Partie 11 :
… : Seigneur, nous avons du mal à comprendre que l’on puisse mourir si jeune, qu’une vie soit brisée alors qu’elle commençait à s’éveiller. Tu nous vois déchirés et abattus ; la mort de Glenn Jovic nous semble une injustice. Alors, nous nous tournons vers toi pour te dire notre peine. Ne nous laisse pas seuls au fond de notre tristesse ; aide-nous à supporter le vide qui s’est creusé parmi nous ; fortifie notre espérance au-delà de notre souffrance. Accueille Glenn Jovic NGUEMA OBIANG comme un père accueille en sa maison son fils; donne-lui le bonheur que tu promets et l’éternelle jeunesse de Jésus-Christ.
Nous étions à la veillée mortuaire, c’est triste de le dire mais Glenn nous a bel et bien quitté. Magalie et moi sommes aux côtés d’Anouchka qui après avoir vu le corps de son fils n’a plus versé une seule larme, il faut le voir pour le ressentir car je ne saurai les mots pour vous décrire le désarroi d’une mère, seule celles qui ont déjà vécu ce genre de situation ou une similarité comprendront plus facilement. Quand on vous arrache du jour au lendemain votre enfant, que vous devez l’enterrer et lui dire non pas au revoir mais adieu. Le plus difficile c’est de tourner la page, d’avancer et d’essayer d’oublier le passé, de vivre avec cette absence et de se construire une nouvelle vie…
… : La maman du petit garçon aimerait-elle dire quelques mots ? Demanda le prêtre.
Anouchka hochait la tête en guise de oui et se leva, elle se dirigeait vers l’hôtel où elle prit appuie sur le pupitre. Elle regarda l’assistance pendant longtemps. Ses yeux semblaient disparaitre et se perdre dans la salle. Son regard ne traduisait rien, il était vide, faible, mort on avait l’impression qu’elle n’était plus là…
… : Mon enfant, mon trésor, toi, la chair de ma chair que j’ai porté, enfanté, nourri, bercé, soigné, veillé, tenu par la main au fil des heures sombres et des jours heureux… Mon enfant, mon amour, transfiguré dans la lumière, je crois que tu n’as rien perdu de tout ce qui fait de toi un être unique. Tu es irremplaçable pour Dieu, pour ton père et pour ta mère. Mon enfant, mon chéri, nous voulons garder l’image des jours heureux quand ton sourire illuminait ton visage. Mon enfant aujourd’hui de nouveau-né, ta présence nouvelle se lève dans notre cœur comme un soleil de printemps qui nous illumine et chasse les ténèbres du désespoir qui nous engloutissaient…
Disait Anouchka rompant ainsi le silence dans lequel elle était plongée depuis tout à l’heure. La tristesse, la douleur et l’anéantissement se lisaient dans sa voix. Puis elle reprit mais cette fois ci en levant les yeux vers le ciel comme pour l’implorer.
… : Mon enfant, mon ange, nous osons te prier ! N’es-tu pas, désormais, plus proche que nous de l’amour brûlant du cœur de Dieu ! Nous te prions de nous aider à ne pas nous épuiser à te retenir dans un passé qui n’est plus. Mon enfant bien-aimé, puisque tu es devenu notre aîné dans cette longue ascension vers Dieu, prends-nous par la main pour que nous ayons la force d’aller plus loin, donne-nous le courage de nous dépasser pour atteindre cette joie lumineuse où tu nous as précédé. Mon enfant, ton sourire nous manque mais nous croyons que ton amour pour nous est immortel….
La veillée mit encore un peu de temps avant que nous nous en alliâmes.
- Kevin… On s’en va… Dit Anouchka à ce dernier qui restait figé devant le cercueil qui renfermait le corps inerte de son petit frère.
Vous diriez peut-être qu’il n’avait pas le droit d’être là car il est trop jeune pour assister à ce genre de cérémonie ou encore que ce serait traumatisant pour lui mais il n’est en rien notre faute, Kevin avait tenu seul à assister à cette veillée « laissez-moi lui dire adieu… » Avait-il dit. Anouchka n’y avait pas vue d’inconvenant car quiconque mieux que Kevin comprenait ce qu’ils traversaient. ?
