Un livre fascinant-1

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Un livre fascinantLa traduction, éditée avec soin, de l’ouvrage de M. Lefébure intitulé « Histoire de la broderie et de la dentelle » et due à M. Alan Colo, est un des livres les plus fascinants qui aient paru sur ce sujet charmant. M. Lefébure est l’un des administrateurs du Musée des Arts décoratifs de Paris. Il est en outre fabricant de dentelle, et ce n’est pas seulement comme œuvre historique que son livre a de la valeur ; c’est aussi un manuel technique qui rendra les plus grands services aux femmes qui manient l’aiguille. D’ailleurs, comme l’indique le traducteur lui-même, le livre de M. Lefébure amène à se demander si ce n’est pas grâce à l’aiguille et à la bobine plutôt que par la peinture, la gravure ou la sculpture, que l’influence de la femme doit se faire sentir dans les arts. Quoi qu’il en soit, en Europe, la femme règne souverainement dans le domaine du travail à l’aiguille, et bien peu d’hommes seraient enclins à lui contester le monopole de ces outils délicats et si bien appropriés à la dextérité de ses doigts agiles et déliés, et on ne voit pas pourquoi les productions de la broderie ne seraient pas mises au même rang que celles de la peinture, de la gravure et de la sculpture, ainsi que le suggère M. Alan Cole, tout en admettant une grande différence entre ceux des arts décoratifs qui doivent leur gloire à la matière même sur laquelle ils s’exercent, et les arts où l’imagination tient plus de place, où la substance disparaît en quelque sorte, absorbée dans la création d’une forme nouvelle. Lorsqu’il s’agit de décorer des maisons modernes, il faut certainement admettre – et même on en devrait être plus généralement convaincu qu’on ne l’est – qu’une riche broderie disposée sur les tentures, les rideaux, les portières, les canapés, et autres objets analogues, produit un effet bien plus décoratif, bien plus artistique, que celui qui résulte de notre système anglais, assez monotone, qui consiste à garnir les murs de tableaux et de gravures ; et le costume moderne, en renonçant presque entièrement à la broderie, a perdu un des principaux éléments qui donnent de la grâce et de la fantaisie. Néanmoins, qu’un grand progrès ait été réalisé dans la broderie anglaise pendant les dix ou quinze dernières années, c’est un fait que, selon moi, on ne saurait nier. Il se montre non seulement dans l’œuvre de certains artistes, tels que Mrs. Holeday, Mrs. May Morris, et autres, mais encore dans les admirables travaux de l’École de Broderie de South-Kensington, la meilleure, ou pour mieux dire, la seule école vraiment bonne qu’ait produite South-Kensington. On a plaisir à constater, en tournant les pages du livre de M. Lefébure, qu’en cela, nous ne faisons que mettre en pratique certaines antiques traditions de l’art anglais primitif. Au septième siècle, sainte Ethelreda, première abbesse du monastère d’Ely, fit présent à saint Cuthbert d’un vêtement sacré qu’elle avait embelli d’or et de pierres précieuses. La chape et le manipule de saint Cuthbert, que l’on conserve à Durham, sont regardés comme des spécimens d’opus anglicanum. En l’an 800, l’évêque de Durham accorda en viager le revenu d’une ferme de deux cents acres à une brodeuse nommée Eanswitha, à charge de réparer les vêtements sacerdotaux de son diocèse. L’étendard de bataille du roi Alfred avait été brodé par des princesses danoises, et l’anglo-saxon Gudric donna à Alacid une pièce de terre, à charge d’apprendre à sa fille le travail à l’aiguille. La reine Mathilde fit présent à l’abbaye de la Sainte-Trinité de Caen d’une tunique brodée à Winchester par la femme d’un certain Alderet, et quand Guillaume parut devant les nobles anglais, après la bataille de Hastings, il portait un manteau orné de broderies anglo-saxonnes, le même, selon l’hypothèse de M. Lefébure, qui figure dans l’inventaire de la cathédrale de Bayeux : on y trouve, à la suite de la mention de la broderie à telle (qui représente la