je ne vais pas me limiter à un client alors que j’ai suffisamment d’énergie pour m’occuper de plusieurs clients après l'autre. J’ai toute une réputation et un réseau à bâtir. » Je suis anéanti sur place. La première femme pour qui j’éprouve de l’attirance est une p**e avec de l’ambition et des projets de développement de ses activités. Je sursaute lorsque j’entends frapper à la porte. La tête d’Alvize apparaît dans l’encadrement et il s’excuse à profusion lorsqu’il croise mon regard meurtrier. Elle tourne rapidement la tête vers ce connard qui doit se charger de la mettre en contact avec les autres VIP de ce p****n de casino. « Didi, on a besoin de toi. C’est une urgence. » Ah. Elle s’appelle donc Didi. Je suis mitigé entre me dire que ce prénom lui va comme un gant et que c’est un alias parfait pour une p**e. Elle se tourne vers moi et regarde les billets que j’ai toujours en main. Je les lui tends à nouveau en les tenant entre l’index et le majeur. C’est comme si mon cerveau refusait que ma peau entre en contact avec la sienne désormais. Elle les attrape et me fait un semblant de sourire : « Merci », se contente-t-elle de me dire avant de disparaître. Je lance aussitôt le verre à travers la pièce et je me sens aussitôt mieux… ou pas. Je regarde les débris et j’ai l’impression que c’est mon cœur que je vois étalé en morceaux au sol.
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