CHAPITRE: 19 FRAYEUR

2175 Words
Guinée / N'zerekore Joanna Je m'avançais vers ce lieu sacré... attirée par une statuette en pierre montrant un couple enlacé, s'échangeant un b****r de désespoir. Obnubilée par ce magnifique spectacle qui s'offrait à mes yeux, je n'hésitai pas à poser mes mains dessus pour sentir la rigueur de la pierre sous mes doigts, lorsque de sa voix puissante Jamal m'intima d'y renoncer. En deux temps trois mouvements il m'empoigna par Le Bras et m'attira à lui. Qu'est-ce que tu fabriques ? Son ton mauvais me fit perdre patience, je me dégageai de son emprise avant de faire demi tour. Pendant ce temps un vieil homme parla à Jamal dans l'oreille , ce dernier avança vers un baobab. Quand au vieux il fit volte face et me sourit... Voulez vous marcher avec moi s'il vous plaît ? Dit -il... Je le suivis donc sans rechigner, deux trois pas plus loin il me stoppa Demandant comment je me sentais et quel était mon nom. Je le trouvais chaleureux, il me rappelait vaguement mon père. -Ma fille qu'est-ce qui te chagrine ? - Euh non je ne le suis pas.. - Je peux le sentir... -Hummm ... cette statue là qu'est-ce qu'elle représente ? - C'est un couple qui a été maudit et banni de chez eux. Une sombre histoire d'amour qui aurait mal tourné... - Voulez vous me la raconter s'il vous plaît ? - volontiers. ! C'est l'histoire de Koumba qui tomba amoureuse d'un jeune homme issue d'un autre clan. L'hostilité entre ces deux familles était telle qu'aucune liaison n'était possible entre eux. Djikiri amoureux pour la première fois ne se voyait pas vivre sans sa Koumba. Cet amour nourrit depuis un bon moment grandit ... immensément... et ni Koumba ni Djikiri n'avaient mesurés les conséquences de cet amour interdit. Comme les belles choses ont une fin, un jour le frère de koumba rentrant du champ intercepta nos amoureux se câlinant dans un buisson. Dès lors une altercation commença entre les deux hommes, Djikiri se laissa battre puisqu'il s'agissait du frère de son âme sœur. Traîné jusqu'à la place publique et humilié... son père le banni et l'expulsa du village. Sa mère demanda une faveur, qu'on lui laisse jusqu'au coucher du soleil pour entamer sa route... le chemin vers l'inconnu. Pendant ce temps , le père de koumba furieux d'avoir été humilié par le comportement indécent de sa fille qui avait fini par pactiser avec l'ennemie, l'enferma dans une case gardée par deux hommes. Koumba pleurait toute la journée... ignorant les supplications de sa mère qui l'implorait de manger. Personne ne put faire entendre raison à koumba... Au coucher du soleil, la mère de Djikiri se faufila jusqu'à la case de la mère de Koumba, à l'abri des regards. Sitan je viens en paix. Aujourd'hui plus que jamais le destin de mon fils me préoccupe. Tout comme moi tu es mère, et toi mieux que personne peut savoir la douleur que je ressens. Qui sommes nous pour nous opposer à l'amour... priver Koumba de Djikiri c'est le mener à une mort certaine... il n'y survivra pas et quand sera t-il de ta fille ? Ses lamentations transcendent les limites de notre village.. on l'entend de loin. Alors je t'en supplie... fais quelque chose pour nos enfants. -Qu'attends-tu de moi? Djikiri partira ce soir, laissons les s'enfuir ensemble.. - Mon Mari me tuera Qu'en sais tu ? - Les gardes devant la case... tu y as pensé ? J'en fais mon affaire... C'est donc comme ça, avec la complicité des mères que koumba et Djikiri s'enfuirent... au petit matin quand le père fut mît au courant de la disparition de sa fille il invoqua tous ses Dieux,Ses fétiches et de sa canne il envoya la malédiction sur notre couple amoureux. Arrivé à cette clairière koumba sentit ses pieds durcirent. Elle avait commencé sa transformation, Djikiri fit demi tour et l'enlaça . Dans un élan passionné il s'embrassèrent jusqu'à ce que tous les deux soient changés en statut de pierre. Depuis, ce lieu est devenu sacré. Une fois dans l'année des amoureux y viennent comme pour faire un petit pèlerinage. Afin d'invoquer le Dieu et la déesse de l'amour afin que leur amour soit aussi fort ... Koumba et Djikiri moururent par amour. Voilà ma fille. La morale