conquête de l’Angleterre), la description de deux manteaux, – l’un appartenant au roi Guillaume, « tout en or, semé de croix et de fleurs en or, et dont le bord inférieur est formé par un orfroi de personnages ». Le spécimen le plus splendide d’opus anglicanum qui existe actuellement, est, comme on pense bien, la chape de Lyon, qui se trouve au musée de South-Kensington, mais le travail anglais paraît avoir été célèbre dans tout le continent. Le pape Innocent IV éprouva tant d’admiration à la vue des magnifiques vêtements portés par le clergé anglais, en 1246, qu’il commanda aux monastères cisterciens d’Angleterre des ouvrages du même genre. Saint Dunstan, le moine artiste d’Angleterre, était réputé comme dessinateur pour broderies, et l’on conserve encore l’étole de saint Thomas Becket dans le trésor de la cathédrale de Sens : on y voit les lacs de b****s qui caractérisent les enluminures des manuscrits anglo-saxons. Il est clair que la renaissance artistique de la riche et délicate broderie, qui se produit de nos jours, sera féconde à proportion de la persévérance et de l’application que les femmes seront disposées à y apporter. Je pense pourtant qu’on admettra que tous nos arts décoratifs européens ont, actuellement, au moins un élément de force ; – qui consiste dans leurs relations immédiates avec les arts décoratifs de l’Asie. Toutes les fois que nous trouvons dans l’histoire de l’Europe une résurrection de l’art décoratif, il me semble qu’elle a été due presque uniquement à l’influence orientale, et au contact avec des nations orientales. Notre art si profondément intellectuel, a été plus d’une fois sur le point de sacrifier la réelle beauté décorative soit à la reproduction imitative, soit à l’idéalité du motif. Il s’est imposé la tâche de l’expression ; il a voulu se faire l’interprète des secrets de la pensée et de la passion. Dans sa merveilleuse vérité de représentation, il a trouvé une force, et pourtant c’est de là même que naît sa faiblesse. Jamais un art ne se fait impunément le miroir de la vie. Si la Vérité prend sa revanche sur ceux qui ne la suivent point, elle se montre fréquemment sans pitié pour ceux qui lui rendent un culte. À Byzance, les deux arts se rejoignaient : l’art grec, avec son sentiment intelligent de la forme, et sa vive sympathie avec l’humanité ; l’art oriental, avec son matérialisme somptueux, son mépris avoué de l’imitation, ses merveilleux secrets de technique et de couleur, la splendeur de ses tissus, ses métaux rares, ses gemmes, ses traditions admirables et sans prix. Sans doute, ils s’étaient déjà rencontrés, mais à Byzance, ils s’unirent par le mariage, et l’arbre sacré des Perses, le palmier de Zoroastre, fut brodé sur la lisière des costumes du monde antique. Les Iconoclastes eux-mêmes, ces Philistins de l’histoire théologique, dans ces étranges explosions de rage contre la Beauté, qui, semble-t-il, se manifestent uniquement chez les nations européennes, les Iconoclastes donc, s’insurgèrent contre les merveilles et la magnificence de l’Art nouveau. Cela ne servit qu’à en répandre plus largement les secrets, et dans le Liber Pontificalis, écrit en 867 par Athanasius le bibliothécaire, nous apprenons qu’à Rome abondaient les riches broderies, œuvres de gens venus de Constantinople et de la Grèce. Le triomphe du mahométisme donna à l’art décoratif d’Europe un nouveau point de départ : le principe même qui dans cette religion interdisait de représenter au naturel un objet quelconque, fut le plus grand service rendu à l’art, bien qu’il n’ait pas été obéi rigoureusement, comme on le croit sans peine. Les Sarrasins introduisirent en Sicile l’art de tisser des étoffes de soie et d’or et, de la Sicile, la fabrication des beaux tissus se répandit dans l’Italie du Nord, et finit par se fixer à Gênes, à Florence, à Venise et dans d’autres villes. Un mouvement artistique plus, grand encore se produisit en Espagne chez les Maures et les Sarrasins, qui y amenèrent des ouvriers de la Perse, afin de