Chapitre 3

3596 Words
Les autres femmes dans la pièce faisaient semblant de travailler ou de s'occuper, mais Clara avait conscience qu'elles les épiaient. Seigneur tout puissant, il lui parlait, à elle! La jeune femme sentit le parfum de Bjarke l'encercler et pénétrer chacun de ses pores, il avait une odeur unique et indescriptible. D'ailleurs tout chez cet homme était ineffablement inexprimable. _ Oui monsieur Thomsen. Je vous écoute monsieur Thomsen. Que puis-je pour vous monsieur Thomsen ? Bjarke se domina pour ne pas montrer son amusement lorsqu'il la vit rougir furieusement. Cette femme était vraiment divertissante et elle virait au pivoine pour un "oui" ou pour un "non"; c'est à croire qu'elle était obsédée par lui. Heureusement pour elle, il n'était pas le genre d'homme à se jouer des femmes. _ Demain c'est samedi. Êtes-vous libre ? Clara faillit tourner de l'œil, elle était certaine qu'il allait l'inviter à dîner. Elle fit rapidement l'inventaire des tenues présentables qu'il restait dans sa maigre garde-robe. Elle imaginait déjà un restaurant luxueux, des plats raffinés, des chandelles, une lumière tamisée, Bjarke tenant un bouquet de roses en main. Il en sortirait une, en mettrait la tige horizontalement dans sa bouche en la coinçant entre ses dents parfaites et s'avancerait jusqu'à elle d'une démarche séductrice. Une fois à son niveau, il se penchera vers elle, elle s'approchera à son tour pour lui prendre la rose et leurs lèvres se frôleraient avant qu'il ne- _ Vous m'écoutez mademoiselle Gill ? s'impatienta le brun, mains enfoncées dans les poches de son long manteau. Il la trouvait bien agante avec cet air hautement pantois. _ O-oui bien-sûr monsieur, je suis parfaitement libre comme l'air, minauda-t-elle timidement. En fait non car son rendez-vous avec l'hawaïen Lance Hogan était prévu pour demain. Mais elle pouvait toujours annuler car entre lui et Bjarke, le choix ne se discutait même pas. Le brun la tentait immensément plus. «Allez, invitez-moi à dîner !» le supplia-t-elle intérieurement. _ Bien, j'aurai besoin de vous pour garder Storm à partir de vingt heures en allant. La demande de Bjarke claqua sèchement comme un ordre. Aussi, la douce musique romantique qui raisonnait dans l'esprit comateux de Clara s'arrêta brusquement et le disque se raya. La blondinette redescendit brutalement sur terre et le choc fut presque mortel pour son cœur. 《Quoi ?! Non mais...》, s'indigna-t-elle au fond d'elle-même sans pouvoir l'exprimer à haute voix. Comme si la petite humiliation dans laquelle il venait de la plonger ne suffisait pas, il ajouta : _ J'ai un dîner prévu pour demain soir et je ne sais pas vraiment à qui le confier. Vu qu'il est habitué à vous, je me disais que vous seriez le choix le plus judicieux. Le choix le plus judicieux ? Voulait-il se moquer d'elle ? Était-ce une blague ? Elle n'était que ça, un choix, une femme bonne à surveiller son enfant ? Ses rêves et perspectives d'avenir à ses côtés tombèrent à l'eau. Bjarke ne lui parlait que parce qu'il voulait qu'elle garde son enfant pendant qu'il irait dîner. Et puis avec qui d'ailleurs? Elle se maîtrisa pour chasser les larmes de rage et ne pas lui lancer un regard venimeux. _ Bien-sûr vous serez payée pour ce service. Et très généreusement. Comme si elle avait quelque chose à foutre de son argent... Bon d'accord, l'argent serait le bienvenu, mais c'est lui qu'elle voulait en premier lieu. Une fois de plus il venait de la blesser sans même s'en rendre compte. _ Désolée mais je ne peux pas, cracha-t-elle en buvant une gorgée de son soda pour ravaler un sanglot qui menaçait de sortir. _ Vous venez de dire que vous étiez libre ! s'agaça-t-il ouvertement. _ Oh c'est vrai ? ironisa Clara. Eh bien j'en suis navrée. Ça m'était complètement sorti de la tête mais j'ai moi aussi un rendez-vous. Clara avait beau adorer le petit Storm, elle préférait mille fois aller à son rendez-vous avec Lance plutôt que de perdre son temps à attendre Bjarke pendant qu'il passera du bon temps dehors avec Dieu sait qui. Elle avait sa dignité quand-même ! Clara espérait juste que ce quidam ne soit pas une femme. _ Je peux le garder si vous voulez monsieur Thomsen ! susurra la voix excécrable d'Erin qui avait entendu une partie de leur