V

2731 Words
V Horace me fréquentait de plus en plus. Il me témoignait une sympathie à laquelle j’étais sensible, quoique Eugénie ne la partageât point, il lui arriva plusieurs fois de rencontrer chez moi le petit Masaccio ; et malgré le bien que je lui disais de ce jeune homme, loin de partager la bonne opinion que j’en avais, il éprouvait pour lui une antipathie insurmontable. Cependant il le traitait avec plus d’égards depuis qu’il l’avait vu essayer le portrait d’Eugénie, et que l’esquisse était si bien venue, avec une ressemblance si noble et un dessein si large, qu’Horace, engoué de toute supériorité intellectuelle, ne pouvait s’empêcher de lui montrer une sorte de déférence. Mais il n’en était que plus indigné de cette inexplicable absence d’ambition noble qui contrastait avec l’exubérance de la sienne propre. Il s’emportait en véhémentes déclamations à cet égard, et Paul Arsène, l’écoutant avec un sourire contenu au bord des lèvres, se contentait, pour toute réponse, de dire en se tournant vers moi : « Monsieur, votre ami parle bien ! » Du reste, Paul ne manifestait ni bonne ni mauvaise disposition à son égard. Il était de ces gens qui marchent si droit à leur but que jamais ils ne s’arrêtent aux distractions du chemin. Il ne disait rien d’inutile ; il ne se prononçait presque sur rien, alléguant toujours son ignorance, soit qu’elle fût réelle, soit qu’elle lui servit de prétexte souverain pour couper court à toute discussion. Toujours renfermé en lui-même, il ne faisait acte de volonté que pour calmer les autres sans pédantisme, ou les obliger sans ostentation ; et, en attendant qu’il prit le parti qu’il roulait dans sa tête, il étudiait le modèle, apprenait l’anatomie, et faisait des dessins pour porcelaine avec autant de soin et de zèle que s’il n’eût pas songé à changer de carrière. Ce calme dans le présent avec cette agitation pour l’avenir me frappait d’admiration. C’est un des assemblages de facultés les plus rares qui soient dans l’homme ; la jeunesse surtout est portée à s’endormir dans le présent sans souci du lendemain ou à dévorer le présent dans l’attente fiévreuse de l’avenir. Horace semblait l’antipode volontaire et raisonné de ce caractère. Peu de jours m’avaient suffi pour me convaincre qu’il ne travaillait pas, quoiqu’il prétendît réparer en quelques heures de veille toute l’oisiveté de la semaine. Il n’en était rien. Il n’avait pas été trois fois dans sa vie au cours de droit ; il n’avait peut-être pas ouvert plus souvent ses livres ; et un jour que j’examinais les rayons de sa chambre, je n’y trouvai que des romans et des poèmes. Il m’avoua que tous ses livres de droit étaient vendus. Cet aveu en entraîna d’autres. Je craignais que ce besoin d’argent ne fût l’effet d’une conduite légère ; il se justifia en me disant que ses parents n’avaient aucune fortune ; et, sans me faire connaître le chiffre du revenu qui lui était assigné, il m’assura que sa bonne mère était dans une étrange illusion en se persuadant qu’elle lui envoyait de quoi vivre à Paris. Je n’osai pousser plus loin mon interrogatoire ; mais je jetai un regard involontaire sur la garde-robe élégante et bien fournie de mon jeune ami : rien ne lui manquait. Il avait plus de gilets, d’habits et de redingotes que moi, qui jouissais d’un héritage de trois mille francs de rente. Je devinai que le tailleur allait devenir le fléau de cette existence. Je ne me trompai pas. Bientôt je vis le front d’Horace se rembrunir, sa parole devenir plus brève et son ton plus incisif. Il fallut plus d’une semaine pour le confesser. Enfin je lui arrachai l’aveu de son outrage. L’infâme tailleur s’était permis de présenter son mémoire, le misérable ! Cela méritait des coups de canne ! C’était encore un signe de vertu, que cette indignation ; Horace n’en était pas au degré de perversité où l’on se vante de ses dettes et où l’on rit avec fanfaronnade à l’idée de voir fondre sur les parents une note de trois ou quatre mille francs. D’ailleurs il chérissait profondément sa mère, quoiqu’il la trouvât bornée ; et il était bon fils, quoiqu’il eût un secret mépris pour la dépendance où son père vivait à l’égard du gouvernement. Le voyant tomber dans le spleen, je pris sur moi de dire au tailleur quelques mots qui le tranquillisèrent ; et Horace, après m’avoir remercié avec une effusion extrême, reprit sa sérénité. Mais son oisiveté ne cessa point, et son genre de vie, pour n’avoir rien que de très ordinaire dans un étudiant, me causa une vive surprise à mesure que je l’observai. Comment