Leyth-2

1698 Words
— Lukas…Je soupire en posant mon crayon avant de tourner la tête vers lui. On est dans mon salon, pas dans le tien. Tu sais très bien que si ma mère– Je me retrouve dans l’incapacité de poursuivre, car il me fait taire en m’embrassant. — Au diable ta mère, Leyth…Il souffle en caressant ma joue. — Mais…Je commence. — Tu ne m’aimes pas assez ? Il tente. Ne –Dis pas n’importe quoi… Tu sais très bien que si, mais… — Alors, oublie ta mère pour une seconde, et profite. Tu la vois quelque part autour de nous là ? Non. Alors, détends-toi mon cœur… — Tu ne comprends pas… C’est– Une nouvelle fois, je ne peux pas continuer à cause de ses lèvres sur les miennes. — Repousse-moi, si tu ne le veux vraiment pas. Stoppe-moi, Leyth, et je te laisserai tranquille. Il dit avec un sérieux que je ne lui ai jamais connu dans ce genre de moments. Et sur ces paroles, il passe une main dans mon dos pour m’attirer à lui alors que son autre main glisse à travers mes cheveux. Il s’avance pour embrasser mon cou, et comme un débile je penche la tête sur le côté. Il a gagné, j’ai perdu, et il le sait. Je le sens sourire contre ma peau et mes yeux se ferment aussitôt que ses lèvres m’effleurent. Ensuite, les caresses aériennes deviennent plus appuyées, nos mains plus entreprenantes, et nos baisers plus envieux. Rapidement, nos vêtements nous paraissent de trop alors Lukas retire mon haut avec une lenteur pour laquelle je le déteste. J’ai l’impression que toutes mes sensations sont décuplées. Mon rythme cardiaque s’est accéléré sans me demander la permission, ma respiration se fait plus irrégulière au fur et à mesure que les doigts du brun survolent mon torse, et lorsqu’il m’allonge sur le canapé, j’ai l’impression de m’envoler tant mon amour pour lui me fait pousser des ailes. C’est dingue à quel point le moindre mouvement de sa part déclenche en moi des sensations qu’aucun autre avant lui n’a pu déclencher. Pas même Josh ne m’avait fait décoller à ce point. Je redécouvrais ce qu’était aimer, avec un grand A. Je m’ouvre enfin totalement à quelqu’un, et ça fait du bien. Après avoir quitté son dos, mes gestes désordonnés descendent jusqu’à la boucle de la ceinture de mon professeur que j’entreprends de défaire, mais lorsque j’entends un poids mort tomber au sol, mon sang ne fait qu’un tour. Je sursaute et me détache précipitamment des lèvres de mon amant avant de me redresser, le bruit ne venait pas de Lukas, j’en étais sûr. Mais alors de quoi ? Ou de qui ? Et c’est lorsque je vois ma mère se tenir devant l’entrée du salon, deux sacs de courses renversés au sol –c’était donc ça le bruit–, livide comme un cadavre, qui nous fixe avec de grands yeux et une mâchoire qui chatouille le sol, que j’ai l’impression de tomber du toit d’un building de la City sans parachute. Mon cœur loupe un battement avant de repartir comme une furie, sans pour autant que ça soit aussi agréable que quelques instants plus tôt. J’ai l’impression que la scène se passe au ralenti, tant je suis paniqué. Je repousse Lukas, qui ne comprend pas avant de se retourner. Il se lève comme si mon corps était un amas de lave en fusion, m’entraînant avec lui, et fixe ma mère comme s’il avait vu un fantôme. Aucun de nous trois ne parle, tous trop choqués pour sortir un quelconque son. Reprenant mes esprits, j’attrape mon t-shirt abandonné au sol et l’enfile à la vitesse de l’éclair avant de sortir le premier truc qui me passe par l’esprit. — Maman… C’est… Ce n’est pas c’que tu crois ! J’te jure ! C’est… Mon…J’hésite avant de