conversation. Storm alla agripper une des jambes puissantes de son père. Ce dernier lui caressa la tête en ébouriffant légèrement ses doux cheveux angéliques d'enfant. Le tableau était si touchant qu'elle en oublia presque sa colère contre lui. Bjarke fixa un moment Erin qui jouait la carte de la séduction en passant inlassablement la main dans ses longs cheveux ébènes, les secouant de temps à autre en se mordant la lèvre. Seigneur, c'est qui encore celle-là, se demanda-t-il en soupirant intérieurement. _ Et vous êtes... ? La mine d'Erin se décomposa légèrement. Elle était peinée qu'il ne se souvienne même pas d'elle. _ Erin. Erin Vega pour vous servir. Je suis la gardienne de votre fils. _ La seconde, corrigea Clara d'un ton acerbe. Erin l'ignora, trop concentrée sur le seul mâle de la pièce. Bjarke vit Clara se lever en soufflant bruyamment, elle alla décrocher le petit sweatshirt gris de Storm et s'approcha de lui pour l'aider à l'enfiler. Jamais les deux adultes n'avaient été aussi proches, uniquement séparés par le minuscule corps du bambin. Cette proximité troubla le veuf et il décida de poursuivre la conversation avec Erin afin de chasser ces sentiments aussi irritants que confus. _ Donc vous seriez libre pour le garder, est-ce bien cela ? _ Oui monsieur. En plus on s'entend bien tous les deux. N'est-ce-pas Stormy ? elle chantonna en se baissant pour parler au concerné. Storm l'ignora royalement, préférant s'intéresser à la manière dont Clara fermait le survêtement. La blonde faillit pouffer d'un rire moqueur mais se retint en se mordant la lèvre. Erin grimaça d'indignation avant de se tourner à nouveau vers Bjarke. Ce dernier n'était pas très emballé par la perspective de devoir engager cette femme au sourire mièvre. Mais avait-il le choix ? Clara avait rejeté sa demande et il n'avait guère le temps ni l'envie de se gêner pour chercher une gardienne d'enfant. Au souvenir de la raison que lui avait donné la blonde afin de se désister, un incompréhensible sentiment de jalousie l'ébranla sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Cette femme était libre de faire ce qu'elle voulait de ses journées et de ses soirées. Mais il ne pouvait s'empêcher de se demander avec qui elle avait rendez-vous. En tout cas, ça avait l'air de lui tenir à cœur vu qu'elle avait rechigner à garder Storm. Bjarke avait pourtant remarqué à quel point elle était attachée à son fils. Il trouvait dommage qu'elle ait refusé car il ne doutait pas qu'elle était la mieux qualifiée pour prendre soin de Storm et non cette brune aux airs superficielles. Un autre fait qu'il ne comprenait pas, c'était le changement d'humeur de Clara dès qu'il avait fait sa proposition. Son visage avait alors témoigné de la mauvaise humeur comme si elle s'attendait à autre chose. La colère semblait avoir remplacé son expression au départ énamouré. Cette femme était vraiment un cas complexe. _ Je suis la mieux qualifiée pour m'occuper de lui, ajouta Erin d'un ton suffisant. «Comment ça la mieux qualifiée ?» faillit pester Clara. Cette cruche inintelligente essayait de passer par Storm pour le charmer et elle ne pouvait pas permettre ça. Erin pourrait très bien attendre le retour de Bjarke pour lui mettre le grappin dessus. Clara se mit à réfléchir à vive allure. Peut-être aurait-elle mieux fait d'accepter de garder le petit. Et pendant qu'il serait sorti, elle en aurait profité pour fouiller dans ses affaires et rechercher des informations sur lui pouvant l'aider à le séduire. Elle se traita de tous les noms en se maudissant pour avoir été aussi stupide. Alors qu'elle allait ouvrir la bouche pour revenir sur sa décision, Bjarke trancha. _ J'espère que vous n'y voyez aucun inconvénients madame Stevenson, fit-il en s'adressant à la directrice assise à la place précédemment occupée par Carla. _ Bien entendu que non. _ D'accord, dans ce cas je vous engage pour une soirée. _ Vous ne le regretterez pas monsieur Thomsen, assura Erin plus que heureuse. _ Nous discuterons de votre paie demain. _ Ça me va ! Clara sera rageusement les dents. Elle avait laissé passer sa chance et sa rivale en avait bénéficié. Elle croisa le regard impassible de Bjarke et cru voir une émotion indescriptible dans ses yeux d'encre. Gênée par leur intensité, elle