Partie 10:
Je n’arrivais pas à y croire, ma mémoire me jouait surement un tour. Il avait certes vieilli et son corps avait eu quelques changements dû à l’avancement de son âge mais je restais persuadée que c’était lui.
- ok, vous pourriez voir le jeune homme sous peu, pour le moment il a besoin de repos. Ajouta le docteur.
- Pouvons-nous dormir ici ? Demanda Magalie.
Le monsieur responsable de l’accident de Kevin avait levé la tête afin de voir qui parlait, lorsque nos regards se croisèrent, je ne cessais de le fixer, j’étais convaincue que c’était lui. L’expression qu’il avait affichée confirma ce à quoi je pensais, il plissait de plus en plus les sourcils comme pour se rassurer qu’il ne se trompait pas.
- Chancia ? Demanda-t-il intrigué, comme pour confirmer que j’étais celle à qui il pensait.
- Oui. Affirmais-je.
Il se gratta la tête un long moment avant de se rapprocher de moi.
- mais vous ne pouvez pas tous dormir ici, juste pour cette nuit je peux encore accepter que deux d’entre vous reste. Dit le médecin.
- oui je vais rester avec sa maman qui ne devrait plus tarder. Répondit Magalie.
De mon côté je continuais de fixer le monsieur qui au bout de 5 min m’invita à le rejoindre dehors afin de mieux discuter, je laissais donc Magalie en salle d’attente, la dame qui était venue avec moi étais finalement rentrée chez elle mais elle me laissa son numéro afin que je la tienne au courant de la suite des évènements.
J’étais donc dehors avec le monsieur qui me tournait dos en regardant droit devant lui, il passa sa main sur son visage en se tournant vers moi…
- humm. Expira-t-il. Chancia... hum. Souffla-t-il. Je… Je…
- …
- heu… c’est ton neveu ? Demanda-t-il.
- oui. Répondis-je.
- ah ok. Heu l’enfant de ta sœur ?
- non, d’une amie.
- ah ok. Comment vas-tu ?
- Très bien merci.
- hum oui. Heuu… beuhh… Balbutiait-il.
- Ecoutez Mr Samba si vous n’avez rien à me dire j’aimerais me retirer. Dis-je d’un ton légèrement méprisant.
- attend s’il te plaît… Je… Heuu pff ça me fait juste bizarre de te revoir…
- J’aurais souhaité ne jamais vous revoir moi !
- je sais… Je sais et je le mérite amplement. Dit-il l’air d’un chien battu. Mais je n’avais nullement pitié de lui d’ailleurs pourquoi le devrais-je !
- En tout cas. Bonne soirée monsieur et tâcher de réparer l’erreur que vous venez de commettre, Encore…
- non, ce n’étais pas de ma faute, c’était un accident le petit a surgi de nulle part je n’ai pu…
- Ok ! C’est bon ! L’interrompais-je. Au moins réparez cela là tant que vous le pouvez encore ! Dis-je en m’en allant.
- Attend s’il te plaît… Dit-il en me rattrapant par le bras.
- Lâchez-moi !!! N’osez plus jamais me toucher ! Plus jamais ! Espèce de sale type ! J’aurais souhaité que ce soit vous à la place de mon neveu. Dis-je d’un ton qui traduisait la colère.
- je sais que tu me détestes… Je sais que ce que je vous ai fait est impardonnable, depuis je paye pour cela, je paye tout temps. Dit-il avec un regard pleins de remord. Ce que j’ai fait il y’a 10 ans est impardonnable, je… Je m’en excuse mais je ne suis plus celui que j’étais il y’a jadis, j’ai changé…
- Et alors ! Pensez-vous que le fait d’avoir changé effacera tout le mal que vous avez fait ! Mais vous êtes fou Monsieur vous, vous croyez où !
- Je sais que tu m’en veux mais parle-moi sur un autre ton.
- En plus vous, vous permettez d’exiger le respect. Vous n’êtes plus mon maitre que je sache et qu’à cela ne tienne, vous ne méritez pas mon respect !
J’avais retiré ma main de la sienne en me rendant dans l’hôpital. Monsieur Samba restait dehors pendant 1 quart d’heure environ, j’avais même cru un instant qu’il s’en était allé. J’avais rejoint Magalie et toutes les deux nous attendions Anouchka qui n’avait toujours pas fait surface.
- C’était qui ? Me demanda-t-elle.
- Qui ? Demandais-je à mon tour.
- le monsieur avec qui tu parlais, tu le regardais bizarrement c’était gênant, j’ai dû te pincer pour que tu arrêtes.
- ah lui une très vieille connaissance que j’aurais souhaité ne jamais revoir.
- Pourquoi ?
