V M. de Vilpatour n’était pas le premier venu. Il avait eu déjà, comme je l’ai su depuis, plusieurs duels, et surtout il était renommé dans les salles d’armes pour son adresse et son agilité. C’était donc un adversaire redoutable. Mais le colonel Crabanac, moins habile peut-être, car il avait moins étudié l’escrime, avait tant de vigueur, de sang-froid et d’habitude des armes, que jusqu’à ce jour il n’avait pas rencontré son égal. Le garde du corps se précipita sur lui avec tant d’ardeur et l’attaqua si furieusement, le tâtant de tous les côtés, accumulant les feintes et favorisé d’ailleurs par l’obscurité (car c’est à peine si l’on s’entrevoyait dans l’ombre), que je craignais un instant pour Crabanac. Quant à lui, planté sur le trottoir comme un chêne de cent ans dans un bois, solide