9.Double évasion Tout bruit s’était éteint dans le palais impérial de Si-Ngan-Fou, et, sous l’empire du saké et du chao-tsiou qui avaient coulé à flots en cette fin de solennité guerrière, gardes, eunuques, serviteurs, s’étaient écroulés dans les vastes couloirs et sur les marches de marbre de la vieille demeure des Ming. Un abrutissement formidable, tel qu’on en rencontre certains soirs dans les tavernes de Hong-Kong et de Changhaï parmi les matelots et les coolies, terrassait tous les acteurs et les spectateurs de la dramatique parade de la veille. Devant la paroi du fond de sa chambre, formée de petites glaces carrées qu’encadraient de lourdes baguettes d’ébène incrustées de nacre, Luc Harn se considérait attentivement. Il était fier de son œuvre. Et il avait le droit de l’être, car