- pour rien laisse tomber…
Et vous aussi d’ailleurs, ne chercher pas à savoir qui il est car vous l’expliquer serais revivre mentalement ces atrocités, sachez juste que c’était mon maître au primaire. Mr Samba, hum pour moi il était mort voilà qu’il refait surface, j’avais entendu dire qu’il avait quitté le pays alors que faisait-il là ? Pourquoi était-il revenu ? Le fait de le revoir avait réveillé en moi ces souvenirs douloureux mais cela faisait partie de mon passé maintenant j’étais une femme plus forte et je n’avais pas le droit de me retourner afin de m’attarder sur mon passé car dit-on ‘’ vivons le présent, le passé appartient au passé ‘’.
Lassées d’attendre et prise d’une soudaine inquiétude Magalie et moi avions décidé d’aller à la recherche d’Anouchka qui n’avait toujours pas montré le bout de son nez. Magalie avait appelé ses petits frères pour qu’ils mobilisent d’autres petits du quartier afin de retrouver Anouchka qui demeurait introuvable. J’avais peur qu’elle ne commette une bêtise, qu’elle tente quoi que ce soit ou qu’elle se fasse elle aussi enlever. Qui avait bien pu enlever Glenn ? Nul n’avait cette réponse.
- Essaye encore. Demandais-je à Magalie.
- mais Chanci c’est la 13 fois que j’appelle sur son numéro elle ne répond toujours pas, rien, et là je viens de tomber sur son répondeur. M’avait-elle répondu.
- oh mon Dieu pourvu qu’elle ne commette aucune bêtise pardon.
- Il sera bientôt minuit même les petits là m’ont dit qu’il n’y a aucune trace d’elle au quartier.
- oui… Oh ma pauvre copine…
- Tu l’as dit. Mon dieu ce que j’ai mal, j’espère vraiment que la police le retrouvera, je l’espère.
- Souhaitons qu’ils fassent d’abord bien leur travail parce que nos policier là hum.
- je sais ma chérie, mais restons positive, juste pour elle.
- oui… Retournons à l’hôpital, je vais rester avec toi.
- tu as appelé tes parents ?
- oui t’inquiète ils sont au courant.
- hum (oui). Oh lala mon Dieu qu’est-ce que tu nous fais là ?...
C’est à l’hôpital que nous avions retrouvé Anouchka. Elle était adossée contre le mur, le regard perdu et complètement absente. Magalie et moi l’avons fait assoir et nous étions assises à ses côtés.
- Mon bébé… Répétait sans cesse Anouchka.
- On le retrouvera… Ajouta Magalie.
Mais ce ne fût pas le cas. 2 semaines plus tard nous étions toujours sans nouvelle de Glenn et c’est sans oublier le manque de sérieux de nos services de sécurité. Kevin était sorti de l’hôpital et monsieur Samba s’était chargé de tout payer moi je me tenais juste le plus loin possible de lui.
Ça allait de mal en pire, Anouchka ne croyait plus en rien, elle vivait désormais dans le désespoir, elle était devenue très protectrice avec Kevin, vivant dans la peur de se faire enlever l’enfant qu’il lui restait. Papa et maman essayaient eux aussi de donner un coup de main, ils avaient essayé de contacter leurs amis qui pour certains étaient de hautes personnalités mais toujours rien, aucune trace de Glenn.
Les weekends Magalie et moi les passions chez Anouchka mais ce n’était vraiment plus comme avant elle avait vraiment perdu tout espoir, des fois elle appelait Glenn sans s’en rendre compte mais le pire c’était les nuits, elle ne cessait de rêver de lui et d’hurler son nom, Maggie et moi avions le cœur brisé, on avait tellement mal. Maman m’avait demandé d’emmener Anouchka à l’église peut-être que cela lui ferai du bien, mais elle refusait, à vrai dire elle ne mettait même plus pied dehors, que ce soit pour aller au travail où à l’école.
Magalie avait trouvé une remplaçante pour Anouchka car elle risquait de se faire renvoyer. On avait parlé à Anouchka pour qu’elle essaye de se remettre en main pour Kevin, le pauvre n’était plus que l’ombre de lui-même bien normal il aimait tant son petit frère, je les revois courir main dans la main vers moi en s’écriant : « tata chanci, tata cici, tu nous as emmené les gâteaux bédoumes ? Tata cici …» Ce souvenir m’arrache toujours une larme, ce qu’elle peut se montrer injuste la vie, hier encore nous étions en joie, aujourd’hui sans même prévenir la tristesse plane sur nos vies.
