* * *
Il n’y a plus de temps à perdre. Au pas gymnastique, Jacques redescend la tranchée et revient en hâte à la casemate de l’adjudant auquel il ne peut se dispenser de demander un dernier renseignement.
Juste à ce moment une corvée en sort.
Cinq ou six hommes portant chacun un certain nombre d’outils la composent ; à leur tête, un petit caporal imberbe qui salue en passant d’un geste familier.
— Ah ! fait l’adjudant étonné de revoir le sergent, vous avez réfléchi ?… Tant mieux… Tenez, voilà justement vos travailleurs qui vont préparer leur chantier de cette nuit.
— Je voulais vous demander, mon adjudant, à quelle heure, exactement, je devais prendre le service ?
— A dix-huit {six} heures et demie tapant, à ma montre.
— Bien ; et vous avez l’heure du major de tranchée, sans doute ?
— Evidemment : quelle heure voulez-vous qu’on ait ici, si ce n’est pas celle-là ?
— Et à quelle galerie dois-je me rendre ?
— Vous devez venir prendre le service ici même, car c’est devant ma casemate que se rassemblent toutes les corvées, avec les gardes de tranchée.
— J’ai compris ; maintenant j’aurais voulu savoir encore…
— Où est votre chantier, je parie ? Facile de vous contenter : les sapeurs qui sortent d’ici y transportent leurs outils. Vous n’avez qu’à les suivre… Galerie F. Je vous engage même à y aller, mais dépêchez-vous, car une fois engagés dans la galerie majeure, vous les perdrez de vue, si vous n’êtes pas sur leurs talons ; il y a des rameaux secondaires qui…
Jacques salue aussitôt et prend congé : il se précipite derrière les sapeurs qui se sont dirigés vers la gauche, et ont déjà disparu à un tournant.
Il tient en effet, par-dessus tout, à connaître l’emplacement de son chantier, car s’il revient de Vaux avec un certain retard, comme il commence à le craindre, il rejoindra directement ses sapeurs sans passer par la casemate de l’adjudant.
Celui-ci grognera peut-être un peu, mais ignorant que le sergent a désobéi en allant à Vaux, il ne pourra qu’infliger un blâme ou une légère punition, pour retard à prendre le service.
Tout en monologuant ainsi intérieurement, Jacques a rejoint les sapeurs sur une place d’armes — simple élargissement de la tranchée — au moment où ils s’engagent dans une galerie descendante ; il les compte ; ils ne sont que six : inutile d’être plus nombreux dans ce travail à l’étroit.
La « galerie majeure », comme l’a appelée l’adjudant, est un couloir de 2 mètres de haut sur 2 m 10 de large au plafond : son coffrage est formé de madriers espacés de 50 en 50 centimètres et coiffés de chapeaux. Entre les madriers, des planches jointives contiennent les terres.
De place en place des ampoules électriques accrochées au plafond illuminent le couloir obscur, marquant un triomphe sur les anciens procédés, sur les lanternes de jadis à la lumière pâle et souffreteuse. Les alignements lumineux s’enfoncent pour dévier dans les ténèbres et se perdent au premier tournant.
Après avoir cheminé une soixantaine de mètres derrière la corvée, le sergent [Tribout] {Tény} s’engage à droite avec elle dans un rameau secondaire, où les hommes se mettent sur un rang, car si le boyau a toujours 2 mètres de haut, il n’a plus que 1 mètre de large. Mais il est très court ; presque aussitôt la petite équipe oblique à gauche et s’enfile dans un autre rameau qui fait avec le précédent un angle de 120 degrés environ. Une trentaine de mètres encore, puis la voix du caporal s’élève, qui commande halte.
La galerie s’est élargie ; elle s’arrête ici. On est sur le front le plus avancé.
Alors seulement le sergent dépasse les hommes, rejoint le caporal et l’interpelle : celui-ci dirige sur lui la lumière d’une lanterne qu’il tient à la main et fait un geste d’étonnement :
— C’est vous, le nouveau sergent arrivé avec le détachement d’Angers {de Lille} ?
— Oui, c’est moi. Et vous, comment vous appelez-vous ?
— Bernard, sergent, et bien content de vous voir arriver, car faute de gradés, on commençait à trinquer ferme, nous autres !
— Eh bien, Bernard, moi aussi, je suis content de vous voir, car je voudrais causer un instant avec vous avant de prendre le service… L’adjudant m’a dit que je le prenais ce soir à 18 {6} heures et demie ; alors, c’est ici ?
— Oui, sergent, seulement il faut aller chercher la corvée devant la casemate de l’adjudant, près du dépôt d’outils, là où je vous ai croisé tout à l’heure.
— Je sais, je sais… Mais le travail, c’est ici qu’il commence ?
— C’est ici, sergent. Nous n’avons qu’à continuer la galerie commencée pendant 15 ou 20 mètres encore, puis au bout creuser une chambre à poudre : je ne suis pas sûr de la longueur, car ici nous ne devons pas être loin des rameaux Ies plus avancés des contre-mines allemandes. L’adjudant vous donnera le topo du travail que je lui ai rendu hier et qu’il a mis à jour. Il paraît qu’ici nous cheminons vers la caponnière du fort lui-même.
— Et la galerie sur laquelle celle-ci s’embranche ?
— Elle est dirigée sur le saillant d’un ouvrage avancé, mais qui ne fait pas partie du fort : c’est un retranchement d’infanterie qui borde le changement de pente.
