Chapitre 4

2271 Words
Lance qui n'avait rien remarqué du désintérêt et de l'énervement subits de la jeune femme continua à la complimenter finement. Clara cru ne pas bien voir et se pinça rudement la jambe, mais oui, c'était bel et bien ce cher Bjarke. C'était donc ça son rendez-vous ? Fidèle à lui-même, il avait revêtu un costume entièrement noir, ses cheveux étaient soigneusement ébouriffés et sa barbe d'une semaine le rendait encore plus viril. Que n'aurait-elle pas donné pour être à la place de la brune qui se serrait fièrement contre lui ? Avec horreur, Clara vit Bjarke se pencher vers la femme dont les yeux marrons le regardaient avec adoration. Pendant un instant, Clara crut qu'il allait l'embrasser. Heureusement, il se contenta de lui chuchoter quelques mots à l'oreille, elle éclata d'un rire discret et cristallin, un rire que seules les femmes de la haute société possédaient. Clara la détailla en serrant furieusement son couteau de table entre les mains. La brune avait un corps fait de courbes et très voluptueux, son physique non refait était tout ce qu'il y avait de plus naturel. Plutôt petite de taille, elle était ronde certes mais avec un taille assez fine pour sa morphologie. Grâce à ses talons hauts vertigineux, elle arrivait à peu près au niveau de l'épaule de Bjarke. Sa longue robe rouge bordeaux mettait en valeur sa poitrine, ses hanches et ses fesses généreuses. À côté de cette beauté fatale, Clara aurait donné l'impression d'être un cure-dent déjà utilisé. Elle creva de jalousie en se rendant compte qu'ils formaient un très beau couple. De plus, Bjarke avait l'air heureux d'être à ses côtés car malgré sa mine impassible, il semblait à l'aise. Pourquoi fallait t'il qu'il soit si tactile avec une autre ? Pourquoi quand il s'agissait d'elle, il se refermait comme une huître ? Une hôtesse vint les conduire jusqu'au carré VIP réservé aux couples riches, même Lance n'aurait pas pu entrer là-bas tellement c'était cher avec un accès restreint. À quelques mètres d'eux, Bjarke ne les avait pas remarqué et avait passé un bras autour de la taille de sa compagne. En voyant cela, Clara laissa échapper un grognement digne d'une tigresse enragée. _ Clara, est-ce-que ça va ? demanda son compagnon avec inquiétude en remarquant son visage rougeoyant. Non, ça n'allait pas du tout. L'homme qu'elle aimait en silence était là entrain de se pavaner avec une femme plus belle et sophistiquée qu'elle. Non ça n'allait pas du tout, parce qu'elle était sur le point de péter un gros câble. Elle manqua d'air sous la douleur de cette évidence. Il fallait qu'elle fasse immédiatement quelque chose sinon elle allait piquer une crise et chialer devant tout le monde. _ Oui Lance, dit-elle posément après avoir calmé sa respiration irrégulière. Tu disais ? _ Je disais que si tu étais libre le weekend prochain, on pourrait peut-être organiser une autre rencontre. Peut-être sur mon lieu de travail lorsque je serai en pause et j'en profiterai pour t'enseigner une ou deux choses sur la natation. Qu'en dis-tu? _ Oui, c'est bien, je suis totalement d'accord, répondit-elle distraitement sans vraiment l'écouter. Ses yeux étaient posés sur le couple se trouvant derrière Lance et qui marchait en direction de la zone réservée aux meilleurs clients. Ils devaient être des habitués et vu le statut de Bjarke, c'était normal qu'on se plie en quatre pour les satisfaire. Clara continua de manger mais elle eut l'impression que sa viande était soudain devenue sablonneuse, charbonneuse et roussie. Elle déposa sa fourchette un peu trop brutalement dans son plat, faisant sursauter Lance. Des têtes se tournèrent vers eux avec des mines réprobatrices. _ Désolée, elle s'excusa. _ Clara je t'ennuie ? fit tristement Lance. _ Non ! C'est juste que je ne suis pas dans mon assiette ce soir. _ Oh... Tu veux peut-être rentrer ? Elle secoua négativement la tête. Pas question de gâcher les efforts de lance à cause de Bjarke. Le blond avait dû dépenser une fortune pour avoir cette table, elle n'avait pas le cœur à lui faire ça. _ C'est bon, continuons de dîner. En plus je passe une bonne soirée. "Bonne soirée, tu parles !" se moqua sa propre conscience. Elle s'amusait jusqu'à ce que l'autre glaçon s'amène avec une déesse accrochée à son bras. Qu'allait-elle bien pouvoir faire pour bousiller leur dîner à ces deux là ?... Avec galanterie, Bjarke tira la chaise de son amie avant d'aller s'asseoir en face d'elle. Elle était magnifique