Le b****r d’adieuElle devait partir pour toujours, à l’auroreEt pour me dire adieu m’éveiller d’un baiser.Ah ! ce dernier b****r serait plus doux encoreQue tous les vieux baisers sur nos lèvres posés. Nous l’avions convenu, c’était irrévocable.Nous devions nous quitter sans pleurs, sans désespoir,En grands amis loyaux et de haine incapables,Comme si nous devions nous retrouver le soir. Aussi, lorsque trembla près de nous la veilleuse,Tandis qu’elle dormait déjà, je m’accoudaiPour voir le sein parfait, l’épaule merveilleuseMettre un luxe charnel parmi les draps brodés… Et j’écoutais, auprès de sa forme drapéeÀ peine, que le bleu de l’électricitéFaisait plus longue, ainsi qu’une lame d’épée,Le poème du lit et de la nudité… Je me disais : Demain, parmi les demi-teintesDe l’aube, elle sera petite entre mes bras.Je mettrai tant d’amour dans ma dernière étreinteQue même en la quittant je ne la perdrai pas. « Et qui sait ? La chaleur de mon b****r, peut-être,Aura tant de pouvoir qu’elle demeurera…L’aube derrière les rideaux pourra paraître,Nous garderons la nuit contre nous sous les draps. » Je me suis éveillé tout seul dans le jour pâle.Légère, elle avait fui pendant que je dormais.L’oreiller, tiède encore, dessinait son ovale.Le parfum de son corps dans la chambre embaumait. Or, son b****r d’adieu flottait sur mon visageEn partant elle l’avait mis à mon insu,Triste comme l’adieu, long comme le voyageEt ce fut le meilleur que j’ai jamais reçu.