leur faire fabriquer pour eux de beaux objets. M. Lefébure nous apprend que la broderie persane pénétra jusqu’en Andalousie. Almeria, tout comme Palerme, eut son Hôtel des Tiraz, qui rivalisa avec l’Hôtel des Tiraz de Bagdad, tiraz étant le terme générique qu’on appliquait aux tissus ouvrés, ainsi qu’aux vêtements qu’on en faisait. Les paillettes (ces charmants petits disques d’or, d’argent ou d’acier poli qu’on emploie dans certaines sortes de broderies pour produire de jolis effets de scintillement) étaient une invention des Sarrasins. Souvent les caractères arabes prirent la place des lettres de l’alphabet romain dans les robes brodées et les tapisseries du Moyen Âge, car ils avaient un cachet plus artistique. Le Livre des Métiers, d’Étienne Boileau, Prévôt des Marchands (1258-1268), contient une énumération curieuse des diverses corporations de professions, et nous trouvons dans le nombre « les tapiciers, ou fabricants de tapis sarrasinois (ou draps sarrasins), lesquels déclarent ne travailler que pour les églises, ou pour de grands personnages tels que rois et comtes. » Et en effet, même de nos jours, presque tous les mots qui, chez nous, se rapportent aux tissus décoratifs, aux méthodes décoratives, trahissent une origine orientale. Ce qu’avaient fait pour la Sicile et l’Espagne les invasions mahométanes, le retour des croisades le fit pour les autres pays d’Europe. Les nobles qui ôtaient partis pour la Palestine, en armure complète, en revinrent vêtus des riches étoffes d’Orient, et leurs costumes, leurs, bourses (aumônières sarrasinoises), leurs caparaçons, excitèrent l’admiration des personnes qui travaillaient à l’aiguille en Occident. Mathieu Paris dit qu’au pillage d’Antioche, en 1098, l’or, l’argent, les riches costumes furent distribués si impartialement parmi les Croisés, que bon nombre d’entre eux, qui la veille encore mouraient de faim, et imploraient du secours, se trouvèrent soudain comblés de richesses, et Robert de Clair nous parle des fêtes merveilleuses qui suivirent la prise de Constantinople. Ainsi que nous l’apprend M. Lefébure, le treizième siècle fut remarquable par la vogue croissante de la broderie en Occident. Beaucoup de Croisés firent présent aux églises d’objets provenant du pillage de la Palestine, et saint Louis, de retour de sa première croisade, rendit grâces à Dieu, dans Saint-Denis, des faveurs qu’il avait reçues de lui, pendant ses six ans d’absence et de voyages, et il offrit plusieurs pièces brodées richement, dont on ferait usage dans les occasions solennelles pour couvrir les reliquaires contenant les reliques des saints Martyrs. La broderie européenne, ayant dès lors à sa disposition des matières nouvelles et des procédés merveilleux, se développa dans la direction de ses tendances intellectuelles et imitatrices, et à mesure qu’elle progressait, elle devint une véritable peinture, voulut rivaliser avec le pinceau, produire des paysages, des scènes à personnages, avec une perspective exacte, et de subtils effets de profondeur aérienne. Néanmoins, un nouveau courant oriental fut apporté par les Hollandais et les Portugais, et par la fameuse Compagnie des Grandes Indes, et M. Lefébure donne la reproduction d’une tenture de porte qui se trouve présentement au musée de Cluny, et où l’on voit les fleurs de lis de France mêlées à des motifs d’ornement indien. Les tentures de la chambre de madame de Maintenon à Fontainebleau, qui avaient été brodées à Saint-Cyr, représentent des sujets chinois sur un fond jonquille. On envoyait en Orient les costumes tout faits, afin qu’ils y fussent brodés, et bon nombre de jolis habits de la période de Louis XV et Louis XVI, doivent leur coquette ornementation aux aiguilles des artistes chinois. De nos jours, l’influence de l’Orient se fait fortement sentir. La Perse nous a envoyé ses carpettes comme modèles, le Cashmire ses beaux châles, et l’Inde ses jolies mousselines délicatement ouvragées de palmes tracées avec des fils d’or, et sur lesquelles sont