ce soir comme toujours d'ailleurs. Il avait bien vu comment certains hommes de la salle l'avait jalousé de regard. S'ils avaient su qu'il n'était que son ami, ils se seraient sans doute jeté sur l'occasion. Lorsqu'il s'était immédiatement penché vers son oreille pour lui faire part de ce constat, elle s'était contenté de rire. Eilleen était une femme sensuelle et à l'aise avec ses rondeurs, ce qui ne la rendait que plus attirante. Lui, il n'éprouvait qu'une grande et sincère amitié envers elle alors sa beauté, même s'il en avait conscience, ne l'atteignait pas en plein cœur. Non, lui il préférait les beautés discrètes... Un peu comme celle de mademoiselle Clara Gill. Dommage que ces histoires de maîtresses ne l'intéressait plus du tout. Durant ses jeunes années, il n'aurait pas hésité à se la mettre sous la dent. D'ailleurs en parlant d'elle, qu'était-elle entrain de faire à l'heure actuelle et où se trouvait-elle ? Un serveur leur apporta rapidement les cartes du menu et Leen ramena ses longs cheveux bruns sur le côté avant de s'en emparer. Bjarke en profita pour commander le meilleur vin de la maison. Lorsqu'ils eurent choisi leurs plats, Eilleen plongea ses orbes marrons dans les siens avec un sourire en coin. Bjarke haussa un sourcil inquisiteur en se demandant ce qu'elle avait encore derrière la tête. Il se doutait bien que cette invitation à dîner cachait quelque chose. _ Je t'avais dit que ce restaurant était fabuleux. _ Oui j'avoue, même si tous ces déroulements de tapis rouge ne me font ni chaud ni froid. Je déteste même ce genre de politesse cérémonieuse, dit-il en faisant référence à l'accueil que leur avait réservé l'hôtesse. On aurait pu les prendre pour un couple présidentiel ou princier. _ Que veux-tu ? La célébrité à de bons et de mauvais côtés, mais moi j'aime qu'on m'accueille avec distinction. Mais je suis heureuse que tu te sois enfin décidé à sortir de ta catacombe pour m'accompagner. Il grogna en guise de réponse. Elle l'avait plutôt forcé à venir. _ Ne fais pas cette tête, tu sais que j'ai raison. _ Non, tu as tort. Je ne vis pas dans un aven. Ce n'est pas parce que je n'aime pas voir du monde que je suis acariâtre. _ Ah non ? ricanna Eilleen. Et comment appelles-tu le fais de peindre quatre-vingt-dix-neuf pourcent du temps dans ton sous-sol. Tu me refuses même l'accès à cette cave. _ Parce que c'est un endroit privé. _ Et moi qui croyait qu'on partageait tout, badina Leen en faisant la moue. _ Tu veux partager mes sous-vêtements aussi ? plaisanta-t-il en se penchant vers elle. _ Si tu me les offres, je ne dirai pas non. Mais je doute que mon postérieure rendre dedans, répliqua-t-elle coquinement. Je devrais peut-être le faire diminuer. _ Crois-moi, il est parfait tel qu'il est. Il leur arrivait de faire ce petit jeu entre eux. Mais c'était juste de l'amusement et ça n'allait pas plus loin. Ça leur permettait de détendre l'atmosphère. Avec Eilleen, il était capable de se détendre. Elle le comprenait plus que n'importe qui et même si elle était envahissante par moment, Bjarke savait qu'elle ne voulait que son bien. D'après elle, il s'autodétruisait en restant enfermé chez lui. Mais il aimait la solitude, il aimait être entouré de ses œuvres, il aimait sentir l'odeur de la peinture, il trouvait la plénitude en créant et en donnant vie. Que pouvait-il y changer ? Ça, même Leen ne pourrait le lui arracher. Leurs plats arrivèrent assez vite et ils se mirent à manger dans la bonne humeur. Leen se mit à lui raconter sa semaine et les évènements palpitants qui l'avaient meublé. Il l'écouta attentivement en lui souriant de temps à autre. Il pouvait l'écouter parler des heures sans être ennuyé. Elle arriva donc facilement à l'empêcher de penser au visage de la blonde qui reposait sur un des tableaux de son sous-sol. En y réfléchissant bien, il allait passer une bonne soirée, qui sait ? Un peu plus loin, Clara bouillonnait sur place, ses pieds n'arrêtaient pas de battre le sol. À un moment elle avait même accidentellement donné un coup de pied à Lance. Qu'est-ce que ces deux là étaient entrain de faire ou de se dire ? Bjarke faisait-il la cour à cette femme ? Pire, était-il entrain de lui faire une demande en mariage ? À cette pensée, Clara devint encore plus pâle. Bientôt Lance et elle allaient devoir partir alors qu'elle avait besoin de réponses. Elle ne tenait plus sur son siège, elle voulait à tout prix savoir. Peut-être qu'en espionnant leur conversation, elle