XXIÀ la longue, le régiment est une famille. Il y avait six années que Nicolas était soldat ; il y en avait deux qu’il était passé brigadier. On touchait au mois d’octobre 1839. Le brigadier Nicolas avait dans son régiment, où il était aimé de tous du reste, deux amis intimes. Chose assez bizarre ! le premier était un officier, l’autre n’était qu’un simple soldat. Le premier était un fils de famille ; il s’était engagé à dix-huit ans, s’arrachant à la vie parisienne, à l’existence du viveur, aux nuits du boulevard et aux cabinets du café Anglais. Pour le jeune homme qui s’engage, il n’y a d’abord que la vie aventureuse, l’uniforme, dans l’avenir l’épaulette, et dans le présent le confort que permet une famille riche et puissante. Arrivé sur la terre d’Afrique, où l’on vit presque to