concilier, en effet, cette ardeur de gloire, ces rêves d’activité parlementaire et de supériorité politique, avec la profonde inertie et la voluptueuse nonchalance d’un tel tempérament ? Il semblait que la vie dût être cent fois trop longue pour le peu qu’il y avait à faire. Il perdait les heures, les jours et les semaines avec une insouciance vraiment royale. C’était quelque chose de beau à contempler que ce fier jeune homme aux formes athlétiques, à la noire chevelure, à l’œil de flamme, couché du matin à la nuit sur le divan de mon balcon, fumant une énorme pipe (dont il fallait tous les jours renouveler la cheminée, parce qu’en la secouant sur les barreaux du balcon, il ne manquait jamais de laisser tomber la capsule dans la rue), et feuilletant un roman de Balzac ou un volume de Lamartine, sans daigner lire un chapitre ou un morceau entier. Je le laissais là pour aller travailler, et quand je revenais de la clinique ou de l’hôpital, je le retrouvais assoupi à la même, place, presque dans la même attitude. Eugénie, condamnée à subir cet étrange tête-à-tête, et n’ayant, du reste, pas à s’en plaindre personnellement, car il daignait à peine lui adresser la parole (la regardant plutôt comme un meuble que comme personne), était indignée de cette paresse princière. Quant à moi, je commençais à sourire lorsque, les yeux encore appesantis par une rêverie somnolente, il reprenait ses divagations sur la gloire, la politique et la puissance. Cependant aucune idée, de blâme ou de mépris ne se mêlait à mon doute. Tous les jours, après le dîner, nous nous retrouvions, Horace et moi, au Luxembourg, au café ou à l’Odéon, au milieu d’un groupe assez nombreux, composé de ses amis et des miens ; et là, Horace pérorait avec une rare facilité. Sur toutes choses il était le plus compétent, quoiqu’il fût le plus jeune ; en toutes choses, il était le plus hardi, le plus passionné, le plus avancé, comme on disait alors, et comme on dit, je crois, encore aujourd’hui. Ceux même qui ne l’aimaient pas, parmi les auditeurs, étaient forcés de l’écouter avec intérêt, et ses contradicteurs montraient en général plus de méfiance et de dépit que de justice et de bonne foi. C’est que là, Horace reprenait tous ses avantages : la discussion était sur son terrain ; et chacun s’avouait intérieurement que s’il n’était pas logicien infaillible, du moins il était orateur fécond, ingénieux et chaud. Ceux qui ne le connaissaient pas croyaient le renverser, en disant que c’était un homme sans fond, sans idées, qui avait travaillé immensément, et dont toute l’inspiration n’était que le résultat d’une culture minutieuse. Pour moi, qui savais si bien le contraire, j’admirais cette puissance d’intuition, à laquelle il suffisait d’effleurer chaque chose en passant pour se l’assimiler et pour lui donner aussitôt toutes sortes de développements au hasard de l’improvisation. C’était à coup sûr une organisation privilégiée, et pour laquelle on pouvait augurer qu’il serait toujours temps, puisqu’il lui en fallait si peu pour s’élargir et se compléter. Sa présence assidue chez moi était un véritable supplice pour Eugénie. Comme toutes les personnes actives et laborieuses, elle ne pouvait avoir sous les yeux le spectacle de l’inaction prolongée, sans en ressentir un malaise qui allait jusqu’à la souffrance. N’étant point actif par nature, mais par raisonnement et par nécessité, je n’étais pas aussi révolté qu’elle ; d’ailleurs je me plaisais à croire que cette inaction n’était qu’une défaillance passagère dans les forces de mon jeune ami, et que bientôt il donnerait, comme il disait, un vigoureux coup de collier. Cependant, comme deux mois s’étaient écoulés sans apporter aucun changement à cette manière d’être, je crus de mon devoir d’aider au réveil du lion, et j’essayai un jour d’aborder ce point délicat, en prenant le café avec lui chez Poisson. La journée avait été orageuse, et de grands éclairs faisaient par intervalles bleuir la Verdure des marronniers du Luxembourg. La dame du comptoir était belle comme à l’ordinaire, plus qu’à l’ordinaire peut-être ; car la mélancolie habituelle de son visage était en harmonie avec cette soirée pleine de langueur et à demi sombre. Horace tourna plusieurs fois les yeux vers elle, et revenant à moi : « Je m’étonne, dit-il, qu’étant capable de devenir sérieusement épris d’une femme de ce genre, vous n’ayez pas conçu une grande passion pour celle-ci. – Elle est admirablement belle, lui dis-je ; mais j’ai le bonheur de ne jamais avoir d’yeux que pour la femme que