pourrait en savoir plus sur cette femme et qui elle était pour lui... Oui, c'est ce qu'elle devait faire. Juste quelques minutes, pas plus. Elle lança un faux sourire à Lance avant de s'excuser en disant qu'elle avait besoin d'aller aux toilettes pour se refaire une beauté. _ Mais c'est inutile, tu es magnifique comme tu es. _ Oh Lance, tu es si charmant ! Mais je suis une femme, et une femme doit toujours être à son avantage. Attends-moi, je reviens dans cinq petites minutes. Sans plus attendre, elle quitta la table et avança vers l'endroit où Bjarke avait disparu il y'a de cela une heure. Heureusement il n'y avait personne pour l'empêcher de rentrer dans le carré VIP dont l'entrée était uniquement caché par une rideau d'aspect royal. Après avoir jeté un regard en arrière pour s'assurer que Lance ne l'avait pas suivi des yeux, elle se glissa discrètement à l'intérieur. Le décor était tamisé et du romantisme flottait dans l'air, de quoi donner envie de flirter. Il y avait très peu de couples donc elle put les voir immédiatement au loin. Bjarke souriait à la brune assise en face de lui. Il l'écoutait si attentivement que c'en était énervant pour Clara. Elle parlait en faisant de temps à autre des gestes. D'où Clara était, elle ne voyait que le dos de la femme, ce qui voulait dire que Bjarke pouvait très facilement l'attraper en plein flagrant délit d'espionnage. Pour éviter d'être repérée, Clara se cacha derrière une grande plante d'intérieur dont les feuillages parvinrent à la masquer. Abaissant quelques feuilles du palmier d'intérieur, elle plissa les yeux pour mieux voir. Elle détestait déjà cette femme. Qu'avait-elle de plus qu'elle ? Qu'avait-elle de mieux pour que Bjarke décide de ne voir qu'elle ? Était-ce à cause de sa poitrine plantureuse ? De son visage sans défaut ? Ou encore de ses formes généreuses ? Et s'il aimait les femmes enrobées ? Après tout sa défunte épouse Katrina était plutôt pulpeuse si Clara en croyait les photos d'elle qu'elle avait vu dans de vieux magazines datant d'il y'a cinq ou six ans. Elle n'était pas aussi en chair que cette femme-ci, mais elle n'était pas maigre. À un moment donné, Clara pensa même à doser son alimentation. Peut-être que si elle s'empiffrait beaucoup plus, elle deviendra ronde elle aussi et il portera enfin son regard sur elle. Quelques bribes de la conversation lui parvenaient, ils discutaient de travail. Ainsi donc la brune était avocate... Comment une simple gardienne d'enfants comme elle pouvait faire le poids face à une professionnelle de droit inscrite au barreau ? Le match était perdu d'avance, mais il n'était pas question de battre en retraite. La brune posa une main sur le bras de Bjarke et ce fut trop pour Clara, elle en avait assez vu pour aujourd'hui. Elle tourna les talons un peu trop vivement et percuta un serveur qui venait d'entrer dans le carré avec des plats en mains. Le choc fut rude et les plats échouèrent au sol dans un bruit assourdissant perçu par tous les clients dans la salle y compris le couple qu'elle était venue épier. Le dos raidi, elle voulut prendre la fuite. Mais sa nature généreuse l'obliga à rester où elle était pour réparer les dégâts. Clara se baissa pour aider le pauvre serveur à ramasser mais celui-ci l'en empêcha en lui disant gentiment qu'elle risquait de se couper. Par chance le plateau ne contenait pas de boisson ou de nourriture sinon elle aurait fini peinturée de la tête au pieds. Quelque chose lui disait que Bjarke l'avait très certainement remarquée. Et elle en eut la confirmation quelques secondes plus tard lorsque des pieds enveloppé d'une paire de chaussures de marque vinrent se positionner dans son champ de vision. Une fragrance à laquelle elle était addicte pénétra ses narines, l'obligeant à inspirer profondément. Clara leva très lentement la tête et croisa le regard toujours aussi froid de Bjarke. Son expression presque joviale de tout à l'heure avait disparu comme par magie. Le serveur se redressa après avoir ramassé les plats brisés. _ Vous mettrez ça sur ma note, dit-il sans la quitter des yeux. _ Bien monsieur. Le garçon s'en alla et Clara se sentit vulnérable sous son regard glacial. Elle fut contrainte de se mettre sur ses deux pieds. Malgré ses chaussures, elle n'arrivait même pas à ses épaules. Se faire toiser de haut par cet homme pouvait être considéré comme la plus atroce mais également la plus douce des tortures.
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