L’ami dont je vous parleL’ami dont je vous parle aimait tant sa maîtresseQue lorsqu’il en parlait sa voix tremblait un peu,Comme ma voix, ce soir, tremble de la tristesseDe penser à l’amour, de penser à l’adieu. Mais il voulait aller toujours au fond de l’âme.Par la peur du mensonge il était tourmenté.Malheur à qui voit trop dans les yeux d’une femmeEt qui traque son cœur jusqu’à la vérité ! « Je ne vous aime plus ! » La terrible parole !La pitié le défend, on ne la dit jamais.Cet ami pour l’entendre a su jouer un rôleEt l’arracher enfin à celle qu’il aimait. « Tu fus toujours, lui disait-il, loyale et bonne,Les mensonges consolateurs sont superflus.Dis-moi que tu ne m’aimes plus, je te pardonne… »Elle dit simplement : « Je ne vous aime plus. » Ah ! l’on ne peut savoir alors, l’horreur immenseDe ces affreux mots secs qui tombent comme un glas.Mon ami me l’a dit, du moins… Quand il penseIl pleure encor… Guérira-t-il ? Je ne sais pas…