j’aime. Ce serait plutôt à moi de m’étonner qu’ayant le cœur libre, vous ne fassiez pas plus d’attention à ce profil grec et à cette taille de nymphe. – La Polymnie du Musée est aussi belle, répondit Horace, et elle a sur celle-ci de grands avantages. D’abord elle ne parle point, et celle-ci me désenchanterait au premier mot qu’elle dirait. Ensuite celle du Musée n’est pas limonadière, et en troisième lieu elle ne s’appelle point madame Poisson. Madame Poisson ! quel nom ! Vous allez encore blâmer mon aristocratie ; mais vous-même, voyons ! Si Eugénie s’était appelée Margot ou Javotte… – J’eusse mieux aimé Margot ou Javotte que Léocadie ou Phœdora. Mais laissez-moi vous dire, Horace, que vous me cachez quelque chose : vous devenez amoureux ? » Horace me tendit son bras. « Docteur, s’écria-t-il en riant, tâtez-moi le pouls ; ce doit être un amour bien tranquille, puisque je ne m’en aperçois pas. Mais pourquoi avez-vous une pareille idée ? – Parce que vous ne songez plus à la politique. – Où prenez-vous cela ? J’y pense plus que jamais. Mais ne peut-on marcher à son but que par une seule voie ? – Oh ! quelle est donc celle où vous marchez ? Je sais bien que pour moi le far-niente serait le bonheur. Mais pour qui aime la gloire… – La gloire vient trouver ceux qui l’aiment d’un amour délicat et fier. Pour moi, plus je réfléchis, plus je trouve l’étude du droit inconciliable avec mon organisation, et le métier d’avocat impossible à un homme qui se respecte ; j’y ai renoncé. – En vérité ! m’écriai-je, étourdi de l’aisance avec laquelle il m’annonçait une pareille détermination ; et qu’allez-vous faire ? – Je ne sais, répondit-il d’un air indifférent ; peut-être de la littérature. C’est une voie encore plus large que l’autre ; ou plutôt c’est un champ ouvert où l’on peut entrer de toutes parts. Cela convient à mon impatience et à ma paresse. Il ne faut qu’un jour pour se placer au premier rang ; et quand l’heure d’une grande révolution sonnera, les partis sauront reconnaître dans les lettres, bien mieux que dans le barreau, les hommes qui leur conviennent. » Comme il disait cela, je vis passer dans une glace une figure qui me sembla être celle de Paul Arsène ; mais avant que j’eusse tourné la tête pour m’en assurer, elle avait disparu. « Et quelle partie choisirez-vous dans les lettres ? demandai-je à Horace. – Vers, prose, roman, théâtre, critique, polémique, satire, poème, toute forme est à mon choix, et je n’en vois aucune qui m’effraie. – La forme bien, mais le fond ? – Le fond déborde, répondit-il, et la forme est le vase étroit où il faut que j’apprenne à contenir mes pensées. Soyez tranquille, vous verrez bientôt que cette oisiveté qui vous effraie couve quelque chose. Il y a des abîmes sous l’eau qui dort. » Mes yeux, flottant autour de moi, retrouvèrent de nouveau Paul Arsène, mais dans un accoutrement inusité. Cette fois sa chemise était fort blanche et assez fine ; il avait un tablier blanc, et pour achever la métamorphose, il portait un plateau chargé de tasses. « Voilà, dit Horace, dont les yeux avaient suivi la même direction que les miens, un garçon qui ressemble effroyablement au Masaccio. » Quoiqu’il eût coupé ses longs cheveux et sa petite moustache, il m’était impossible de douter un seul instant que ce ne fut le Masaccio en personne. J’eus le cœur affreusement serré, et faisant un effort, j’appelai le garçon. « Voilà, monsieur ! répondit-il aussitôt ; et s’approchant de nous sans le moindre embarras, il nous présenta le café. – Est-il possible ! Arsène ? m’écriai-je, vous avez pris ce parti ? – En attendant un meilleur, répondit-il, et je ne m’en trouve pas mal. – Mais vous n’avez pas un instant de reste pour dessiner ? lui dis-je, sachant bien que c’était la seule objection qui put l’émouvoir. – Oh ! cela, c’est un malheur ! mais il est pour moi seul, répondit-il ; ne me blâmez pas, monsieur. Ma vieille tante va mourir, et je veux faire venir mes sœurs ici ; car, voyez-vous, quand on a tâté de ce coquin de Paris, on ne peut plus s’en aller vivre en province. Au moins ici j’entendrai parler d’art et de peinture aux jeunes étudiants : et quand monsieur Delacroix exposera, je pourrai m’esquiver une heure pour aller voir ses tableaux. Est-ce que les arts vont périr, parce que Paul Arsène ne s’en mêle plus ? Il n’y a que les tasses qui menacent ruine, ajouta-t-il gaiement en retenant le plateau prêt à s’échapper de sa main encore mal exercée. – Ah çà, Paul Arsène, s’écria Horace en éclatant de rire, ou vous êtes un petit juif, ou vous êtes