I Je la retrouve encore dans mon souvenir, quand celui-ci me ramène au bord du petit fleuve profond et cristallin qui baignait les pieds de la maison paternelle, la grande salle seigneuriale où, tout enfant, je n’osais entrer, tant la légende y mêlait ses caprices aux toiles obscures des araignées. Elle occupait toute une aile du vieux château qui domine l’Ariège, dressé sur un monticule aux verdures rares et poudreuses. J’ai vu pourtant, de mes yeux vu, l’ouverture des oubliettes, le lourd anneau de fer où les manants rétifs étaient attachés, et surtout l’antique armure d’un aïeul mort en Palestine et que ses pieux compagnons avaient rapportée à sa veuve, la noble dame Héloïse de Culdesac. Car ce manoir était celui des Culdesac, dont la noble lignée vient de s’éteindre dans la pauvreté e