IILe monde est très sévère pour ceux qui vont à sa traverse.
Il impose ses règles et accable ceux qui osent penser par eux-mêmes, ceux qui se hasardent à demander à leur propre jugement de décider jusqu’à quel point, ils veulent que leur individualité et leur caractère naturel soient frappés de son sceau, soient modelés par les doigts de plomb de la convention.
Vraiment la convention est la pierre angulaire sur laquelle reposent les assises fragiles du temple de notre civilisation superficielle.
Et quiconque bronchera, contre cette pierre sera broyé, et celui sur qui cette pierre s’appesantira sera réduit en poussière.
Si le monde voit quelque chose, il ne peut le comprendre, il assigne les motifs les plus bas à tout ce qui l’inquiète, supposant l’existence de quelque honte secrète, idée dont, du moins, une intelligence étroite est capable de concevoir la conception.
Les gens du pays ne regardèrent pas longtemps leur prêtre comme un saint, et son acolyte comme un ange.
Ils parlaient toujours d’eux avec l’haleine courte et un doigt sur leurs lèvres.
Ils s’écartaient toujours de leur chemin quand ils rencontraient l’un d’eux, mais aujourd’hui ils se groupaient par deux ou par trois et branlaient leurs têtes.
Le prêtre et l’acolyte n’y faisaient pas attention. Ils n’avaient même pas remarqué les coups d’œil soupçonneux et les murmures à demi étouffés.
Chacun d’eux trouvait en l’autre une sympathie parfaite et un amour parfait. Que leur importait maintenant le monde extérieur ?
Chacun d’eux était pour l’autre le parfait accomplissement d’un idéal à peine préconçu : ni le ciel ni l’enfer n’eussent pu leur offrir davantage.
Mais la pierre angulaire de la convention avait été sapée : le temps ne pouvait être loin où elle croulerait.
***Le clair de lune était pur. Le clair de lune était magnifique.
L’air froid de la nuit était alourdi du parfum des fleurs surannées qui s’épanouissaient à profusion dans le petit jardin.
Mais, dans la petite chambre du prêtre, les rideaux strictement tirés étaient clos à toute la beauté de la nuit.
Totalement oublieux du monde, absolument étrangers à tous les êtres sauf à un seul, ravis dans les visions superbes d’un amour qui dépassait en splendeur toutes les splendeurs de la nuit estivale, le prêtre et le petit acolyte étaient ensemble.
L’enfant s’était assis sur ses genoux, ses bras étroitement serrés autour du cou de Ronald, et ses boucles d’or appuyées aux cheveux ras du prêtre. Sa chemise de nuit blanche faisait un contraste étrange et superbe avec le noir terne de la longue soutane de l’autre.
Un pas résonna de l’autre côté de la route, un pas qui allait se rapprochant. Puis, on frappa à la porte.
Ils n’entendirent pas.
Complètement absorbés l’un dans l’autre, enivrés de la douce boisson empoisonnée qui est le don de l’amour, ils demeuraient assis dans le silence.
Mais maintenant c’était la fin : le coup était porté déjà.
La porte s’ouvrit et alors se dressa devant eux, sur le seuil, la haute silhouette du recteur.
Nul ne parla, mais le petit enfant se pressa plus étroitement contre son bien-aimé et ses yeux devinrent grands de peur.
Alors le jeune prêtre se leva lentement et déposa l’enfant à terre.
– Il vaut mieux que vous partiez, Wilfrid, dit-il seulement.
Les deux prêtres demeurèrent en silence, regardant l’enfant qui s’esquivait par la fenêtre, courait sur le gazon et disparaissait dans la chaumière en face.
Alors, les deux prêtres se retournèrent et se firent face l’un à l’autre.
Le jeune prêtre s’écroula dans son fauteuil. Il croisa ses mains, et attendit que l’autre parlât.
