VI Peu à peu, Horace avait daigné faire attention à la beauté et aux bonnes manières de Laure : c’était le petit nom que M. Poisson donnait à sa femme. « Si cela était né sur un trône, disait-il souvent en la regardant, la terre entière serait prosternée devant une telle majesté. – À quoi bon un trône ? lui répondis-je ; la beauté est par elle-même une royauté véritable. – Ce qui la distingue pour moi des autres teneuses de comptoir, reprenait-il, c’est cette dignité froide, si différente de leurs agaceries coquettes. En général, elles vous vendent leurs regards pour un verre d’eau sucrée ; c’est à vous ôter la soif pour toujours. Mais celle-ci est, au milieu des hommages grossiers qui l’environnent, une perle fine dans le f****r ; elle inspire vraiment une sorte de respect. Si j’étais