CHAPITRE VI Un rendez-vous sur le champ de bataille J’éprouvai pourtant un vif plaisir à revoir Paris et notre intérieur. Le brave Aschuler nous reçut sur le seuil ; ses traits me parurent ravinés par le chagrin que lui causait la mort de son fils. Les yeux agrandis, le regard sombre, il se concentrait dans sa douleur. Il embrassa Annette avec une effusion paternelle qu’il ne lui avait pas témoignée jusqu’alors ; une seule larme coula dans le sillon de ses joues et il dit : « Ma pauvre enfant ! quel malheur ! » Celle-ci s’abattit dans ses bras, en sanglotant, suffoquée par une crise nerveuse. Alors, intentionnellement peut-être, Aschuler la tutoya pour la première fois, comme pour lui faire comprendre que la communauté de leur infortune rapprochait leurs deux cœurs endoloris. « Tu l