finit par baisser les siens dans une attitude de soumission et elle rata le discret sourire en coin de l'homme. Bjarke regarda la jeune femme b****r la tête. Il savait se montrer imposant par son seul regard et il n'hésitait donc pas à déployer cette aura écrasante sur les personnes visées. Et cette fois-ci, c'était mademoiselle Gill sa cible. Il ignorait pourquoi mais il adorait l'intimider alors qu'il n'était pas du genre à provoquer ainsi les femmes. Qu'est-ce que celle-ci était entrain de faire de lui ? Hier il avait cédé à la tentation et l'avait dessinée. Elle avait ensuite su s'infiltrer dans ses rêves cette nuit, et voilà que ce matin il se laissait aller à un subtil jeu de séduction. Storm le ramena sur terre en tirant sur le bas de son pantalon. Bjarke baissa le regard vers lui et comprit qu'il voulait rentrer à la maison. Storm avait beau rester muet, il savait transmettre ses désirs et émotions à son père à travers des messages visuels. Il prit la petite main de son fils entre les siennes. Il aurait voulu le porter mais depuis un certain temps, Storm préférait marcher tout seul comme un grand. Il s'assura que la fameuse Erin connaissait l'adresse et lui précisa l'heure exacte à laquelle elle devait venir. Demain soir après son arrivée, il discutera avec elle des choses à faire ou à ne pas faire avec Storm. Il ne voulait pas que son unique fils choppe une allergie ou tombe malade à cause d'une gardienne négligente. Si cela se produisait malgré ses consignes, elle aura affaire à lui. Il dit au revoir à la directrice et quitta les lieux avec son fils sans un regard pour Clara. Tristement, celle-ci les regarda partir. Erin lui lança un coup d'œil victorieux avant de se déhancher jusqu'à la salle principale où dormait le reste des enfants. La mine déconfite, Clara vida le reste de sa boisson qui n'était étrangement plus du tout sucrée. Maintenant il ne lui restait plus qu'à souffrir une nouvelle fois en silence. Bjarke fit monter son fils dans la voiture et s'assura qu'il soit bien attaché. Il lui tendit une tablette pour bambin afin de l'occuper tandis qu'il conduirait jusqu'à chez eux. Il s'apprêtait à monter à l'avant mais une voix à laquelle il commençait à être habitué l'interpella. _ Monsieur Thomsen, attendez ! Il vit Clara courir vers lui comme une furie. Contrairement à ses autres collègues, elle ne s'habillait jamais de façon féminine. Elle préférait les jeans aux jupes, les Tee-shirts aux chemisiers et favorisait le port des tennis plutôt que les talons. Mais peut-être était-ce là la Clara qu'elle voulait montrer aux autres. Peut-être aussi qu'une autre femme sommeillait sous son apparence négligée et garçonne. Clara courut jusqu'à Bjarke et s'arrêta à une bonne distance de lui. Non pas parce qu'elle avait peur de lui, mais elle craignait plutôt ses propres réactions. En effet depuis tout à l'heure, elle résistait à l'envie de l'embrasser. Elle s'était assez humilier comme ça pour la journée. _ Qu'y a-t-il ? s'enquit-il placide et distant. Comme à chaque fois qu'elle se retrouvait seule face à lui, Clara se figea, oubliant ce qu'elle voulait lui dire. _ Euh... _ Si c'est pour me supplier de vous reprendre à la place de mademoiselle Vega, mon choix est déjà fait et je ne reviendrai pas dessus. Vous avez laissé passer votre chance, cingla-t-il ferme et austère. Son vis-à-vis secoua négativement la tête pour lui dire que non. _ Ce n'est pas ça, je vous rassure. Au fond Bjarke fut légèrement déçu. Il aurait aimé la voir le supplier, rien que pour le plaisir de l'incommoder. _ Je voulais vous rendre ceci. Il remarqua enfin le papier A4 qu'elle tenait en main. _ C'est Storm qui l'a fait et je pensais que vous seriez peut-être... content de le voir. Elle lui tendit la feuille sur laquelle reposait le dessin que le petit avait fait un peu plus tôt dans la matinée. Bjarke prit le crayonnage colorié et le regarda intensément, son expression se ferma aussitôt. Une maison, Storm, Karina et lui... _ C'est beau non ? Il est très doué, c'est moi qui vous le dit, poursuivit la blonde sans remarquer le changement qui s'était opéré en lui car de toute façon, Bjarke avait tout le temps l'air sévère. Je pense qu'il va emprunter le même chemin que vous. Il a fait des tas d'autres