28Ce soir-là, Ojsternig, rassasié par la haine dont il s’était abreuvé dans les yeux du garçon, ne sentit pas le besoin de faire venir sa fille. Il resta dans son lit à repasser dans sa mémoire les phases de ce combat inégal. Le gamin l’étonnait. Certes, il avait perdu. Mais la rage et la détermination qu’il avait montrées pour résister aux coups de son adversaire, allant jusqu’à lui enfoncer les dents dans la chair, faisaient de lui le vrai vainqueur. Ojsternig empoigna son couteau sous l’oreiller de plumes, releva sa tunique et appuya la pointe de la lame sur sa cuisse. Il poussa progressivement, comme l’avaient fait les dents du garçon. La peau céda, la lame s’enfonça. Il gémit. Puis il regarda, fasciné, le sang qui coulait et tachait la couverture de fourrure. « Je te comprends si bi