Marc avait été mis au courant de la situation par Rahanne, il était désolé, était venu me présenter ses plates excuses pour ce qu’il avait fait, pour la façon dont il s’était conduit mais qu’il n’arrivait plus à supporter mon silence, il voulait que je lui reparle mais je ne faisais toujours pas cas de cela. Je ne lui adressais aucun mot même pas un bonjour rien, il avait fini par faire avec, par se montrer plus attentif et présent qu’avant sans essayer de brusquer les choses, j’aimais bien sa façon de se conduire, il avait dû revoir ses principes et priorités.
- Anouchka…
- hum. Fit-elle en guise de oui.
- Tu ne veux pas qu’on aille prendre un peu l’air ? Marcher un peu… Aller à l’église, aujourd’hui c’est dimanche on peut se rendre à la messe de 10h. Proposais-je.
- non ça va. Répondit-elle.
- Anouchka… Ajouta Magalie, il faut que tu te changes un peu les idées s’il te plaît juste aller à l’église ma copine, prions Dieu il nous aidera…
- Non ! Quel Dieu ! Celui qui s’acharne sur moi là ! Ce Dieu la ! J’irai faire quoi à l’église hein ! Les entendre répéter sans cesse Dieu donne et il reprend c’est ça ! Pense-t-il à ceux qui reste quand-t-il décide de m’enlever mon fils ! Comme ça sans que je ne puisse faire quelque chose ! Comme ça sniiifff… Comme ça sans raison… sniffff oh Glenn mon bébé dit à maman où tu es sniiif dit à maman…
Je comprenais sa colère, son désespoir, sa douleur. Je la comprenais et la ressentait. ‘’ Dieu donne et il reprend ‘’ notre passage sur terre est éphémère nul n’est immortel mais il est toujours difficile pour un parent de perdre son enfant.
- Ya Maggie, ya Maggie ohhh !!! S’écria le petit frère de Magalie qui se dirigeait vers nous en courant, il tenait l’Union (le journal) en main, Ahnoucka, Magalie et moi nous retournions en espérant qu’il nous dira que Glenn a été retrouvé.
- qu’y a-t-il papou ?! Répondit Magalie à son petit frère de 11ans.
- Ya Maggie… Dit-il plus calmement en nous présentant l’Union. Pépito (son frère de 18ans) a dit que je te montre ça… Son ton fit plus calme comme s’il ne voulait pas ébruiter ce qu’il nous montrait.
- Montrer quoi ? Demanda-t-elle en prenant le journal.
- ça… Dit-il en désignant un article du journal se situant dans ‘’ les faits divers ‘’. C’est sur… Regarde Ya Maggie…
Anouchka, se rapprocha en plissant de plus en plus les yeux, Maggie essayait de tenir le journal le plus loin possible d’Anouchka mais cette dernière sentit tout comme moi que ce n’était pas claire.
- Maggie lit l’article là à haut voix ! Exigea Anouchka.
- pourquoi ? C’est à moi que le petit…
- Maggie ! Je te jure que…
- Je vais le faire mais avant sois forte s’il te plaît…
- QUOI !? S’écria Anouchka. Tu dis quoi !? Magalie lit moi cet article !
Elle prit tout d’abord une profonde inspiration ce qui confirma ce à quoi je pensais.
- Francis Ngapoussa un homme de 43 ans sans emploi a été attrapé ce matin par 3 jeunes hommes tentant d’après ces derniers de jeter dans la mer située en face du lycée Léon Mba le corps inerte d’un petit garçon…
- QUOIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII !!!!!!!! S’écria Anouchka en arrachant le journal que tenait Magalie entre les mains, la portant près de son visage elle se figea les secondes suivantes en laissant glisser le journal au sol.
Je l’avais ramassé mais je n’eus besoin que de lire le montage photo présenté à droite la photo d’un homme torse nu et à gauche celle… Celle de Glenn, la photo le présentait allongé les yeux ouverts, le visage tourné vers l’objectif.
J’eus un pincement dans le cœur comme quoi tout espoir de le revoir vivant était vain. Je regardais Anouchka qui n’avait toujours pas bougé d’un pouce, seule ses larmes décrivaient sa douleur.
- rentre à la maison Papou. Demanda Magalie à son petit frère qui visiblement avait aussi de la peine pour Anouchka. Rentre s’il te plaît.
Il s’en alla tandis que Kevin lui faisait son entrée.
- Ma… Maman…
Anouchka se retourna et plongea son regard plein de larme sur son fils.
- maman… Pour… Pourquoi on… Inspira-t-il un long moment pourquoi on montre Glenn à la télé ?... Maman, pourquoi les gens de la télé disent qu’il est mort !? Maman dit moi pourquoi il passe à la télé et qu’il ne bouge plus ?! Maman pourquoi il ne rit pas ?! Maman….
