Le jardin des belladonesLaissez, laissez les plis tomber de ce rideau.N’allez pas entrouvrir cette porte qui donneSur le jardin des digitales, des sureaux,Sur le jardin empoisonné des belladones. Les tiges vous prendraient comme feraient des bras.Le sol est parsemé de pollens et de graines.Des calices épais et des feuillages grasTombent les songes fous et les lourdes migraines. Une lune attardée erre dans le ciel basEt l’air est immobile, ardent, aromatique.Fermez bien le rideau pour qu’on ne sente pasLe poison fade et cher de ces fleurs narcotiques… Ne pas dormir ! Tous les sommeils sont trop profonds !Tous les cieux étoilés sont trop chargés de flammes !Laissez-moi penser seul, les yeux vers le plafond,Loin du jardin terrible où l’on laisse son âme.