Chapitre 2

3670 Words
Bjarke soupira en voyant un petit lézard sortir du bois avant de fuir dans une autre direction. Il aurait pourtant juré que quelqu'un se trouvait derrière ces arbres. Décidément plus la date approchait, plus il devenait nerveux. Même la cigarette ne parvenait plus à le calmer comme avant. Après une dernier regard en direction des arbres, il passa ses mains tremblantes dans sa chevelure sombre avant de se détourner pour retourner sur le perron. Il ramassa sa tasse presque vide et but le reste de son café noir tiédi par la fraîcheur de la nuit. Il retourna à l'intérieur pour rincer la tasse, et jeter le reste de son mégot. Après s'être assuré que Storm dormait bien, il se rendit au sous-sol lui servant d'atelier. La pièce ne comportait que des tableaux, quelques chevalets, un divan, deux tabourets et une étagère où étaient exposées d'autres babioles. Une petite fenêtre située en hauteur donnait sur le sol du jardin pour faire circuler l'air pure. Dans ce mini-studio personnel, les innombrables tableaux qu'il avait commencé à peindre depuis l'adolescence le narguèrent. Il était du genre à séparer ses œuvres : celles qu'il ne gardait que pour lui, et celles qu'il acceptait de montrer aux autres. La première catégorie ne sortait pas d'ici. Ainsi, personne n'était jamais entré dans son atelier, personne sauf Katrina... Il avait besoin de peindre immédiatement car à chaque fois qu'il pensait à cette dernière, il avait l'impression de devenir fou. Il fallait qu'il extériorise quelque chose. Mais quoi? Bizarrement le visage de la gardienne de son fils le vint en mémoire. Il voyait bien que cette femme le désirait, il savait qu'elle n'attendait qu'un mot de sa part. Comme toutes les autres, elle voulait se retrouver dans ses bras. Cependant lui, il n'était plus capable de donner de l'amour. Malgré ses regards froids, Clara Gill semblait être toujours aussi éprise de lui. Elle pensait sûrement qu'il n'avait rien remarqué de son trouble. Bjarke étant très observateur, il n'avait pas tardé à la percer à jour. Clara Gill perdait son temps si elle croyait qu'il se produira quelque chose entre eux. Néanmoins il ne pouvait nier qu'elle était belle à couper le souffle. Loin d'être une beauté artificielle, cette blonde possédait un naturel assez ébranlant. Dommage pour elle, il n'était plus du genre à se laisser aller à la simple vue d'un joli minois. Sa main droite était devenue sa meilleure amie et ce en de rares occasions. Bjarke eut quand même envie de la peindre. Ça faisait quelques semaines que le désir de coucher ce visage unique sur un tableau vierge lui titillait l'esprit. Pourquoi pas ? Et puis personne ne venait ici alors elle ne risquait pas de découvrir qu'il l'avait peinte sans son consentement. Il enleva alors sa chemise et prépara les paillettes. C'était un tableau qu'il voulait réussir, c'était un chef-d'œuvre qu'il voulait faire naître grâce à son talent de peintre. Il enchaîna donc les coups de pinceaux, appliqua et étendit les bonnes couleurs. Cela lui prit quasiment deux heures et lorsqu'il eut fini, sa respiration était saccadée comme s'il venait de courir un marathon, son corps était couvert d'une fine couche de sueur. Le résultat était époustouflant, il eut l'impression d'avoir la vraie Clara Gill sous les yeux. Il se surprit même à éprouver du désir. Que lui arrivait-il? Il secoua la tête pour s'éclaircir les idées et déposa le matériel dont il s'était servi pour arriver à bout de son gribouillage. Il prit un torchon posé sur une chaise haute et commença à s'essuyer les mains. C'est alors que son téléphone resté dans la poche de son jean vibra. Il eut un sourire en coin car sans même regarder l'écran, il savait qui l'appelait. Bjarke prit quand-même la peine de répondre car Eilleen Peterson était du genre coriace. — Allô? — Salut Bjarke, je t'ai manqué ? — Leen, il est plus de minuit. — Tu as quand même répondu alors ne fait pas comme si je te dérangeais tant que ça. Toujours enfermé dans ton labo d'art entrain de barbouiller n'est-ce-pas ? — Que me veux-tu ? — Ça fait longtemps qu'on n'a plus dîné ensemble. Il est grand temps que je te sort de ta caverne Jarky. — Je t'ai déjà interdit à plusieurs reprises