Tous les troisElle disait : « Mais non, c’est à cause de toiQue je suis triste. Va, ce chagrin est le nôtre.Tu tiens mon cœur léger, méchant, entre tes doigts… »– Mais moi je savais bien qu’il battait pour un autre. Car je le devinais à son b****r plus froid,Au poignet frémissant, au goût de solitude,À des arrière-goûts de sanglots dans sa voix,Au regard fixe et doux que fait l’inquiétude. Je souffrais de la voir plus pâle chaque jourEt même dans mes bras étrangère et lointaine.J’aurais voulu la réchauffer de mon amour…J’avais plus de pitié que je n’avais de peine. Oh ! non, je ne veux pas que pleurent les chers yeux,Je ne veux pas qu’il soit meurtri, le beau visage…Du cœur où j’ai dormi dans l’ombre des cheveuxJ’écarterai le vol des soucis en voyage. Ce que tu ne dis pas, moi je le lui dirai :« Elle est aimante, elle est sensible, elle est nerveuse…Son cœur est un trésor que vous découvrirez…Il faut que vous l’aimiez pour qu’elle soit heureuse. » Et je te conduirai ton bonheur par la main…Je trouverai plus doux les parfums de ta chambre,Plus intime le soir, plus profonds les coussins,Assis tous trois muets près du feu de décembre… Mon pas dans l’escalier sera sonore et lourd…Comme je serai seul sur le boulevard vide !Je me retournerai comme le premier jour :Que ta fenêtre alors m’apparaîtra splendide ! Si mon cœur s’est brisé, tu ne le sauras pas.Je serai sur la liste où sont ceux que l’on aime.Et quand vous parlerez de moi tu lui diras :« Ce n’était qu’un ami, qu’un vieil ami, pas même ! »