II L’éducation d’un négrillon – La civilisation et l’eau-de-feuPlusieurs années s’écoulèrent ; les blancs n’étaient pas revenus sur la côte, et notre vie se passait dans des alternatives de guerre et de paix, de famine et d’abondance. Je grandissais et, grâce à la précocité de nos pays tropicaux, j’avais à dix ans presque la taille et la vigueur d’un adolescent. Jusqu’alors j’étais resté à peu près exclusivement sous la surveillance de ma mère. Je l’accompagnais quand elle allait labourer les champs avec un outil de bois, et je l’aidais de mon mieux ; mais combien nous avions à souffrir du soleil implacable qui brillait sur nos têtes pendant nos travaux de culture ! C’était surtout dans la saison où le riz et le millet venaient à maturité que les enfants du village et moi, nous avions un