La meilleure partC’était par un jour clair d’odeurs, de couples joints,De feuillages et de premières robes claires…Le soleil déclinait… Paris chantait au loin…Une poussière d’or s’élevait de la terre. C’était par un jour chaud, lumineux, printanier.Je marchais seul, me souvenant de leurs paroles :« Soyez heureux ! La solitude et l’amitiéSont la meilleure part, que cela vous console ! » Sans doute ils ont raison, mais que ce soir est lourd !Qu’il mêle étrangement la chair et la nature !Chaque ombrelle en passant agitait de l’amour…Je sentis près de moi glisser une voiture… C’était eux ! ah ! la paix profonde de leurs yeux !Ils ne s’étreignaient pas mais c’était plus terribleDe les voir côte à côte ainsi silencieuxRegarder longuement le ciel irrésistible. Or, ils m’apparaissaient plus jeunes et plus beaux,Ils étaient une élite entre les créatures,Ils s’en allaient vers du soleil… Ils m’aperçurentEt machinalement j’ai levé mon chapeau. J’étais un promeneur bien seul, bien misérable.Penchés tous deux à la portière, ils me faisaientDes signes d’amitié trop nombreux, trop aimables…Mais la voiture au loin s’en allait, s’en allait… Puis le soleil couchant jeta toutes ses flammes.J’entendis vaguement quelqu’un dire : il est tard !Je mis mon pardessus… Le vent me glaçait l’âme…Allons, décidément, c’est la meilleure part…