dessins tout aussi magnifiques. Je vous les montrerai un de ces quatre, si vous le souhaitez bien-sûr. Vous pourrez même repartir avec- _ Merci, la coupa-t-il rudement avant de monter dans sa voiture et de démarrer sans autre forme de procès. _ Mais..., bafouilla Clara en regardant la BMW quitter le parking. Non mais quel goujat. Il l'avait coupée en plein milieu d'une phrase et l'avait abandonnée sur le parking ! Elle qui pensait gagner un point en lui montrant ce dessin, c'était raté. Déçue, elle retourna à l'intérieur du bâtiment afin de récupérer son sac à dos car il était temps pour elle de rentrer. Au fait elle aurait dû partir depuis longtemps mais elle n'était restée que pour le voir, et voilà comment il la remerciait, en la plantant comme un piquet alors qu'elle cherchait juste à converser. Elle quitta la crèche pour se rendre au cimetière. Même si la discussion se faisait toujours à sens unique, parler avec ses parents et sa défunte sœur lui faisait toujours du bien. C'est dans ces moments qu'elle pouvait se vider l'esprit. Durant tout le trajet, Bjarke serrait furieusement le volant, le dessin de Storm reposant sur le siège d'à côté. Jetant parfois des coups d'œil dans le rétroviseur il regardait son fils confortablement installé. Le petit continuait de jouer avec sa tablette comme si de rien n'était. Percevait-il l'état d'âme de son père ou faisait-il semblant ? Une fois chez eux, Bjarke continua de contrôler sa colère. Après avoir conduit Storm jusqu'à sa chambre, il descendit au sous-sol où se trouvait son havre de paix. De la main, il balança certains effets se trouvant sur une table. Les pots de peinture se renversèrent sur le sol, créant de grandes tâches colorées et éclaboussant le mur. La rage qui l'animait était si destructrice qu'il s'en pris à certains de ses tableaux qui avaient portant une valeur monétaire inestimable. Comment Storm était-il parvenu à retracer les traits de sa mère alors qu'il ne l'avait jamais vu ? Bjarke ne se souvenait même pas de lui avoir montré une photo de Katrina. Cela fera bientôt presque quatre ans qu'il avait caché les affaires de cette dernière dans le débarras afin que son parfum cesse de flotter dans l'air. À la fin du chaos, Bjarke avait la respiration saccadée. La pièce autrefois bien rangée était devenue un vrai capharnaüm et quelques tableaux avaient été détruits. Bjarke tomba à genoux en se tenant la tête entre les mains. Après avoir retrouvé sa respiration normale, il souleva les paupières et fut aspiré par des iris verts dont les pupilles semblaient vouloir l'avaler. Le tableau de Clara trônait toujours au milieu de la pièce et n'avait pas été touché par la destruction. Comme la veille, il retrouva une paix intérieure en se nourrissant de ses traits. Comme la veille, il ressentit une étincelle de désir. Clara peaufina son maquillage en ajoutant une légère touche de rouge à lèvres sur ses lippes finement pulpeuses. Avec l'index, elle essuya les légers débordements au niveau des commissures. Ce soir elle avait revêtue une robe immaculée sans manches lui qui lui arrivait aux genoux. Le fourreau la moulait parfaitement et soulignait chacune de ses courbes. Le devant de la robe avait un décolleté ras de cou, mais le derrière était entièrement dénudé jusqu'à la taille sans pour autant donner une impression de vulgarité. Elle enfila une paire de Louboutin d'un vert flashy ouverte au niveau des orteils. N'ayant pas assez de moyens pour dépenser des sous dans des boutiques de luxe, Clara les avait acheté à bas prix sur le net car c'était des fausses bien entendu. Mais la contrefaçon était si bien réalisée qu'on les prendrait facilement pour des vraies. À l'aide d'un fer à lisser, elle arrangea l'ondulation de quelques unes de ses mèches blondes. Comme à chaque fois qu'il fallait rencontrer un homme, la Clara séductrice faisait son grand retour. Dommage que Bjarke ne la verrait pas ainsi ce soir. Elle fit une rotation sur elle-même et s'admira sous toutes les coutures dans le miroir. Si Éva avait été vivante, elle aurait ressemblé à ça. La vraie Clara était celle qui s'habillait sans aucune coquetterie. Lance avait réservé une table dans un restaurant chic, ce qui la changeait des radins qui l'invitaient dans des endroits bas de