posées, maintenues par des points de couture, des ailes irisées de coléoptères. Nous commençons maintenant à employer en teinture les procédés de l’Orient. Les robes de soie de la Chine et du Japon nous ont enseigné des merveilles nouvelles dans les combinaisons des couleurs, des subtilités nouvelles dans la délicatesse du dessin. Avons-nous appris à user avec sagesse de ce que nous avons acquis ? C’est moins certain. Si des livres ont quelque résultat, ce livre de M. Lefébure devrait sûrement nous porter à étudier avec un intérêt plus vif encore toute la question de la broderie. Quant aux personnes qui déjà travaillent de l’aiguille, elles y trouveront en abondance des aperçus féconds et les conseils les plus admirables. Rien qu’à lire ce qui concerne les étonnantes œuvres de la broderie, qu’on exécutait au temps jadis, on éprouve du plaisir. Le temps nous a épargné un petit nombre de fragments de broderie grecque du quatrième siècle avant Jésus-Christ. L’un d’eux est figuré dans le livre de M. Lefébure ; c’est une broderie en points de chaîne exécutée en fils de lin jaune sur une étoffe faite au tricot, et de couleur de mûre, avec de gracieuses spirales, et des dessins en palmes. Une autre, qui consiste en une étoffe genre tapis, semée de canards, a été reproduite dans le Woman’s World, il y a quelques mois pour accompagner un article de M. Alan Cole. De temps à autre nous trouvons dans une tombe égyptienne une pièce d’un grand prix. Dans le trésor de Ratisbonne, on conserve un spécimen de broderie byzantine, sur lequel est figuré l’empereur Constantin monté sur un palefroi blanc, et recevant l’hommage de l’Orient et de l’Occident. Metz possède une chape de soie rouge brodée d’aigles d’or, et Bayeux l’épopée tracée par l’aiguille de la reine Mathilde. Mais où est la grande robe de couleur de crocus qui fut tissée pour Athéna, et sur laquelle les Dieux combattaient contre les Géants ? Où est l’immense velarium que Néron étendait au-dessus du Colisée de Rome, et où étaient représentées les constellations, avec Apollon menant un char attelé de chevaux fougueux ? Comme on aimerait à voir les curieuses nappes brodées pour Héliogabale, et sur lesquelles étaient figurés tous les mets délicats, toutes les viandes qu’on pouvait demander pour un festin, ou bien le drap mortuaire de Chilpéric avec ses trois cents abeilles d’or, ou bien les robes fantaisistes qui excitèrent l’indignation de l’évêque de Pont, et sur lesquelles étaient brodés « des lions, des panthères, des ours, des chiens, des forêts, des rochers, des chasseurs, – bref tout ce que les peintres peuvent copier dans la nature » ! Charles d’Orléans avait un justaucorps qui portait brodés sur les manches les vers d’une pièce qui commence ainsi : Madame, je suis tout joyeux…et l’accompagnement musical des mots était figuré au moyen de fils d’or, pendant que les notes, dont la forme était carrée, étaient indiquées par quatre perles. La chambre préparée dans le palais, à Reims, pour la reine Jeanne de Bourgogne était décorée de « mille trois cent vingt et un papegauts (perroquets) exécutés en broderie et portant les armes du roi de France, et de cinq cent soixante-un papillons sur les ailes desquels étaient pareillement figurées les armes de la reine, le tout brodé en or fin. » Catherine de Médicis se fit faire un lit de deuil en velours noir brodé de perles, avec des semis de croissants et de soleils. Les rideaux en étaient de damas avec des couronnes et des guirlandes de feuillage disposées sur un fond d’or et d’argent, les bords garnis de franges avec broderies de perles. Ce lit était placé dans une chambre tendue de pièces de velours noir ou de drap d’argent sur lesquelles étaient représentées en rangées les devises de la reine. Louis XIV possédait dans son appartement des cariatides de quinze pieds de haut, représentées en broderie. Le lit de parade de Sobieski, roi de Pologne, était fait en brocart d’or de Smyrne, brodé de turquoises et de perles, avec des versets tirés du Coran, les