– Ainsi cela en est venu là, dit le recteur. On n’avait dit que trop vrai dans ce qu’on m’avait rapporté. Ah ! Dieu ! Est-il possible qu’une chose pareille soit arrivée ici, que ce soit à moi qu’il incombe de démasquer votre honte… notre honte ! Est-il possible que ce soit moi qui doive vous livrer à la justice et vous voir charger du lourd châtiment de votre crime ? N’avez-vous rien à dire ?
– Rien… Rien, répliqua-t-il lentement, je ne puis implorer votre pitié. Je ne puis fournir d’explication ; vous ne me comprendriez jamais. Je ne vous demanderai rien pour moi. Je ne vous demanderai pas de m’épargner ; mais songez au terrible scandale pour notre chère Église.
– Il vaut, mieux affronter ce terrible scandale et arriver ainsi à ce qu’il y soit porté remède. C’est folie de cacher un ulcère. Il vaut mieux publier toute notre honte que de la laisser suppurer.
– Songez à cet enfant…
– C’était à vous de songer à lui. Vous auriez dû penser à lui auparavant. Que m’importe à moi sa honte ? C’est votre affaire. D’ailleurs, je ne l’épargnerais pas si je le pouvais. Quelle pitié puis-je ressentir pour-un être pareil ?
Mais l’homme jeune s’était levé, les lèvres pâles.
– Silence ! dit-il d’une voix basse… Je vous défends de parler de lui devant moi autrement qu’avec respect.
Et il répéta lentement, comme s’il se parlait à lui-même :
– Autrement qu’avec révérence, autrement qu’avec dévotion.
L’autre gardait le silence, frappé de terreur à cette minute.
Alors, sa colère s’éleva :
– Osez-vous parler ainsi ouvertement ? Où est votre repentir ? votre honte ? N’avez-vous pas le sentiment de l’horreur de votre crime ?
– Il n’y a pas là de crime dont je doive avoir de la honte, répondit-il très tranquillement. C’est Dieu qui m’a inspiré mon amour pour lui et c’est Lui qui lui a inspiré son amour pour moi. Qui donc, ici, oserait résister à Dieu et à l’amour qui est un don de Lui ?
– Osez-vous profaner le nom d’amour en appelant une pareille passion de l’amour ?
– C’est l’amour, l’amour parfait. C’est le parfait amour.
– Je n’en dirai pas davantage à cette heure. Demain, tout sera connu. Grâce à Dieu, vous paierez chèrement toute cette honte, ajouta le recteur dans un soudain éclat de colère.
– Je suis navré que vous n’ayez pas de pitié, mais ce n’est pas que je craigne ni le scandale ni le châtiment pour moi. Mais d’un chrétien il est rare qu’on puisse attendre de la pitié, ajouta le jeune prêtre comme se parlant à lui-même.
Le recteur se retourna tout à coup vers lui et lui tendit la main.
– Que le Ciel me pardonne ma dureté de cœur ! dit-il. J’ai été cruel. Dans ma détresse j’ai parlé avec cruauté. Ah ! ne pouvez-vous rien dire pour excuser votre crime ?
– Non. Je ne pense pas que je puisse rien faire de bon ainsi. Si j’essayais de nier toute culpabilité, vous penseriez seulement que je mens. Quand bien même je prouverais mon innocence, ma réputation, ma carrière, tout mon avenir seraient à jamais perdus. Mais voulez-vous m’écouter un instant ? Je vais vous dire quelque chose de ma vie.
Le recteur s’assit, tandis que le desservant lui contait l’histoire de son existence, assis devant sa fenêtre, son menton appuyé sur ses mains croisées.
– J’ai été élevé, vous le savez, dans une grande école publique.
« J’ai toujours été très différent des autres enfants. Jamais je n’ai aimé les jeux.
Je m’intéressais peu aux choses qui, d’ordinaire, passionnent les enfants.
Je n’ai pas eu de grand bonheur dans mon enfance, il me semble.
Ma seule ambition était d’atteindre l’idéal, après lequel j’aspirais.
Il en a toujours été ainsi.
J’ai toujours eu une aspiration indéfinie vers quelque chose, un vague quelque chose qui ne prenait presque jamais forme, que je ne pouvais presque jamais comprendre.