de l'histoire c'est que quelque soit nos différences, les conflits qui nous séparent, les personnes qui s'y opposent la force de l'amour reste la chose la plus puissante. Aucun fétiche, aucune science occulte n'y pourra rien faire. Laisses-moi te dire que ton chagrin ne sera que de courte durée, tu te sens menacée dans ton ménage mais c'est seulement l'amour qui te donnera la force d'avancer. Je vois en toi un dilemme... deux hommes ...Tu crois être amoureuse du premier, quand au second tu restes avec par principe. Pour l'honneur... Humm saches que ta vision des choses est obscurcie. Mirage... Joanna... mirage. Avec le temps tu prendras sans doute conscience des sentiments que tu refoules.. ton destin est tout tracé...Taches de faire le bon choix... taches de faire le bon choix... Jamal ayant terminé ses rituels d'offrandes se joignit à nous. Après moult recommandations et conseils le vieil homme lui prévient que s'il plane dans son sommeil, tout risque de foirer. Mais c'est quand même très probable qu'il ait le sommeil agité. La dernière étape se fit au bord d'une rivière, on lui intima d'y jeter le pain blanc . À la suite de quoi des pieuvres apparurent et engloutir le pain... j'étais choquée.. Ce que je voyais la c'était incroyable... une première dans ma vie de citadine. Tout comme moi je voyais que Jamal était ébloui, mais il savait très bien cacher ses émotions. De retour dans la voiture il me demanda comment j'allais sans plus... curieux n'est-ce pas ? Qu'est-ce qui s'est passé ici ? Ellipse Conakry Djamila Cela fera une éternité depuis que cette folle m'a oublié... Ahh Joanna je vois que ton Mari t'as tourné la tête au point de mettre ta meilleure amie sur la touche. Rapidement je lui envoyai un message sur WhatsApp... aucune réponse et je vois que sa dernière mise en ligne date de trois jours. La vie suivait son cours pour moi, à une exception près. Je me suis mise en couple avec Gadiri , celui qui m'avait aidé à transporter Joanna après sa tentative de suicide. L'homme avait réussi à me rendre folle amoureuse, de sa maturité j'en étais éblouie et ses mots ô combien doux ! je ne savais vraiment plus où donner de la tête. Moi qui ne croyais plus en l'amour, j'en étais arrivée à un point où rien ne pouvait plus me faire faire marche arrière . Dire qu'il y'a une année j'avais juré à Joanna de ne plus croire aux balivernes des hommes... Figurez-vous que j'ai bien eu raison. Je réalise que l'amour est une faveur, et seules quelques rares personnes en jouissent. Il se trouve que Gadiri est marié et père de deux filles. Comment je l'ai su? Je dirai Dieu! Je suis conseillère commerciale dans une entreprise d'assurance, assise derrière mon bureau une cliente fit son entrée. Qui je vois là ? Une ancienne camarade du collège, elle n'avait fait qu'une année avec nous. Mais très attachante, elle s'était intégrée dans notre groupe avec Joanna, et après cette année on a plus eu de nouvelles. D'aucun disait qu'elle s'était retourné à Babi ( Abidjan) chez sa mère. Contentes de nous retrouver, on s'embrassa et s'échangea de numéro tout en lui promettant d'aller la saluer le week-end. Le week-end arriva très vite, comme promis je passai la journée chez elle. Elle avait deux magnifiques filles respectivement âgées de 10 et 8 ans. Elle me fit comprendre que son époux sorti plus tôt, ne rentrera que tard parce que ayant une urgence au travail. Entre temps qui m'appelle ? C'est Gad .. mon chéri. Il me disait avoir réservé une chambre pour nous au petit bateau afin qu'on y passe la journée. Je ne pouvais pas accepter... puisque j'étais chez une amie. Déçu il raccrocha en me disant qu'il m'aime et qu'il a hâte qu'on se retrouve le lendemain. Environ une heure plus tard, plongée dans nos souvenirs avec mon amie on entendit pas son mari arriver. C'est le bruit des filles criant Papa qui nous tira de notre conversation... Bebe tu es la? Je ne t'attendais pas avant ce soir... dit mon amie. - Finalement je me suis libéré.. je ne savais pas que tu avais de la visite... Soudain mon esprit fit tilt ... cette voix je la reconnaîtrai entre mille... étant de Dos je n'avais toujours pas