Anouchka se rendit dans son salon sans donner de réponse à son fils, Magalie et moi fîmes de même lorsque la voix du journaliste nous parvenait : « Francis Ngapoussa serait détenu par la PJ (police judiciaire, ce dernier refuse de donner toute explication sur son acte, d’après le médecin légiste sa mort remonte à plus de 24h, surement que le crime a été commis ailleurs. Quant à la famille du petit garçon, elle ne s’est pas encore présentée et malheureusement nous n’avons aucune information… » Nous vîmes Anouchka partir dans sa chambre et y revenir avec son portefeuille.
- Tu restes ici et surtout tu n’ouvres à personne même si tu entends qui que ce soit tu n’ouvres pas ! Ok ? Dit-elle en s’adressant à Kevin.
- où vas-tu ? Demandais-je.
- chercher mon fils ! Me répondit-elle.
- je vais rester avec Kevin, Chanci accompagne la on ne sait jamais. Me demanda Magalie.
- oui, tu as raison. Je viens avec toi An allons-y.
Nous avions pris une course et durant tout le trajet Anouchka ne disait rien, quant à moi j’essayais de me préparer à voir Glenn… Mon petit Glenn sans vie… Une fois arrivées Anouchka descendit et d’un pas pressé elle se dirigea dans les locaux de la PJ Je réglais la note lorsque des bruits me parvenaient, je n’eus le temps de prendre ma monnaie que je me précipitais dans les locaux où je trouvais Anouchka attrapée par deux policiers, elle essayait de se débattre en s’écriant : « laissez-moi ! Laissez-moi ! Je vais l’achever ! Je vais l’achever ! Tout comme il a tué mon fils ! Lâchez-moi !!! » Je restais ébahie devant la scène qui se présentait à moi, le soi-disant Francis était adossé contre le mur, menotté, un couteau enfoncé dans son ventre, baignant dans son sang qui se rependait au fur et à mesure sur le sol.
- Laissez-moi ohhh !!! Il m’a arraché et tué mon bébé ! Laissez-moi ohhh !!! Laissez-moi !!! S’écria Anouchka en se débattant.
- Madame calmez-vous sinon on vous enferme, calmez-vous ! S’écria un des policiers.
- VOUS ETES FOU ! On m’arrache mon bébé ! On me le tue et vous voulez m’enfermer moi !!! Enfermez moi je m’en fou ! Mais tant que je n’aurai pas tué cet assassin je ne trouverai pas le repos ! Salop !!! Rend moi mon fils !
- Vous êtes la maman du petit garçon ?...
- Oui c’est sa mère. Répondis-je complètement à l’Ouest, Anouchka venait de poignarder le criminel mais où avait-elle eut ce couteau ? Je n’ai rien vu ? Quand l’a-t-elle prise ? Avait-elle préparé son coup depuis ?
- Rends-moi mon fils !!! Rends-moi mon bébé !!! Rends-moi mon Glenou, sniiiif mon Dieu mon fils ohhh ! Mon dieu mon fils ! Non seigneur pourquoi !? Pourquoi !? Je vais le tuer ! Je vais le tuer !!!!
Les policiers l’emmenèrent dehors tandis que d’autre appelait les urgences d’autres souhaitaient qu’il périsse là, mais la loi ne l’autorisait pas quant à Anouchka et moi nous fîmes emmenées à la morgue.
Comment vous décrire cette scène ? Comment ? Lorsque le médecin légiste nous montra le corps inerte de Glenn. Anouchka se jeta sur le cadavre de son fils en pleurant, elle le bousculait en s’écriant : « Glenn c’est maman réveille-toi ! Réveille-toi ! On va acheter les gâteau Glenn, réveille-toi c’est maman… » Les policiers l’éloignèrent du corps de son fils mais cette dernière s’était littéralement jetée au sol, elle criait, pleurait, injuriait.
Moi, J’étais restée pétrifiée, devant son corps, tous mes moments passés avec ce petit bonhomme me revenaient en mémoire, je les revivais comme si c’était hier… Glenn n’arrivait pas à bien prononcer Chancia, encore moins Chanci il m’appelait donc Cici… « Tata cici, tata cici, tu es trop belle ! » « tata cici, tata cici y’est toi qui me lave auyord’hui non ? » « tata cici, tata cici, tu seras ma femme » « maman, je vais me marier avec tata cici quand je serai granddddd et forttttt » « tata cici, auyord’hui on mange les gâteaux non, moi je veux les gâteaux beignets avec pleinnnnnnn lo sucre…. »
Il est toujours difficile pour un parent d’enterrer son enfant car ce sont les enfants qui enterrent leurs parents….
« Maman et tata cici, je vous aime fort… »