Les deux Pierrots

208 Words
Les deux PierrotsIls ne comprendront pas pourquoi j’ai voulu mettreCe chapeau, ce pourpoint et ce manteau croiséPuisqu’à ce bal, ce soir, elle aussi devait être…C’est bien moins douloureux lorsqu’on est déguisé… Ils m’ont dit : « C’est se faire à plaisir de la peine… »Mais je vais doucement dans les rires, les bruits.Je sais qu’elle est tout près, vraiment, je souffre à peine…Comment aurais-je mieux passé la longue nuit ? Une espagnole danse avec un tambour basque…Un clown ivre poursuit une chauve-souris…Ah ! qui dira jamais la tristesse des masques ?…Ô souvenirs ! dominos bleus, dominos gris !… Elle m’a rencontré, mais me reconnaît-elle ?Elle a pressé plus fort le bras qu’elle tenait.Aucune flamme n’a passé dans ses prunelles…C’est que ce manteau-là me transforme en effet. Il vaut mieux, tout va bien ainsi…L’orchestre lutteAvec le petit jour qui se traîne là-bas.Et je ne pense à rien jusqu’à cette minuteOù les deux pierrots noirs me prennent par le bras. Et voilà qu’ils m’ont dit maintes choses sur elleVenant du fond mauvais de l’âme, qu’ils m’ont ditSur ses amours, sur ses secrets, des choses tellesQu’en courant j’ai quitté ce bal trois fois maudit. J’ai fui dans un matin gris comme un crépuscule…Des cochers qui passaient à travers le brouillardSe montraient en riant mon ombre ridicule…Je crois bien m’être assis sur un banc, quelque part… J’étais comme égaré dans un pays de cendres…Ah ! ce n’était donc rien que de ne plus l’avoir !Comment n’y pas penser, comment ne pas entendreCe qui fut dit tout bas par les deux pierrots noirs ?…
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