Ils n’y avaient pas grand monde à la veillée, juste quelques amis proche d’Anouchka, les parents de Magalie, les miens également maman ne cessaient de conseiller Anouchka, qu’elle ne devrait pas retenir Glenn et qu’elle devait accepter le fait qu’il soit partit. Je trouvais Anouchka très forte surement parce que Kevin était là qu’elle s’efforçait de ne pas faiblir et de ne cesser de marcher la tête haut car les circonstances de la mort de Glenn n’ont rien de normal, je n’aurais jamais pu laisser mon fils partir mais avait-elle seulement le choix ? Et lequel serait-il celui de se donner la mort ? Non elle avait Kevin elle devait être forte pour lui-même si je savais qu’elle pleurait lorsqu’elle se retrouvait seule.
Je passais maintenant beaucoup de temps chez elle j’y dormais même encouragée par maman, elle me disait que je devais être là pour Anouchka car elle avait besoin de mon soutien. Ce soir-là j’avais dormi chez Anouchka, je n’arrivais pas à trouver le sommeil, j’avais donc décidé de me rendre à la cuisine histoire de me faire à manger lorsque j’entendis des pleurs me parvenir, guider par les reniflements qui me conduisait dans la chambre de Kevin je toquais 3 fois avant d’y entrer, il avait séché ses larmes et s’était allongé sur le lit de son petit-frère.
- N’ait pas peur d’exprimer ton chagrin. Lui avais-je dis en m’asseyant près de lui.
- Sniff non ce n’est rien tata ne t’en fais pas. M’avait-il donné comme réponse.
- Kevin, ce que je vais te demander est très dur mais tu as 7 ans maintenant bientôt 8 ans, tu es en âge qu’on t’explique bien les choses et de les comprendre.
- …
- Il faut que tu sois fort, pour toi, pour ta maman. Glenn a eu un accident très grave et il nous a quittés, je suis sûr que son âme se rend au paradis mais pour cela il faut que ta maman et toi soyez prêts à le laisser partir. Il n’est certes plus là de chaire mais dis-toi qu’il veille sur vous depuis là-haut, c’est votre nouveau protecteur. Ta maman est très faible, elle ne le montre pas mais elle souffre beaucoup que Glenn soit parti, tu dois l’aider à avancer car il ne lui reste plus que toi.
- Oui tata Chanci… Glenn aussi me l’a dit.
- hein !?
- j’ai vue Glenn tata chanci, je l’ai vu aujourd’hui, il m’a parlé et m’a demandé d’être fort, de ne pas pleurer et de sécher les larmes de maman mais il me manque tant… Il me manque…
Je le prenais dans mes bras en le serrant très fort.
- Ça ira mon cœur, ça ira, Glenn est toujours là, dans nos cœurs, dans nos souvenirs il demeure à jamais dans notre mémoire, il ne te quittera jamais…
- Sniiff… oui tata sniiiif…
Kevin avait fini par s’endormir, j’avais regagné la chambre d’Anouchka par la suite où je trouvais cette dernière éveillée.
- Tu ne dors pas ? Demandais-je.
- non, j’ai plus sommeil. Répondit-elle.
Je m’engouffrais dans le lit, sous les draps avant de me tourner à nouveau vers Anouchka.
- Pourquoi as-tu refusé que ta famille t’assiste ?
Elle me lança un regard noir.
- Je ne voulais pas d’eux ! Je ne voulais pas les voir ! Je ne voulais pas leur argent sale là !!! S’écriait-elle.