de m'appeller ainsi, grommela l'intéressé. Et je n'ai pas envie de sortir dîner. J'ai tout ce qu'il me faut dans mon frigo. — Bjarke, ça fait plus de trois ans maintenant, bientôt quatre. Passe à autre chose ! — Eilleen, fit-il d'un ton menaçant en guise d'avertissement. Eilleen était une amie qu'il avait eu en commun avec sa défunte épouse. Elle était comme sa sœur et avec elle, il pouvait être lui-même car elle savait tout de sa personne. Bjarke l'autorisait donc à aborder certains sujets sensibles mais il ne voulait pas non plus qu'elle se croit tout permis. — Je veux juste que tu arrêtes de déprimer ! — Je n'ai pas besoin de ton aide pour la simple et bonne raison que je ne déprime pas, siffla Bjarke entre ses dents serrées. Tout en discutant avec Eilleen, il ne quittait pas son nouveau tableau des yeux. L'image de Clara l'apaisait. Eilleen continua en lui vantant les mérites d'un nouveau restaurant français qui venait d'ouvrir à Waltham. Comme si manger de la nourriture aussi exquise soit-elle allait régler ses problèmes ou lui faire oublier... — Allez Bjarke ! — Eilleen n'insiste pas. — Tu es pire qu'une femme coincée. — Et toi pire qu'une sangsue. — Accepte et je te laisserai tranquille pour les deux prochains mois. En plus j'ai beaucoup de choses à te dire ! minauda-t-elle. Bjarke roula des yeux. — Quoi, tu t'es enfin trouvé un homme ? — Non, mais c'est pour bientôt. — Eh bien lorsque ça arrivera, ne me le présente pas. — Tu es jaloux ? gloussa Leen. — Tu sais bien que non, ça fait des années que je ne connais plus les sentiments que sont l'amour et la jalousie, tu le sais parfaitement bien, fit-il sombrement. Je ne veux pas que tu me le présentes pour la simple et bonne raison que je ne voudrais pas faire copain-copain avec un étranger. — De toute façon ce sera inutile, répliqua-t-elle énigmatique. Cesse d'être si guindé et accepte mon invitation à dîner. — Bon très bien. Quand ? Il sentit son sourire même s'il ne le voyait pas. — Je te rappelle demain pour t'informer du jour et de l'heure car il faut que je vérifie dans mon agenda. — On dirait que ton emploi du temps d'avocate n'est pas assez chargé cette semaine vu que tu as du temps pour un dîner. — Je viens de remporter un procès, je m'accorde du repos. Sa réponse étonna Bjarke car Eilleen était plutôt une bourrelle du travail qui ne s'accordait aucun repos. Elle avait ouverte son propre cabinet il y'a de cela treize ans, faisant d'elle l'une des plus jeunes avocates des États-Unis. Bien-sûr son père le sénateur Howard Peterson y avait été pour quelque chose mais il a été violemment assassiné par un certain Frost. Eilleen avait été dévastée. Avec Karina, ils avaient alors tout mis en œuvre pour l'aider à remonter la pente. Aujourd'hui Leen était à nouveau une femme sûre d'elle et rayonnante qui luttait contre les criminels de la même espèce que ceux qui avaient assassiné Howard de sang froid. — Et tu crois que je vais sagement attendre comme un toutou jusqu'à ce que tu daignes me donner l'heure exacte ? Je croyais que tu avais tout prévu à l'avance, marmonna-t-il en se frottant la mâchoire. Devant lui, Clara le fixait toujours aussi intensément avec ses deux billes identiques aux jades les plus purs. — Ne joues pas à l'homme qui est tout le temps occupé avec moi. De toute façon tu ne fouts pas grand chose de tes journées. Tu es soit enfermé chez toi pour dessiner, soit tu traînes dans ta galerie d'art. Je me demande comment tu fais pour gagner des millions par mois en ne bougeant même pas ton petit doigt si ce n'est pour peindre. Et ne me dis pas que ce sont tes œuvres qui te rapportent autant d'argent, je sais que tu ne les vends que très rarement mon cher. En effet sa fortune ne lui venait pas que de la vente de ses tableaux aussi chers et estimables soient-ils. Bjarke aimait investir dans d'autres projets. Mais ça, c'était ses oignons, pas ceux de Leen. — Pour ton information, sache que je travaille, dit-il vaguement. Tiens moi au courant de la date du rendez-vous, je viendrai te chercher chez toi. — Que feras-tu de Storm ? — Je ne devrais pas avoir du mal à trouver une gardienne, dit-il en pensant à Clara. — À propos, comment il va? — Bien. Mais il n'ouvre toujours