Mon grand désir était de trouver quelque chose qui me satisferait.
J’étais attiré autrefois par le péché. Toute ma vie d’enfant est souillée, est polluée de la contamination du péché. Parfois, même maintenant, je crois qu’il y a des péchés plus beaux que toutes les choses de ce monde. Il y a des vices qui sont destinés à attirer presque irrésistiblement quiconque aime la beauté par-dessus tout.
J’ai toujours cherché l’amour.
Bien des fois, j’ai été la victime d’accès de passion.
Bien des fois, j’ai cru enfin avoir trouvé mon idéal.
D’innombrables fois, l’objectif unique de ma vie a été de conquérir l’amour de certains êtres. Souvent mes efforts ont été couronnés de succès : chaque fois je me suis aperçu que, tout bien considéré, le succès que j’avais obtenu était sans nul prix.
Sûr que j’avais remporté la victoire, elle avait perdu toute attraction et je n’avais plus nul souci de ce qu’avant je désirais de tout mon cœur.
C’est en vain que je m’efforçais de calmer les élans de mon cœur par les plaisirs et les vices qui attirent d’habitude la jeunesse.
J’avais l’âge de faire choix d’une profession. Je devins prêtre. Toutes les tendances esthétiques de mon âme étaient attirées d’une façon intense vers les admirables mystères du Christianisme, l’artistique beauté de nos cérémonies.
Même depuis mon ordination, j’ai dû me leurrer moi-même de la croyance que j’avais enfin la paix, que les aspirations de mon cœur étaient enfin satisfaites ; mais tout cela était vain.
Sans cesse j’ai lutté contre l’excitation des vieux désirs, et par-dessus tout la soif épuisante, la soif incessante du parfait amour.
J’ai trouvé, je trouve encore d’exquises délices dans la religion, non pas dans les devoirs réguliers d’une vie religieuse, ni dans la routine ordinaire de l’administration paroissiale – cela c’est mon continuel cauchemar ; – non, je me délecte de la beauté, esthétique des cérémonies, des extases dévotes, de la ferveur passionnée qui survient après les longs jours et la méditation. »
– N’avez-vous pas trouvé de réconfort dans la prière ? demanda le recteur.
– Du réconfort, non ! Mais j’ai trouvé dans la prière plaisir, excitation, presque un ardent délice du péché.
– Vous auriez dû vous marier. Je crois que vous vous seriez sauvé.
Donald Heatherington se leva tout droit et mit sa main sur le bras du recteur.
– Vous ne me comprenez pas.
« Dans ma vie, aucune femme n’a exercé d’attraction sur moi.
Ne voyez-vous pas que les hommes sont différents, très différents les uns des autres ?
Penser que nous sommes tous les mêmes, c’est impossible : nos natures, nos tempéraments sont entièrement dissemblables. Mais c’est là ce qu’on ne veut jamais voir : tout le monde raisonne sur une loi fausse.
Comment les déductions pourraient-elles être justes quand les prémisses sont erronées ?
Une loi établie par la majorité qui est d’un même tempérament, ne lie la minorité que légalement. Moralement elle n’est pas liée.
Quel droit avez-vous, vous ou n’importe qui, à me dire que ceci ou cela est un crime ? Oh ! que ne puis-je vous expliquer… que ne puis-je vous forcer à voir ? »
Et son étreinte serrait le bras de l’autre.
Puis, il continua, parlant d’un ton ferme, d’une voix chaleureuse :
Pour moi, avec ma nature, me marier eût été un crime. Oui, c’eût été un crime, une monstrueuse immoralité et ma conscience se fût révoltée.
Puis il ajouta amèrement :
– La conscience, n’est-ce pas cet instinct divin qui nous ordonne de rechercher ce qu’exige notre tempérament naturel ?
« Nous avons oublié cela.
Pour beaucoup d’entre nous en ce monde, que dis-je ? pour tous les chrétiens en général, la conscience n’est qu’un autre nom pour la lâcheté qui craint de se heurter aux conventions. Ah ! quelle maudite chose que la convention !
