CHAPITRE XIX L’armée de marbre La veille de mon départ, j’allai voir des amis de la famille, pour leur offrir d’emporter des lettres. Je me rendis notamment chez M. de Ravennes, qui s’était réfugié près de la Bourse. Il était dix heures du soir ; M. de Ravennes n’était pas chez lui. Sa femme, que je trouvai, me parut très soucieuse. Elle me dit : « Mon pauvre mari est affolé par le bombardement ; il tremble pour son Louvre. Si vous saviez ce qu’il souffre depuis que ces misérables nous envoient des obus ; chaque fois qu’un monument est atteint, il se met dans une colère épouvantable, et il y court aussitôt pour apprécier l’étendue du mal. Quand il rentre, après son service aux remparts, au lieu de rester avec moi, de se reposer, il va au Louvre. Tenez, il y est en ce moment ; il passe