pas la bouche ne serait-ce que pour m'appeler, soupira Bjarke en passant une main lasse sur son visage. — Tu sais tu devrais considérer ma proposition et l'emmener voir un spécialiste. Je connais un psychologue infantile qui s'occupe de ce genre de cas. Il est doué dans son domaine. — Je vais y réfléchir. — D'accord, mais fais-le vite car le temps presse. Il n'était pas très enthousiaste à l'idée de confier son fils à un charlatan, Bjarke avait peur qu'affronter un inconnu braque encore plus son fils. Peut-être que Storm avait juste du retard à parler mais c'est vrai que son cas l'inquiétait. Son bambin ne l'avait jamais appelé papa et ça le peinait beaucoup. Storm était d'une nature si calme et posée que c'en était parfois effrayant. Les enfants de son âge couraient partout, faisaient des bêtises en engendrant le chaos, se faisaient des amis et hurlaient à longueur de journée; mais Storm lui préférait dessiner et colorier, lire des livres imagés et c'est tout. Pourtant il avait tout fait pour l'emmener à parler. — Je te laisse car il se fait tard et j'ai une séance de détente au spa prévue pour demain matin. Bisou ! Bjarke raccrocha après avoir marmonné un "très bien". Il rangea l'appareil sans quitter Clara des yeux. Il avança l'index vers le tableau et sans toucher celui-ci car la peinture n'était pas encore sèche. Il retraça les traits fins et anguleux de la jeune femme. Comment se faisait-il qu'après l'avoir dessinée, il commençait à ressentir des choses à son égard, comme s'il s'était lui-même jeté un sort en s'imprégnant d'elle à travers le portrait. Piqué par ce constat, il se recula. Ça devait être là fatigue, il n'avait pas vraiment dormi depuis plusieurs jours, il fallait qu'il se rattrape. Éteignant les lumières du sous-sol, il remonta pour regagner sa chambre. Après une douche rapide, Bjarke se glissa enfin dans son lit, lit qu'il n'avait plus partagé avec une femme depuis des lustres. Il ferma les yeux, s'attendant à voir l'image de Katrina danser devant ses paupières closes comme chaque nuit depuis plus de trois ans maintenant. Il fut surpris que cela n'arrive pas. Au contraire ce fut l'image de Clara Gill qui prit la relève... Clara pédala comme une timbrée jusqu'à sa maison. Si elle avait pu, elle aurait remercié ce lézard car sans lui, elle se serait déjà faite attrapée par le propriétaire de la maison pour ensuite être coffrée par la police. L'adrénaline coulait toujours dans ses veines et elle était presque traumatisée par ce qu'elle venait de vivre. Jamais elle n'avait eu autant peur. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle allait arrêter son rituel, elle allait recommencer dès que possible. Une fois sur la pelouse de sa maison, Clara enjamba sa bécane en même temps qu'elle la laissait tomber au sol. Sans se gêner pour la ranger contre le mur, elle ouvrit sa porte et disparu à l'intérieur de l'habitation. Dans l'obscurité elle s'essaya de régulariser les battements affolés de son pauvre cœur. Que venait-il de se produire là ? Elle éclata soudain de rire en se penchant et en se tenant les deux genoux. Seigneur, elle était entrain de perdre définitivement la raison. Elle alla s'enfermer dans sa chambre, ouvrit le tiroir de son bureau dans lequel elle rangeait tous les clichés qu'elle avait prise de lui lors de ses virées nocturnes. Clara fouilla parmi le tas -il y en avait une bonne centaine- et récupéra sa photo préférée. C'était l'une des seules sur lesquels on le voyait sourire. Il était si craquant... Elle se rappelait de cette nuit là où cachée derrière les buissons, elle le mitraillait silencieusement alors qu'il discutait au téléphone avec une certaine Leen. À l'entente de ce prénom féminin, Clara avait ressentit une vive jalousie. Pourquoi cette Leen avait droit à un rire venant de lui et pas elle? Clara s'était alors rappelée des propos de Sorrow : «Un jour, une femme se présentera à toi comme étant la nouvelle mère du petit». Jamais... Jamais elle ne laissera une telle chose se produire tant qu'elle éprouvera de l'amour pour Bjarke. Il était à elle. Sans prendre la peine de se déshabiller, elle se coucha dans le lit en posant la photo sur son cœur. Elle ferma les yeux et adressa une