supports en étaient de vermeil, montés avec art, et ornés d’une profusion de médaillons émaillés ou sertis de gemmes. Il l’avait pris dans le camp turc devant Vienne, et l’étendard de Mahomet avait flotté sur lui. La duchesse de La Ferté avait un costume en velours d’un rouge brun, dont la jupe disposée en plis gracieux était retenue en place par de gros papillons en porcelaine de Dresde ; le devant consistait en un tablier sur lequel était brodé un orchestre de musiciens formant un groupe pyramidal, composé de six rangs d’exécutants, dont les instruments étaient figurés par un travail à l’aiguille, en relief. « Tout cela s’en est allé dans la nuit, depuis le premier jusqu’au dernier » ainsi, que le chante M. Henley dans sa charmante ballade des Acteurs défunts. Bon nombre des faits rapportés au sujet des corporations de brodeurs par M. Lefébure, sont aussi des plus intéressants. Étienne Boileau, dans son Livre des Métiers, nous apprend qu’il était interdit à un membre de la corporation, d’employer de l’or dont la valeur fût inférieure à « huit sous » (environ six shellings) l’écheveau. Il était tenu d’employer la meilleure soie, de ne jamais mêler du fil avec de la soie, parce que son produit était dès lors trompeur et mauvais. L’échantillon ou chef-d’œuvre imposé à un ouvrier, qui était fils d’un maître brodeur, consistait en une figure isolée, au sixième de la grandeur naturelle, avec les nuances représentées en or, tandis qu’un ouvrier qui n’était point fils de maître était astreint à présenter un incident complet à personnages multiples. Le Livre des Métiers mentionne aussi des coupeurs, des faiseurs de patrons et des enlumineurs, parmi les gens employés dans l’industrie de la broderie. En 1551, la corporation parisienne des brodeurs prit une décision d’après laquelle, « désormais les coloris dans la représentation des figures nues et des têtes, devaient être exécutés par trois ou quatre nuances de soie teinte couleur de chair, et non plus, comme autrefois, en soie blanche ». Pendant le quinzième siècle, toute maison de quelque importance avait son brodeur engagé à l’année. De même la préparation des couleurs, ainsi que nous l’apprend M. Lefébure, tant pour la peinture que pour teindre les fils et les tissus, était l’objet de soins minutieux pour les artistes du Moyen Âge. Plusieurs entreprirent de longs voyages dans le but d’obtenir les recettes les plus fameuses, dont ils faisaient des liasses, y ajoutant, les modifiant selon les données de l’expérience. Les grands artistes eux-mêmes ne dédaignaient pas de fournir des dessins pour la broderie. Raphaël en fit pour François Ier, Boucher pour Louis XV, et dans la collection Ambras, à Vienne, il existe une superbe série de vêtements sacerdotaux exécutés d’après des dessins des frères Van Dyck et de leurs élèves. Dès les débuts du seizième siècle, on publia des livres contenant des dessins pour broderie, et le succès en fut tel qu’en peu d’années, les imprimeurs français, allemands, italiens, flamands et anglais firent paraître des volumes de très grand format, contenant des modèles exécutés par leurs meilleurs graveurs. Dans ce même siècle, et pour donner aux dessinateurs le moyen d’étudier directement la nature, Jean Robin créa un jardin, avec serres, où il cultivait des variétés étranges de plantes, alors peu connues dans nos latitudes. Les riches brocarts et brocatelles de l’époque ont pour caractère l’emploi de grands motifs tirés des fleurs, avec des grenades et autres fruits pourvus de leur feuillage. La seconde partie du livre de M. Lefébure est consacrée à l’histoire de la dentelle, et bien que tout le monde puisse ne pas y prendre autant d’intérêt qu’à la première, elle vaut, et au-delà, la peine qu’on se donnera de la lire. Quant aux personnes qui cultivent encore cet art si délicat et si plein de fantaisie, elles y trouveront des idées précieuses, et en même temps quantité de dessins de la plus grande beauté.
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