Je n’ai dans le fait commis aucune offense morale. Aux yeux de Dieu, mon âme est sans reproche : mais pour vous et pour le monde je suis coupable d’un abominable crime, abominable parce que c’est une faute contre la convention, ma foi.
J’ai rencontré cet enfant, je l’ai aimé comme je n’ai jamais aimé rien ni personne auparavant. Je n’eus pas besoin d’effort pour obtenir son affection. Il m’appartenait de droit. Il m’aimait comme je l’aimais : il était le complément nécessaire de mon âme.
Comment le monde aurait-il l’audace de vouloir nous juger ? Qu’est-ce que les conventions pour nous ?
Cependant, bien que je pense que cet amour était beau, qu’il était irréprochable, bien qu’au fond de mon cœur je n’aie que du mépris pour le jugement étroit du monde, pour l’amour de lui, pour l’amour de notre Église, j’ai d’abord essayé de résister.
J’ai lutté contre la fascination qu’il possédait sur moi.
Je ne serais jamais allé à lui, je ne lui aurais jamais demandé son amour. J’aurais lutté jusqu’à la fin ; mais que pouvais-je faire ?
Ce fut lui qui vint à moi et m’offrit le trésor d’amour que possédait sa belle âme.
Comment pouvais-je révéler à une nature comme la sienne quel hideux portrait en peindrait le monde ?
Jusqu’au moment où vous l’avez vu ce soir, il est venu à moi toutes les nuits.
Comment aurais-je osé troubler la douce pureté de son âme en faisant allusion aux horribles soupçons que pouvait susciter sa présence ?
Je savais ce que je faisais.
J’ai regardé le monde en face et je me suis dressé contre lui. J’ai ouvertement raillé ses arrêts.
Je ne réclame pas votre compassion. Je ne vous prie pas d’arrêter votre main.
Vos yeux sont aveuglés par une cataracte mentale. Vous êtes garrotté par ces misérables liens qui vous ont entravé corps et âme dès le berceau.
Vous devez faire ce que vous croyez votre devoir.
Aux yeux de Dieu, nous sommes des martyrs et nous ne reculerons même pas devant la mort dans cette bataille contre le culte idolâtre de la convention. »
Donald Heatherington s’écroula dans un fauteuil, cachant son visage dans ses mains, et le recteur quitta silencieusement la pièce.
Durant quelques minutes, le jeune prêtre demeura assis, sa tête plongée dans ses mains.
Puis, avec un soupir, il se leva et glissa à travers le jardin jusqu’à ce qu’il fût sous la fenêtre ouverte de son bien-aimé.
– Wilfrid, appela-t-il doucement.
Le joli visage, pâle et humide de larmes, apparut à la fenêtre.
– J’ai besoin de vous, mon chéri. Voulez-vous venir ? murmura-t-il.
– Oui, père, répondit doucement l’enfant.
Le prêtre le ramena jusqu’à sa chambre.
Là, le prenant dans ses bras très doucement, il essaya de réchauffer, avec ses mains, ses petits pieds froids.
– Mon chéri, tout est perdu.
Et il lui dit, aussi délicatement, qu’il le put, ce qui les menaçait.
L’enfant cacha son visage sur son épaule en pleurant doucement.
– Ne puis-je rien pour vous, cher père ?
Il se tut un moment.
– Oui, vous pouvez mourir pour moi : vous pouvez mourir avec moi.
De nouveau, les petits bras tendres s’enlacèrent autour de son cou et les lèvres chaudes, les lèvres aimantes baisèrent les siennes.
– Pour vous je ferai tout. Père, mourons ensemble.
– Oui, mon chéri. C’est le mieux. Nous mourrons.
Alors très tranquillement et très tendrement il prépara son petit compagnon à la mort.
Il entendit sa dernière confession et lui donna sa dernière absolution.
Puis, ils s’agenouillèrent ensemble, la main dans la main, devant le crucifix.