prière silencieuse à Dieu. «Seigneur, je ne t'ai jamais rien demandé. Même quand tu m'as enlevé mes parents sous mes yeux dans cet incendie, j'ai supporté sans te tenir pour responsable. Lorsque tu m'as arraché mon unique sœur, j'ai encaissé sans te renier. Aujourd'hui je te réclame le bonheur et l'amour. Je veux que Bjarke me voit comme une femme et je veux qu'il m'aime. Je mérite au moins ça venant de ta part...» Une larme glissa le long de sa joue, elle embrassa le visage souriant sur la photo avant de glisser dans un sommeil troublé par un danois au regard sombre. Elle se reveilla en sursaut et son premier réflexe fut de regarder l'heure : huit heures trente-cinq ! Elle était en retard, ce qui veut dire qu'elle avait râté Bjarke qui avait dû déposer Storm à la crèche il y'a de cela trente minutes. Elle fixa la photo de lui froissée qui reposait à ses côtés. Et voilà qu'au lieu de craindre la perte de son travail, elle pleurnichait pour avoir raté Bjarke. Elle fit une toilette sommaire puis enfila une combinaison verte pâle. N'ayant pas le temps de faire ses deux nattes habituelles, Clara laissa ses cheveux libre. Dans la cuisine elle attrapa une pomme verte au hasard et croqua dedans tout en fermant la porte à clé. Son vélo était resté couché au même endroit où elle l'avait laissé hier nuit, c'est-à-dire sur le gazon défraîchi de la pelouse. Elle mit correctement son sac à dos et redressa la bécane. Elle avait dix minutes pour arriver à bon port. Elle grimaça en croisant la directrice de la crèche en compagnie de sa collègue Erin Vega. Clara comprit immédiatement que cette g***e l'avait vendue. Les deux femmes ne s'étaient jamais entendues, et pour cause, elles étaient toutes les deux sous le charme du plus beau veuf de Waltham. Depuis que cette Erin avait vu qu'elle n'était pas la seule à avoir des vues sur le célèbre peintre, sa haine envers Clara avait décuplée et cette dernière la lui rendait bien. Dommage qu'elle devait supporter cette brune insipide car elles supervisaient toutes les deux la salle où se trouvait le petit Storm. Il leur arrivait de se battre pour avoir son attention, comme si cela allait attirer le regard du père sur la gagnante. — Clara, tu es en retard ! fit gentiment madame Stevenson. — Je suis vraiment navrée, j'avais oublié de régler mon réveil. — D'accord, mais que cela ne se reproduise plus. — Merci ! — Et toi Erin, je veux que tu retournes surveiller les enfants, je ne te paie pas pour jouer à la rapporteuse. Au travail ! Dès que le directrice s'en alla, Clara jeta un regard meurtrier à son ennemie puis entra dans la salle en marmonnant un «tu me paieras ça». Tous les enfants étaient déjà là, y compris le petit Storm qui était comme d'habitude dans son coin entrain de dessiner. Au moins une chose qu'il tenait de son père car physiquement c'était une autre histoire. Il était doté d'une chevelure châtaigne ainsi que de deux yeux gris bleutés qui le rendaient si mignon. Dommage qu'il ne parlait pas, il devait avoir une voix très touchante. Clara avait mainte fois essayé de le faire parler mais en vain. Le petit semblait être enfermé dans son propre monde et restait à l'écart des autres. Tandis que Erin s'occupait d'une petite fille en pleurs, Clara s'approcha tout doucement de Storm afin de voir ce qu'il dessinait. Elle fut aussitôt touchée car il avait représenté son père, sa défunte mère ainsi que lui même devant leur maison. Ce petit était vraiment un génie car du haut de ses trois ans il dessinait aussi bien qu'un enfant de dix ans. Clara décida de tenter une nouvelle approche. Depuis plus de deux ans qu'elle s'occupait de lui, il était toujours aussi neutre envers elle. Encore un autre point en commun avec Bjarke: leur froideur. — Bonjour Storm. — ... L'enfant continua à dessiner comme si de rien n'était. — Tu veux bien me montrer ce que tu dessines mon ange ? Ayant compris ses paroles, Storm s'arrêta de colorier et poussa gentiment le dessin vers elle. Il souleva sa petite tête, fixa intensément Clara comme s'il attendait son verdict. — C'est très beau ! Elle pointa du doigt Bjarke et demanda doucement: — Tu veux bien me dire qui tu as dessiné là ? — ... — Qui est-ce? — ... — Storm ? Visiblement, ses