amoureux de la belle madame Poisson. » Il fit cette plaisanterie, selon son habitude, avec si peu de précaution, que madame Poisson, dont le comptoir était tout près, l’entendit et rougit jusqu’au blanc des yeux. Arsène devint pâle comme la mort, et laissa tomber le plateau ; monsieur Poisson accourut au bruit, donna un coup d’œil au dégât, et alla au comptoir pour l’inscrire sur un livre ad hoc. Le garçon de café est comptable de tout ce qu’il casse. En voyant l’émotion de sa femme, nous entendîmes le patron lui dire d’une voix âpre : « Vous serez donc toujours prête à sauter et à crier au moindre bruit ? Vous avez des nerfs de marquise. » Madame Poisson détourna la tête et ferma les yeux, comme si la vue de cet homme lui eût fait horreur. Ce petit drame bourgeois se passa en trois minutés ; Horace n’y fit aucune attention : mais ce fut pour moi comme un trait de lumière. L’intérêt sincère et profond que j’éprouvais pour le pauvre Masaccio me fit souvent retourner au café Poisson ; j’y fis de plus longues séances que de coutume, et j’y augmentai ma consommation, afin de ne point éveiller désagréablement l’attention du maître, qui me parut jaloux et brutal. Mais quoique je m’attendisse sans cesse à voir quelque tragédie dans ce ménage, il se passa plus d’un mois sans que l’ordre farouche en parût troublé. Arsène remplissait ses fonctions de valet avec une rare activité, une propreté irréprochable, une politesse brusque et de bonne humeur qui captivait la bienveillance de tous les habitués et jusqu’à celle de son rude patron. « Vous le connaissez ? » me dit un jour ce dernier en voyant que je causais un peu longuement avec lui. Arsène m’avait recommandé de ne point dire qu’il eût été artiste, de peur de lui aliéner la confiance de son maître, et conformément aux instructions qu’il m’avait données, je répondis que je l’avais vu dans un restaurant où on le regrettait beaucoup. « C’est un excellent sujet, me répondit M. Poisson ; parfaitement honnête, point causeur, point dormeur, point ivrogne, toujours content, toujours prêt. Mon établissement a beaucoup gagné depuis qu’il est à mon service. Eh bien ! monsieur, croiriez-vous que madame Poisson, qui est d’une faiblesse et d’une indulgence absurdes avec tous ces gaillards-là, ne peut point souffrir ce pauvre Arsène ! M. Poisson parlait ainsi debout, à deux pas de ma petite table, le coude appuyé majestueusement sur la face externe du comptoir d’acajou où sa femme trônait d’un air aussi ennuyé qu’une reine véritable. La figure ronde et rouge de l’époux sortait de sa chemise à jabot de mousseline, et son embonpoint débordait un pantalon de nankin ridiculement tendu sur ses flancs énormes. Horace l’avait surnommé le Minautore. Tandis qu’il déplorait l’injustice de sa femme envers ce pauvre Arsène, je crus voir un imperceptible sourire errer sur les lèvres de celle-ci. Mais elle ne répliqua pas un mot, et lorsque je voulus continuer cette conversation avec elle, elle me répondit avec un calme imperturbable : Que voulez-vous, monsieur ? ces gens-là (elle parlait des garçons de café en général) sont les fléaux de notre existence. Ils ont des manières si brutales et si peu d’attachement ! Ils tiennent à la maison et jamais aux personnes. Mon chat vaut mieux, il tient à la maison et à moi. » Et parlant ainsi d’une voix douce et traînante, elle passait sa main de neige sur le dos tigré du magnifique angora qui se jouait adroitement parmi les porcelaines du comptoir. Madame Poisson ne manquait point d’esprit, et je remarquai souvent qu’elle lisait de bons romans. Comme habitué, j’avais acheté le droit de causer avec elle, et mes manières respectueuses inspiraient toute confiance au mari. Je lui fis souvent compliment du choix de ses lectures ; jamais je n’avais vu entre ses mains un seul de ces ouvrages grivois et à demi obscènes qui font les délices de la petite bourgeoisie. Un jour qu’elle terminait Manon Lescaut, je vis une larme rouler sur sa joue, et je l’abordai en lui disant que c’était le plus beau roman du cœur qui eût été fait en France. Elle s’écria : « Oh ! oui, monsieur ! c’est du moins le plus beau que j’aie lu. Ah ! perfide Manon ! sublime Desgrieux ! » et ses regards tombèrent sur Arsène qui déposait de l’argent dans sa sébile ; fut-ce par hasard ou par entrainement ? il était difficile de prononcer. Jamais Arsène ne levait les yeux sur elle ; il circulait des tables au comptoir avec une tranquillité qui aurait dérouté le plus fin observateur.
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