posé mon regard sur lui ... lentement je tournai la tête et vit un Gadiri pâle. Tout comme moi il venait de réaliser l'ampleur de la situation. Je fis mine de sourire, le salua comme si je venais de le voir pour la première fois. M'excusai avant de battre en retraite. Je ne pouvais rester dans la même pièce que lui... non pas une minute de plus. Je pris congé et m'en suis allée ... Tellement de choses qui se sont passées dans ma vie.. tellement de choses que j'ai envie de partager avec Joanna. Dans la soirée je reçu enfin un appel d'elle s'excusant de son absence sur les réseaux sociaux. Tu sais Djami, mon mari m'interdit d'avoir un compte sur les réseaux. Prétextant que je n'ai rien à y chercher.. il me pourrit la vie tu n'as pas idée... Je l'écoutais d'une oreille distraite... au bout d'un moment elle le remarqua et marqua une pause.. Djami tu es sûre que tout va bien ? Sans ménagement je fondis en larme.. - Jo pourquoi ça n'arrive qu'à moi? Dès que je tombe amoureuse il y'a toujours quelque chose qui fait tout capoter. Jo je n'en peux plus .. Gad m'a détruit. Je lui faisais tellement confiance... j'avais cru qu'il serait différent. Pas parfait certes mais différent... serais-je maudite? - Non arrêtes..ne dis pas ça. Gad c'est un idiot ... il ne sait pas ce qu'il perd. Tu vaut mieux que ça... un menteur doublé d'un infidèle. Prends courage chérie tu finiras bien par trouver le bon même si je doute qu'il en reste encore sur cette terre... Ensemble nous pouffions de rire , elle avait réussi à me faire oublier ma peine. D'ailleurs... poursuit-elle Dès que je rentre à Bissau je t'enverrai un billet pour me retrouver. Ici tu pourras te reposer et tirer un trait sur cette histoire. - Ohh Jo t'es la meilleure... mais t'es pas obligée - Qui te demande ton avis.. j'y tiens un point c'est tout. - je t'aime Joanna... - Aller sèches moi ces larmes... tu es une femme forte right? Et nous les femmes fortes ont ne mendient pas l'amour parce qu'on connaît notre valeur. - Ahahha je sens de l'aigreur dans ce que tu dis . Aller raconte... Ainsi on passa toute la soirée à nous raconter nos vies. À rigoler de nos ratés, à pleurer quand l'émotion était de trop. Ce n'est que vers 2h que nous avons enfin décidé de nous reposer. PDV Joanna Je venais de raccrocher avec Djamila , le cœur plus léger que jamais. Assoiffée par tant d'efforts fournis à parler je décidai d'aller à la réception pour me trouver une bouteille d'eau. En passant devant la porte de Jamal j'entends des gémissements étouffés... je me suis rapprochée de la porte puis j'ai tourné le poignet malheureusement elle était fermée. Soudain les paroles du vieil homme me revient, « vous aurez une nuit agitée ». Comme une possédée je déboulais à la réception, priant le réceptionniste de me donner le double des clés. Munie de son trousseau il m'escorta jusqu'à la chambre de Jamal, m'ouvrit avant de s'éclipser discrètement. Derrière moi je refermai la porte , tout en maudissant cet hôtel de ne pas être équipé de veilleuses avant d'allumer l'interrupteur. Soudain la chambre fut baignée de lumières... Jamal était en sueur torse nu au beau milieu de son lit... il se débattait comme il pouvait . Laissant par moment échapper des cris étouffés... Je m'approchai alors du lit... et le pris dans mes bras. Il se raidit un moment avant de se réveiller en sursaut. Aussi affectueuse qu'une mère poule je l'enlaçai en lui caressant la tête tout en l'intimant de se calmer. Ce n'est qu'un mauvais rêve... là... tout doux Il leva son regard vers moi avant de me serrer à son tour très fort dans ses bras . On resta comme ça un moment... 5 min ? Ou même 10? Je ne saurai le dire... Je me dégageai alors de son emprise... alla jusqu'à la salle de bain, j'ai mouillé une serviette que j'ai passé sur son front. Seulement après je me suis dirigée vers la porte pour rejoindre ma chambre quand d'une voix suppliante il me demanda de rester.. S'il te plaît... dors avec moi PS: ceci est une fiction, toute ressemblance avec des personnages existants ou ayants existés n’est que pure coïncidence Bonne lecture
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