III

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III – Holà ! Bertrade, holà ! Bertrade eut un sursaut en entendant derrière elle la voix de son maître. À force de se hâter, pour satisfaire sa maîtresse, elle avait fini par rejoindre le comte qui, l’apercevant de l’épaisseur des fourrés, lesquels bordaient le chemin menant au village, la hélait au passage. Elle portait à la main la lettre pour Philippe et n’avait vraiment plus le temps de la glisser dans sa poche sans être vue. – Monsieur ? fit-elle en tremblant. Car elle avait l’instinct du danger, la fine bête qu’elle était. – Tu portes à la poste la lettre de M. Philippe ? – Oui, Monsieur. – Ça tombe à merveille que je te rencontre ; car ce que j’avais à lui mander encore m’est revenu à l’esprit. Un remède pour la maladie des chiens que possède seul le vétérinaire de l’endroit où il est actuellement. Donne-moi l’épître. J’y ajouterai tout à l’heure un mot chez le garde et me charge de son expédition. Donne et rentre à la maison. Il n’y avait pas à répliquer. La pauvre fille obéit. Une demi-heure après, assis devant un verre de vin blanc, M. de la Roche-Pétière brisait le cachet de la lettre et se préparait à y mettre un post-scriptum au crayon quand il s’aperçut que la chose avait été faite déjà. – Tiens ! ma femme se sera souvenue mieux que moi ! pensa-t-il. Mais ses sourcils devinrent circonflexes, ses yeux s’écarquillèrent démesurément, ses cheveux firent le beau sur son crâne, et toute sa personne prit une étrange expression de stupeur, quand il lut ce qui suit, au bas de sa propre prose : « Mon chéri adoré, tu as deviné, n’est-ce pas, que c’était cet odieux imbécile qui t’écrivait par ma main ? Ah ! Philippe ! que je souffre si loin de toi et si près de cette buse abominable ! Reviens vite, mon amour ; mes baisers t’attendent et j’ai soif de tes caresses. Je te demeure fidèle… » Il commençait à comprendre. Il n’eut plus de doute en parcourant la conclusion qui était, je crois : « Ta vraie petite femme qui n’est qu’à toi et qui t’adore : Manmance. » M. de la Roche-Pétière mit son fusil sous son bras, et, sans dire un mot, reprit le chemin du château, tête basse et roulant de sombres pensées. Bertrade l’y avait précédé depuis longtemps.
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