gamme. Rien que pour ça il gagnait un bon point. Il avait insisté pour venir la chercher mais Clara s'y était opposée par pur principe. «Règle numéro un: ne jamais laisser un rencard dont vous ignorez tout connaître votre adresse». Au cas où ça ne collerait pas entre eux, ça lui évitera de se faire harceler jusqu'à chez elle. La blonde enfila un manteau blanc, prit une pochette croco d'un vert plus foncé que celui de ses chaussures et sortit de sa maison pour chercher un taxi. Quinze minutes plus tard, la voiture se stationna devant l'imposante bâtisse digne de la royauté. Malgré sa tenue convenable, Clara eut soudain l'impression qu'en pénétrant ce lieu, tout le monde saura qu'elle ne porte que de faux vêtements de marque. Elle eut soudain envie d'appeler Lance pour tout annuler, mais en se souvenant que Bjarke passait une agréable soirée en bonne compagnie, elle eut envie de faire de même. Elle était raide dingue de cet homme intouchable mais ce n'est pas pour autant qu'elle allait se priver de plaisir en l'attendant sagement comme un chiot. Elle avait elle aussi le droit de s'amuser. D'une démarche assurée, la blonde pénétra dans le restaurant et s'annonça à l'hôte qui la conduisit jusqu'à la table réservée par Hogan. Celui-ci était déjà attablé et buvait un verre de vin rouge. En la voyant arriver, il se leva en bon gentleman et lui offrit un sourire poli. Clara fut soulagée de constater qu'il était aussi beau que sur sa photo. S'il avait eu les cheveux noirs, il lui aurait donné l'impression de dîner avec Bjarke. Les deux hommes se ressemblaient un tout petit peu, sauf que Lance était blond. Il etait également moins costaud et plus petit que Bjarke. Même s'il ne possédait pas la beauté sauvage de ce dernier, l'hawaïen était attirant. Ses yeux aux billes noires la détaillèrent sans vulgarité alors qu'il lui faisait un baisemain. _ Clara, vous êtes magnifique. Les joues rosies, elle le remercia et le complimenta à son tour. Lance l'aida à enlever son manteau avant de lui tirer sa chaise. Il fit discrètement signe à un serveur pour qu'il vienne prendre leur commande. Clara avait déjà eu affaire à des types qui criaient «Serveur !» en plein restaurant et c'était franchement gênant. Elle apprécia le tact de Lance, elle sentait également qu'elle allait pour la première fois depuis des millénaires, passer une agréable soirée en une bonne compagnie. Lorsque le serveur s'approcha, ils passèrent commande et Clara s'abstint de boire de l'alcool. «Règle numéro deux: éviter de boire de l'alcool au premier rendez-vous». Qui sait ? Il s'agissait peut-être d'un névrosé ou d'un violeur qui joue le gentilhomme pour mieux la droguer et faire d'elle ce qu'il voudrait. Les apparences pouvaient parfois être trompeuses et Clara n'avait pas pour autant baissé la garde. Le dîner débuta à merveille. Lance était respectueux envers elle sans rentrer dans l'exagération. Il n'était pas excessivement bavard et lui posait des questions sur elle et sur son métier de gardienne d'enfants. De son côté, Clara lui demanda plus de précisions sur son métier de maître nageur. D'ailleurs elle se demanda comment un simple maître nageur pouvait se payer un tel restaurant digne de la reine d'Angleterre. Cependant elle garda cette dernière question pour elle. Lance lui révéla qu'il adorait apprendre à nager aux gens mais les plages hawaïennes et le surf lui manquaient cruellement. _ Pourquoi ne retournes-tu pas là-bas dans ce cas ? elle lui demanda en dégustant son saumon fondant. _ À vrai dire, je sens que je commence à m'attacher à cette ville. Et puis...je viens de faire la connaissance d'une magnifique femme, ce serait dommage de m'en aller. Quitte à choisir entre Hawaï et elle, le choix est déjà fait, répondit-il séducteur. Comprenant qu'il parlait d'elle, elle cacha sa rougeur en buvant son eau minérale. C'est alors que ses yeux se posèrent sur la grande porte vitrée qui servait d'entrée. Vu que leur table n'était pas très loin de celle-ci, Clara pouvait très facilement voir qui entrait et sortait. Son sang se glaça en découvrant le nouvel ou plutôt "les" nouveaux arrivants. Nom de Dieu... Que faisait Bjarke Thomsen ici, avec une femme pendue à son bras en plus ?!
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