II Donc ma mère avait été très jolie, beaucoup plus jolie que moi, et deux garçons, entre autres, lui faisaient une cour diversement accueillie. Car autant Jean Garrigue lui plaisait, autant Pierre Rabassol lui était odieux. Jean était, en effet, plein de douceur et de prévenances, un peu timide, mais tendre au possible et ayant, pour un simple paysan, des délicatesses auxquelles une femme est toujours sensible. Pierre, au contraire, qui avait été au service, était un brutal, maltraitant ses animaux, criant toujours, rancunier avec cela, sournois et jaloux. Les préférences de ma mère pour son rival étaient un danger continuel pour celui-ci. Ah ! j’ai oublié de vous dire que ma mère s’appelait Annette. – Avec ça que je ne lui souhaitais pas sa fête autrefois, Olive ! – Tiens, c’est vrai