L’étrange ressemblanceComment je les suivis cette nuit-là ? Qu’importe !On cherche la douleur quand on est sans espoir.Je riais avec eux lorsqu’on ouvrit la porteDe la maison des seins pendants et des miroirs… Et ce qui fut écrit, cette nuit, pour mon âmeFut étrange et je sais à peine l’exprimer…Je vis en peignoir bleu dans le groupe des femmesLe visage et le corps que j’avais tant aimés. Pas le même visage absolument, mais presque,Une peau plus ternie et des yeux moins changeants.Presque le même corps, mais fané, mais burlesque,Et l’être souriait d’un sourire engageant. Et j’ai voulu presser cette caricatureMal maquillée avec un carmin bon marché,J’ai voulu me prêter au jeu de la nature,Revoir le long de moi l’ancien bonheur couché. Chaque geste diminuait la ressemblance,Les doigts étaient épais, il manquait une dent.Une fade bonté faite de complaisanceMe déchirait le cœur à chaque mouvement. Et je fermais les yeux afin de mieux entendreChanter dans mon esprit la merveilleuse voix.Mais une voix criarde odieusement tendreM’arrachait sans repos au songe d’autrefois. Non, le peignoir déteint n’est pas la robe unique !La chair ne trompe pas la chair par le dégoût !On voit trop le malheur sous les becs électriques.Et ce soir-là, la mort assiste au rendez-vous…