efforts étaient vains. Le bambin reprit le dessin d'entre ses mains et poursuivit son coloriage avec une expression concentrée. Clara soupira discrètement, ça allait être dur de faire parler le petit. Dans l'après-midi, les enfants s'étaient endormis de fatigue. Les parents venaient les récupérer petit à petit. Il ne restait que six bambins dont Storm. Son père n'allait sûrement pas tarder. Pour tuer le temps, Clara déverrouilla son portable et se connecta à son site d'hier. Le blond lui avait finalement répondu vers minuit mais elle était trop occupée à penser à son Bjarke. Après quelques échanges, ils s'étaient convenus de se voir dans un lieu public pour faire plus ample connaissance. C'était un peu trop tôt, mais aucun des deux n'était du genre à tourner autour du pot. Clara s'était aussi assurée qu'il s'agissait bel et bien de la même personne que sur le profil en lui posant la question. Il lui avait alors envoyé une émoticône riant aux larmes puis avait écrit que c'était lui et qu'elle n'avait aucun soucis à se faire là dessus. Ils finirent par fixer la date, l'heure et le lieu du rendez-vous. Alors que Clara se payait un soda grâce au distributeur, elle entendit Phoebe une de ses collègues pousser un petit cri. — Les filles, il est là ! Les autres gardiennes s'attroupèrent devant la fenêtre vitrée. Clara comprit qu'il s'agissait du danois car dès qu'il garait sa BMW sur le parking, il y avait toujours du remue-ménage entre elles. Elle déposa sa boisson gazeuse et courut jusqu'à l'essaim. — Poussez-vous, laissez-moi passer ! Du vent ! En jouant des coudes, elle parvint à se frayer un chemin et se campa devant pour mieux voir. Le spectacle en valait le coup. Elles virent le ténébreux Bjarke descendre de sa voiture en étant entièrement habillé de noir. Son long manteau qui avait dû coûter une fortune lui donnait un air dangereux et le vent soufflait légèrement dans ses cheveux en les desordonnant. Sa démarche était digne d'un dieu et une des femmes derrière Clara poussa un soupir. — Ce type me donne envie de connaître le Danemark. S'ils sont tous aussi beaux là-bas, je déménage ! — Tout à fait d'accord avec toi Jane. Dommage que je sois déjà mariée. Des spécimens comme ça ne courent pas les rues. — Oui mais pour ça il faudrait qu'il soit sociable ma chère Phoebe. On parle de Thomsen là. Il est aussi sexy qu'insensible, répliqua Clara. — Tout le monde ici sait que tu en pinces pour lui et que tu veux le garder pour toi seule, railla Erin. — Exactement comme toi d'ailleurs. — Disperssez-vous les filles, il arrive. Comme par magie, le groupe se disloqua en moins de cinq secondes et Bjarke rentra dans le bâtiment l'instant d'après. Il salua la directrice qui était sortie de son bureau pour aller à sa rencontre. L'autre godiche qu'était Erin s'empressa d'aller chercher Storm sans qu'on le lui demande. Alors que Clara ouvrait son soda, elle sentit le regard de Bjarke se poser sur elle. Comme dans un rêve ou une scène au ralenti, elle le vit s'approcher de sa table. Heureusement qu'elle n'avait pas sa canette en main sinon elle l'aurait laissé échouer au sol depuis fort longtemps. Le bon Dieu avait-il écouté sa prière de la nuit dernière ? Sa gorge s'assécha sous l'intensité et l'oppression des orbes sombre de l'homme. Il vint se tenir debout devant la jeune femme restée assise et la toisa de haut. Elle aurait pu mourir en cet instant précis le sourire aux lèvres. Bjarke Thomsen l'avait regardé plus de deux secondes ! — Mademoiselle Gill c'est bien ça ? fit-il d'une voix grave, impersonnelle et assurée. Il avait appelé son nom? Elle ignorait qu'il le connaissait. Comment ça se fait d'ailleurs. Et pourquoi s'intéressait-il à elle d'un coup ? — C'est bien ça ? réitéra-t-il face à son silence en fronçant encore plus ses sourcils qui l'étaient déjà naturellement. Elle s'empressa de hocher la tête. — Vous savez sans doute qui je suis. — Q-qui vous êtes ? Oui bien-sûr. — Dans ce cas c'est parfait car j'ai une proposition à vous faire. Le cœur de Clara fit un bond, quelque chose s'excita en elle. Après tout, les meilleures histoires d'amour ne débutaient-elles pas par une proposition ?
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