voir sa stupeur s’agrandir à mesure que je parle. C’est juste un ami ! Je lâche, paniqué. Et là, je sais que j’avais merdé. Je ne sais pas ce qui m’en a fait prendre conscience. Soit le regard furieux que ma mère me lançait parce qu’elle a compris que je me foutais ouvertement de sa gueule. Soit le regard à la fois choqué et blessé de Lukas qui me fixait, les larmes aux yeux, après ma déclaration. Peut-être un peu les deux. Sûrement les deux, même. — »Juste un ami » ? C’est tout ce que t’as trouvé Leyth ? Sérieux ?! Lukas me demande, la voix brisée. — Non… Je… p****n non… Je… Je suis désolé… Je- -Vas te faire foutre, Leyth. T’es vraiment un bel enfoiré. J’pensais que je comptais plus que ça pour toi. Il me coupe. — Mais dis pas ça ! Tu comptes pour moi ! Lukas je- -Tais toi. Vraiment. T’sais quoi ? Je veux plus te voir. Oublie-moi. Vu que je ne suis qu’un ami, ça sera facile pour toi, je suppose. Il souffle rageusement entre ses dents avant de partir comme une fusée, sans nous accorder un regard en arrière. Je le regarde s’échapper, incrédule et dépassé par la situation. Mon attention se reporte alors sur ma mère qui m’observait, comme elle observerait un étranger qui la dégoûte. Mon cœur s’émiette, et lorsque je fais un pas vers elle et qu’elle recule, il s’éparpille totalement au sol. — Maman…J’essaie doucement, les larmes aux yeux et la voix hésitante. — Dégage. Mon cerveau met un temps à assimiler sa phrase, et lorsqu’il le fait, tous mes membres se mettent à trembler. — Non… Non, maman… Tu ne peux pas…S’il te plaît… Ecoute- -DEGAGE. Elle tranche, me coupant. Sa voix forte me fait baisser les yeux, et je pars en sanglots. Je veux plus voir ta sale gueule de gay. Vraiment, tire-toi, Leyth, je veux plus te voir. Je relève alors vivement la tête. Deux fois en moins de cinq minutes que j’entends cette phrase, et je ne pensais pas que ça ferait aussi mal. Surtout lorsque ça vient de deux personnes qui nous sont vraiment chères. Lorsque je reprends le contrôle sur mon corps, la première chose qui me vient à l’esprit c’est de m’avancer vers ma mère pour la prendre dans mes bras. Elle ne peut pas dire ça. Elle regrette. Hein ? Pas vrai qu’elle regrette ? Je m’accroche à elle, en m’étouffant dans mes larmes, comme si ma vie en dépendait. Et ma vie en dépend. Clairement. Ma relation avec ma mère a beau être catastrophique, elle reste ma mère. Celle qui m’a mis au monde, qui m’a élevé et vu grandir. Mais quand elle attrape mes épaules pour me pousser d’elle comme si je n’étais qu’une poupée de chiffon et qu’elle me gifle avec toute la force dont je la sentais capable ; je sais qu’elle ne regrette pas ses paroles. Ma tête balance sur le côté et ma main vient instinctivement se poser là où celle de ma mère s’est écrasée. Ça a été l’électrochoc qui m’a remis les idées en place. Il faut que je me fasse une raison, ça ne sert à rien de parler avec elle, elle ne m’écoutera pas, pas ce soir. Et peut-être même aucun autre soir. — Barre-toi. Je ne veux pas d’une tapette sous mon toit. Tu prends tes affaires et tu te casses. Je m’en branle de savoir où tu vas, du moment que c’est loin d’ici. Tel un robot, je la dépasse alors et je monte dans ma chambre pour préparer un sac. Ça ne prend pas plus de cinq, et mes gestes sont encore plus mécaniques que les autres fois. J’ai l’impression d’être vidé. Totalement. Lorsque je redescends, elle n’a pas bougé d’un pouce et je balance mon sac sur mon épaule. — Maman…Je tente une dernière fois. — Ta gueule. Tu sors. — S’il te plaît, laisse-moi