C’était très crâne pour des magistrats. Lorsqu’ils entraient, raides, austères, dans le salon miroitant d’uniformes, le colonel les trouvait bien courageux, Hortense leur donnait son estime, et un adorable sourire de Judith les récompensait largement. M. Ernest Samson appartenait à une excellente famille, se piquait d’être le substitut le plus libéral de tout le ressort judiciaire, et apportait dans ses fonctions la plus consciencieuse ardeur. M. Paulin Belormel, juge depuis quelques années, célibataire par principe, homme du monde par goût, très friand de bonne société, de société féminine surtout, ne perdait aucune occasion de prendre pied dans un salon honorable. Il avait bravement conquis sa place dans celui du colonel. Et cela avait d’autant plus de mérite qu’il ne se posait en so