Les Battements du Silence (Tom 2)

Entre mensonges et vérités cachées

Le lendemain matin, Petter se réveilla avec une migraine lancinante et un goût amer dans la bouche. Il ouvrit difficilement les yeux, se rendant compte qu’il était toujours sur le canapé, une couverture soigneusement posée sur lui. À travers la brume de son esprit embrumé, il se souvint de sa soirée de la veille. L’alcool, le désespoir… et Clara, qui l’avait regardé avec des yeux inquiets, tentant de comprendre ce qui le rongeait.

Alors qu’il essayait de rassembler ses pensées, Clara entra doucement dans la pièce, un verre d’eau et des médicaments à la main.

— Tiens, dit-elle avec un sourire doux mais empreint de préoccupation. Ça devrait t’aider à te sentir mieux.

Il la remercia d’un signe de tête et avala les cachets, évitant son regard. Clara s’assit à côté de lui, ses yeux scrutant son visage, cherchant à y lire quelque chose qu’il tentait de cacher.

— Petter… qu’est-ce qui s’est passé hier soir ? Tu semblais… ailleurs, confus. Tu as dit des choses que je n’ai pas comprises, comme si tu portais un poids énorme. Parle-moi, s’il te plaît.

Petter détourna les yeux, cherchant les mots pour apaiser son inquiétude sans révéler la vérité. Il ne pouvait pas lui dire. Pas encore. Il prit une grande inspiration et lui prit la main, son pouce caressant doucement sa paume.

— Clara, je suis désolé de t’avoir inquiétée hier. Je suppose que le travail, les responsabilités, tout ça… ça m’a submergé d’un coup. Mais je vais bien, je te promets.

Elle le regarda, clairement pas convaincue, mais elle hocha la tête, décidant de respecter son silence pour le moment.

— D’accord, dit-elle doucement. Mais sache que je suis là pour toi, quoi qu’il arrive.

Ils restèrent assis en silence, main dans la main, mais une tension invisible pesait entre eux, quelque chose d’indéfinissable qui les maintenait à distance, malgré leur proximité.

Pour alléger l’atmosphère, Clara proposa qu’ils passent la journée ensemble, loin du travail et de leurs soucis. Petter accepta avec un sourire forcé, conscient qu’il avait besoin de cet instant de calme. Ils décidèrent de se promener dans le parc où ils avaient l’habitude d’aller, un lieu chargé de souvenirs heureux.

Ils marchèrent côte à côte, partageant quelques anecdotes, riant de souvenirs communs. Petter tentait de se concentrer sur l’instant présent, de savourer la douceur de la compagnie de Clara, mais son esprit le trahissait à chaque instant. Le souvenir d’Émilie lui revenait sans cesse, lui rappelant que, désormais, elle n’était plus un fantôme du passé mais une personne bien réelle dans la vie de Clara.

Soudain, Clara brisa le silence, d’une voix calme mais chargée de curiosité.

— Petter, tu m’as déjà parlé de ton enfance, de tes années d’études… Mais tu n’as jamais vraiment évoqué ton passé amoureux avant moi.

Petter tressaillit, surpris par la question. Il chercha rapidement une réponse sans éveiller de soupçons, sentant son cœur battre plus vite.

— Oh… eh bien, tu sais, j’ai eu quelques relations, mais rien de vraiment marquant. Tu es la seule qui compte vraiment, répondit-il en essayant de rester détendu.

Clara lui lança un regard perçant, sentant qu’il y avait plus à cette histoire. Pourtant, elle décida de ne pas insister, respectant son désir de ne pas évoquer ce passé. Ils continuèrent à marcher, mais Petter sentait que Clara se posait de plus en plus de questions.

Après leur promenade, ils rentrèrent chez eux, Petter se sentant à la fois soulagé et angoissé par cette journée passée avec Clara. Bien qu’ils aient partagé de nombreux instants de bonheur, il sentait que la vérité le rattrapait. À chaque sourire de Clara, à chaque regard qu’elle lui lançait, il se sentait coupable de lui cacher un pan entier de son passé.

Plus tard dans la soirée, alors qu’ils dînaient tranquillement, Clara mentionna à nouveau Émilie en parlant de sa journée au travail.

— Émilie est vraiment géniale. Elle m’a aidée avec le rapport de projet aujourd’hui. C’est si agréable d’avoir une collègue avec qui je m’entends aussi bien.

Petter sentit une douleur sourde lui serrer la poitrine. Ce prénom, ce visage, tout cela le ramenait encore et encore aux années qu’il avait passées avec elle. Sans qu’il ne puisse le contrôler, un flot d’émotions l’envahit. Il posa son verre avec un peu trop de force, attirant le regard surpris de Clara.

— Petter ? Ça va ?

Il ferma les yeux un instant, essayant de se calmer, de refouler les sentiments qui le submergeaient. Mais les souvenirs d’Émilie le tourmentaient, sa voix, son rire, leurs moments passés ensemble.

— Oui, désolé. Je… je suis juste un peu fatigué, répondit-il, espérant qu’elle croirait son mensonge.

Clara fronça les sourcils, l’inquiétude et l’incompréhension se mêlant dans son regard.

— Petter, tu es sûr que tout va bien ? Tu sembles… ailleurs.

Il posa ses couverts et la regarda longuement, hésitant. L’envie de lui dire la vérité le submergeait, de tout lui avouer, mais la peur de briser ce qu’ils avaient bâti l’en empêchait.

— Clara, il y a certaines choses… du passé, qui sont parfois difficiles à oublier. Mais je te promets que ça n’a rien à voir avec toi.

Elle le fixa, un mélange de compassion et de tristesse dans les yeux.

— Tu sais, Petter, je ne te demande pas d’oublier ton passé. Je veux juste que tu partages avec moi ce qui te tourmente. Je suis là, je t’aime, et rien ne changera ça.

Il hocha la tête, les yeux baissés, incapable de prononcer un mot de plus. L’amour qu’il ressentait pour Clara se heurtait violemment à la douleur de son passé avec Émilie, créant en lui un conflit qu’il ne savait comment résoudre.

Plus tard dans la soirée, après avoir rangé et fermé l’appartement, Clara se retrouva seule dans leur chambre. Petter était allé prendre l’air, disant qu’il avait besoin de quelques minutes pour se recentrer. Allongée dans leur lit, elle ne pouvait s’empêcher de revoir les expressions de Petter, ses gestes hésitants, ses silences.

Un pressentiment inquiétant s’insinuait en elle, une peur sourde qu’un secret lourd de conséquences ne plane entre eux. Elle l’aimait profondément, mais elle se demandait désormais si elle le connaissait aussi bien qu’elle le pensait.

Petter, de son côté, se retrouva dehors, perdu dans ses pensées. La nuit était calme, mais en lui, tout était chaos. Il ne pouvait plus nier la réalité : Émilie faisait désormais partie de leur vie de manière inattendue. Le passé et le présent s’entremêlaient, et il sentait que ce secret pourrait à tout moment éclater.