t’expliquer… — TU SORS. De nouveau, lorsque sa voix s’élève, je sursaute et baisse la tête comme un enfant pris en faute, incapable de m’arrêter de pleurer. Je déguerpis alors à contrecœur et marche sans m’arrêter. Je crois savoir où je vais, mais je ne suis pas sûr, je suis un automatisme de mon corps que je ne suis pas certain de contrôler. J’ai l’impression d’être en train de courir alors que je marche au ralenti. Ma tête tourne, ma respiration est irrégulière, je m’attends même à rendre mes tripes sur le bord du trottoir. Que quelqu’un vienne m’achever. Par pitié. Sur le chemin, je tente d’appeler Lukas, mais je tombe chaque fois sur la messagerie. Chaque nouveau rejet me fait un peu plus sauter le cœur au bord des lèvres. Soit il a éteint son téléphone et il m’évite, soit il a plus de batteries–mais ça, j’y crois moyen–. Il me déteste c’est obligé. Je ne lui en voudrais pas si c’était le cas. Il aurait raison de le faire. Les minutes passent et je m’étonne d’être arrivé –vivant– à destination. Mes pas me traînent jusqu’à la lourde porte en bois et j’appuie sur la sonnette sans grande conviction. Après tout, je pourrais simplement rester dehors, et réfléchir à la connerie que j’ai faite. Je mérite de rester dehors. J’ai tout foiré. Tout est ma faute. p****n, mais quel con. Je n’aurais jamais dû céder aux avances de Lukas, on n’en serait pas là. Et lorsque je m’apprête à tourner les talons, la porte s’ouvre sur Melinda qui, visiblement, ne s’attendait pas à me voir. — Leyth ? Elle s’étonne.Leyth ?! Oh mon dieu, mais qu’est-ce qu’il s’est passé ?! Qui t’a fait ça ?! Elle demande en désignant ma joue et en m’attirant à l’intérieur. Même la chaleur du foyer ne parvient pas à réchauffer le froid glacial de mon cœur en cet instant. Dans le salon, je vois Billy, qui est assis dans le canapé, se lever d’un bond et se rapprocher de moi à grandes enjambées. Il attrape mon menton et soulève mon visage pour l’exposer un peu plus à la lumière. — Bon sang, mon grand, mais d’où tu viens ?! Qui t’a fait ça ? Il demande en reprenant les mêmes mots que sa femme. Mais je suis incapable de répondre, trop choqué pour faire quoique ce soit. — Melinda, vas chercher le petit, dis-lui qu’il y a un problème. Elle acquiesce et disparaît rapidement dans le couloir alors qu’il m’attire par le bras pour me faire asseoir sur le canapé. Il se pose sur la table basse en face de moi, et essaies de capter mon regard. J’évite le sien, encore trop honteux pour vouloir croiser les yeux pleins de reproches de qui que ce soit. — Leyth ? Eh, mon grand, regarde-moi. Raconte-moi. C’est ton copain qui t’a fait ça ? À l’accusation de Lukas, je secoue immédiatement la tête. Quoi ? Bien sûr que non, ce n’est pas la faute de Lukas ! C’est de la mienne ! Mais je ne suis toujours pas foutu de parler, alors je secoue seulement frénétiquement la tête, paniqué à l’idée qu’on puisse accuser mon brun à tort. — Alors qui ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Tu peux me parler Leyth. Tu sais que- Il est interrompu par Melinda qui refait irruption dans le salon avec son fils. Immédiatement, je me lève, sans un mot, et pars comme un boulet de canon dans les bras de mon ami qui me réceptionne en faisant un pas en arrière. Je le serre si fort que je me demande s’il peut encore respirer, mais je n’arrive pas à le contrôler. Pas plus que les larmes qui dévalent mes joues à torrent. — Je crois que j’ai fait une bêtise Nath. Oui, j’ai fait une bêtise. Et une grosse.
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