Leyth

560 Words
Leyth Lorsque j’entends la sonnerie de l’école retentir, j’ai le cœur qui me saute au bout des lèvres. Je vois tous les enfants autour de moi se lever et partir chercher leurs affaires dans leurs casiers et par réflexe je cherche mon meilleur ami du regard. Lorsque je le vois, je range mes crayons dans ma trousse et me lève. Je me précipite pour sortir mon sac de mon compartiment pour le rejoindre dans le couloir, où il m’attend pour qu’on récupère nos vestes sur le porte-manteau. — Harry ! Je crie en lui sautant dans les bras. Je sens son étreinte se resserrer autour de moi et il ne m’en faut pas plus pour éclater en sanglots.Je ne veux pas partir. Je ne veux pas te laisser ! Cela fait un moment que ma maman en parle alors je redoutais ce moment comme la peste. Aujourd’hui, c’est le dernier jour d’école et ma maman m’a dit que je reviendrai plus dans cette école, qu’après les vacances j’irai dans l’école des grands. Mais moi je ne veux pas partir ! Je l’aime bien ma maîtresse d’ici. J’ai mes habitudes. J’ai mes amis. Et j’ai Harry ! Je ne veux pas le laisser ! Harry ne dit rien, il ne pleure pas, mais il s’accroche autant à moi que moi je m’accroche à lui. Je crois qu’il se retient de pleurer, pour ne pas me rendre encore plus triste, il l’a déjà fait avant, c’est lui qui me l’a dit. Je crois que j’aurais préféré qu’il pleure un peu. Il me donne presque l’impression que ce n’est pas grave pour lui. Peut-être qu’il ne se rend pas compte ? Peut-être qu’il ne réalise pas que c’est le dernier jour avant la grande école ? Peut-être qu’on sera dans la même école et qu’il le sait, mais pas moi ? Plus le temps passe, plus je suis perdu. Du coin de l’œil, je vois ma maman s’approcher de moi avec la maman d’Harry. À la hâte, je me détache de lui et je vois ses yeux tout rouges et remplis de larmes. Mon cœur se met à battre plus vite. Je n’ai jamais vu Harry pleurer, même quand il se fait mal. Il a toujours été plus fort que moi. C’est là que je réalise la gravité de la situation, encore plus fortement. Je lève alors mon petit doigt entre nous avant de capter son regard. — On ne s’oubliera pas d’accord ? On se reverra ? Je demande faiblement avec des sanglots dans la voix. Harry se saisit de mon petit doigt avec le sien et les emmêle avant de m’offrir un pâle sourire. — On ne s’oubliera pas et on se reverra. Il m’affirme. Je lui rends alors son sourire et maman attrape ma main libre pendant que la maman d’Harry fait pareil avec lui. — Allez les enfants, lâchez-vous, ce n’est pas la fin du monde, vous allez vous revoir ! On essaiera de s’arranger pendant les vacances si Aléna veut bien ! Ma mère propose en s’adressant à la maman d’Harry. — Bien sûr ! Il n’y a pas de problèmes ! Comme l’a dit ta maman, Leyth, ce n’est pas la fin du monde que vous ne vous voyiez plus autant qu’avant. Aléna répond en me souriant comme si j’étais incapable de comprendre que la vie continuait après l’école. Par politesse, je réponds à son sourire et elles échangent encore quelques banalités avant de s’éloigner chacune dans une direction opposée. À partir d’une certaine distance, nos petits doigts, qu’Harry et moi n’avions pas lâchés, ont été obligés de se séparer. Comme un dessin sur une feuille qui se déchire en deux. C’est un peu de cette manière que je l’ai vécu, je crois : comme un déchirement. La fin de l’école n’est pas la fin du monde, mais c’est la fin de mon monde.
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