– Priez pour moi, mon chéri.
Alors leurs prières s’élevèrent ensemble en silence pour que Dieu ait pitié du prêtre qui était tombé dans la terrible bataille de la vie.
Jusqu’à minuit, ils demeurèrent à genoux.
Alors Ronald prit l’enfant dans ses bras et le porta dans la petite chapelle.
– Je dirai la messe pour le repos de nos âmes, dit-il.
Sur sa chemise de nuit, l’enfant passa lui-même sa petite robe rouge et sa petite aube de dentelle. Il couvrit son petit pied nu de ses souliers rouges d’église.
Il alluma les cierges et aida révérencieusement le prêtre à se vêtir.
Puis, avant de sortir de la sacristie, le prêtre le prit dans ses bras et le pressa sur son cœur.
Il caressa de la main sa chevelure soyeuse et lui parla tout bas d’un ton encourageant.
L’enfant pleurait doucement. Son corps grêle tremblait aux sanglots qu’il avait peine à réprimer.
Au bout d’un moment, la tendre étreinte le consola et il leva son joli visage vers celui du prêtre.
Leurs lèvres se touchèrent et leurs bras les enveloppèrent dans une étroite embrassade.
– Ô mon chéri, mon doux chéri, murmura tendrement le prêtre.
– Bientôt nous serons à jamais ensemble ; rien ne nous séparera maintenant, dit l’enfant.
– Oui, cela vaut mieux ainsi. Il vaut mieux être ensemble dans la mort que de vivre séparés.
Dans la nuit silencieuse, ils s’agenouillèrent devant l’autel tandis que les lueurs des cierges donnaient un étrange relief aux contours du crucifix.
Jamais la voix du prêtre n’avait résonné avec une si étonnante ardeur. Jamais l’acolyte n’avait répondu avec autant de dévotion qu’à cette messe de minuit célébrée pour le repos de leurs âmes qui allaient s’envoler.
Juste avant la consécration, le prêtre tira de la poche de sa soutane une petite fiole et en versa le contenu dans le calice.
Quand le moment vint pour lui de vider le calice, il le porta à ses lèvres, mais il ne les y plongea pas.
Il fit boire le liquide consacré à l’enfant et alors il prit le beau calice d’or rehaussé de pierres précieuses dans sa main.
Il se retourna vers l’enfant, mais en voyant son clair visage il se retourna vers le crucifix avec une plainte basse.
Un instant le courage lui manqua : alors il se tourna vers son petit compagnon et porta le calice à ses lèvres.
« Que le sang de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été versé pour toi, préserve ton corps et ton âme dans la vie éternelle. »
Jamais le prêtre n’a lu un si parfait amour, une si parfaite confiance dans ces chers yeux que ceux qui y brillent maintenant, maintenant que le visage levé vers lui, il reçoit la mort des mains aimantes de celui qu’il a le plus aimé dans la monde.
Sitôt qu’il l’eût reçue, Ronald tomba à genoux à côté de lui et vida le calice jusqu’à la dernière goutte.
Il le posa à terre et entoura de ses bras le joli visage de son acolyte tendrement aimé.
Leurs lèvres se rencontrent en un dernier b****r de parfait amour et tout est fini.
Quand le soleil se leva dans les cieux, il jeta un large rayon sur l’autel de la petite chapelle.
Les cierges brûlaient encore, à peine à demi consumés.
Le triste visage du crucifié était suspendu près de l’autel dans un calme majestueux.
Sur les marches de l’autel, le long corps d’ascète du jeune prêtre, drapé dans les vêtements sacré, s’étendait, et près de lui, sa tête bouclée posée sur les riches broderies qui couvraient ses épaules, était couché ce bel acolyte vêtu de pourpre et de dentelles.
Leurs bras étaient enlacés et un silence étrange couvrait tout comme un linceul.
Et quiconque bronchera, contre cette pierre sera broyé et celui sur qui cette pierre s’appesantira sera réduit en poussière.
Juin 1894.