- Anouchka…
- Non ! Écoute-moi ! Tu as posé une question je te réponds ! Qui sont ces gens hein ! Qui sont-ils ! Ma famille !? Laisse-moi rire !!! Dit-elle avec ironie. Quand mon fils était encore vivant où étaient-ils ! Où étaient-ils quand je venais frapper à leur porte juste pour avoir un petit 10000fcfa pour acheter les médicaments de mes enfants quand ils tombaient malades ?! C’est même gens qui m’ont chassé de la maison de mes parents avec deux gosses sous les bras je n’avais même pas 18ans sans un sous ! Sans un rond ! Livré à mon triste sort ! Si ce n’était pas Magalie je ne sais même pas si j’aurais pu trouver un toit pour éduquer mes enfants…
- …
- Et tu viens me parler de famille ! Des êtres horribles qui n’ont jamais voulu me tendre leurs mains ! C’est quand mon fils meurt qu’ils défilent ici avec leurs voitures, leurs enveloppes et autre comme pour se moquer de moi ! Comme pour s’assurer que mon fils est bien mort et qu’ils peuvent pousser un cri de soulagement ! Je suis désolée mais qu’ils aillent se faire foutre avec leurs argents et leurs soutiens ! J’avais besoin d’eux quand mon fils était en vie mais ils m’ont tous sans exception tourné le dos alors oui moi aussi j’ai plus besoin d’eux !
- …
- Tout cela parce que j’ai eu un enfant à 14ans ! Ils m’en ont tous voulu ! Hum ils peuvent rirent Chanci, ils peuvent se moquer de moi aujourd’hui mais je me battrais ! Je me battrais pour que Glenn soit fier de moi ! Pour le dernier enfant qu’il me reste, oui Chanci je ne baisserai pas les bras pour qu’ils continuent de venir m’humilier mon fils et moi !? Des sorciers comme ça ! Des vautours ! Des gens qui n’attendent que l’annonce d’un décès pour se manifester ! Non Chanci ils n’ont pas voulu de moi, je n’aurai pas besoin d’eux ! J’ai mon fils c’est ma seule famille, je vous ai vous.
- …
- Tu sais la famille ce n’est pas seulement les personnes avec qui tu as des liens de sang mais c’est beaucoup plus des personnes sur qui tu peux compter, avec qui tu partages tes joies, tes peines, ces personnes-là qui n’ont pas besoin que tu les appelle pour savoir que tu vas mal, la famille c’est tes amis, tes sœurs, etc., c’est toutes ces personnes-là qui ne te tournent pas le dos. C’est ça une famille et la mienne je l’ai, je vous ai vous, je n’ai nul besoin du reste.
- ne sois pas dure envers toi-même… Dis-je en la prenant dans mes mains.
- Je serai forte Chanci, pour Kevin, pour Glenn mon Dieu pour mon fils disparu je serai forte…
- Et je n’en doute nullement.
Anouchka et moi finîmes par nous endormir. La vie reprenait son cours bien que les choses n’étaient plus tels quelles étaient. Notamment pour Anouchka elle ne s’était toujours pas remise de la mort de Glenn mais surtout elle semblait vouloir tout abandonner, elle s’était réfugiée dans son monde à elle refusant ainsi de nous laisser entrer ou de la sortir de là, j’avais mal pour Kevin lorsque je portais mon regard sur ce petit mon cœur se serrait.
Depuis la mort de son frère Kevin avait changé du tout au tout, lui qui jadis détestait l’école et passait son temps à jouer avec son frère et leurs amis est devenu quelqu’un de très studieux à seulement 7ans et demi, quand il rentre il fait ses exercices quand il n’a rien à faire il lit, pas des b****s dessinées et autre mais l’union.
J’avais l’impression que Glenn était partit avec son enfance, avec tous les plaisirs de l’enfance de Kevin. De ce fait il ne jouait plus avec les autres, avec personne dirais-je. Il ne parlait plus beaucoup lui qui jadis était des plus bruyant, il passait son temps dans sa chambre sur le lit où dormait son frère à lire ou à rêvasser.
Tandis qu’Anouchka elle avait minci, elle perdait du poids à vue d’œil, refusait de se mourir, de sortir de sa maison, d’aller à l’école et au travail, elle était complètement anéantie et Kevin en souffrait. Il faisait, disons tentait tout pour revoir à nouveau le sourire de sa mère mais cette dernière demeurait enfermée dans sa tête c’était comme si plus rien n’existait pour elle, on pouvait croire que Glenn s’en était allé avec son cœur, sa vie…