Le caporal s’interrompt pour donner quelques ordres à mi-voix aux sapeurs qui maintenant apportent des madriers et des planches.
Puis, revenant vers le sous-officier :
— Savez-vous, sergent, que je suis rudement content de vous voir arriver ? Voilà trois nuits de suite que je marche, et par ce froid noir…
— Il ne fait pas froid dans les galeries, pourtant.
— Non, si vous le voulez, mais il y fait humide, et la transition, quand on en sort est extrêmement pénible. Et avec cela, il ne ferait pas bon se faire porter malade. D’abord, on ne peut pas laisser les camarades tout seuls à la sape, et puis l’adjudant Mustang n’est pas commode… surtout depuis qu’il est à peu près seul pour régler le service : une « consultation motivée » auprès du docteur coûterait cher…
— Oh, les consultations, la visite, quand on n’est pas tout à fait sur le flanc, on ne doit pas y penser en campagne : on est Français avant tout, n’est-ce pas, Bernard ?
— Pour ça, oui, sergent, Français de Normandie ; c’est pas les plus mauvais, vous savez ; n’importe, la fatigue finit par vous épuiser. Je serai rudement content de retrouver mon « pieu » ce soir !
— Où couchez-vous ?
— A Lessy, dans la deuxième maison à l’entrée de la Grand-Rue, chez des braves gens qui m’ont donné le lit de leur fils parti à Francfort dans la landwehr.
— Eh bien, Bernard, vous coucherez dans ce lit-là, cette nuit ! Et j’en suis ravi pour vous, car j’espère que nous ferons bon ménage. A quand les galons d’or ?
— Oh ! sergent, je n’ai que deux mois de grade !
— Oui, mais en campagne le temps compte double et l’avancement est plus rapide.
— Plus rapide, c’est vrai, parce que les vacances s’ouvrent bigrement vite : nous avons déjà bien des camarades tués, depuis l’ouverture de la tranchée. Et ce n’est pas gai. On a beau être cuirassé et se dire qu’après tout…
Un bruit sourd les interrompt soudain et coupe court aux réflexions philosophiques du caporal.
— Les deux grosses pièces de tourelle du saillant du fort, qui tirent sur notre batterie de mortiers, de Rozerieulles, murmure-t-il.
— Des pièces jumelées, alors.
— Oui, elles tirent ensemble.
Un second coup roule et s’éteint lentement : c’est un grondement lointain, qui semble venir des profondeurs la terre. Et pourtant la détonation a dû se produire sommet du plateau, tout près de là.
Le sergent s’en étonne.
— Nous sommes déjà à une grande profondeur, explique Bernard. Avez-vous remarqué que la pente de la galerie descend tout le temps ?
— Oui, et en même temps, le terrain se relève à la surface. De sorte qu’il doit bien y avoir une quinzaine de mètres de terre au-dessus de nos têtes.
— Mettez-en dix avec, sergent !
— Mais alors, nous allons aboutir sous l’ouvrage ?
— Le capitaine, avant d’être blessé, disait qu’il fallait atteindre leur caponnière d’angle en passant sous leur système de contre-mines…
— Diable !
— Nous ne devons pas être loin de leurs premières écoutes ; je crois même que nous en sommes plus près que nous ne le croyons : mais il est impossible de deviner où ils sont, car ils ne piochent pas, ils ne font aucun bruit, et c’est la supériorité énorme qu’ils ont sur nous. Ils écoutent dans leurs galeries construites dès le temps de paix et ils peuvent nous envoyer à coup sûr le camouflet qui nous aplatit. Ecoutez, sergent, je ne suis pas peureux, mais chaque fois que je descends dans la galerie, j’ai le pressentiment qu’elle me servira de tombe.
— Il ne faut jamais penser à cela quand on appartient à l’arme du génie, caporal.
— Je le sais bien, mais c’est plus fort que moi. Tomber en plein air, sous le ciel, frappé par devant, passe encore ! Mais la nuit, être pris sous un éboulement, broyé par quelques milliers de tonnes de matériaux, enterré sans être mort, dans l’obscurité, loin des camarades, cette idée-là parfois me réveille en sursaut la nuit.
— J’espère bien que vous ne parlez pas de cela à vos hommes.
— Je m’en garderais bien, surtout à certains d’entre eux qui ne sont déjà pas si bien disposés.
— Et puis, après tout, si ça doit arriver, vous savez bien, Bernard,
Mourir pour la Patrie est un si noble sort !…
— Oui, oui, je connais même la suite :
Qu’on briguerait en foule une pareille mort.
Nous apprenions cela à l’école, et je ne l’ai jamais oublié. J’espère bien même qu’au moment voulu on s’en souviendrait. Nous sommes comme cela chez nous, en Normandie, voyez-vous. Pratiques et prudents, quand il n’est pas nécessaire de courir au martyre, mais toujours prêts à faire notre devoir de Français, vous savez, sergent…
[A ce moment paraît un soldat guidant quelques camarades porteurs de planches et de madriers. A la lueur des lampes on peut distinguer sous sa robuste apparence et son large faciès, les signes d’une certaine éducation. Le regard intelligent et froid décèle une grande volonté, une ténacité peu commune. Il murmure assez haut pour que les deux autres l’entendent :]
{A ce moment paraît un soldat pâle et maigre, l’air chétif, au teint blafard et à la face creuse, qui porte avec un camarade des madriers et des planches, se met à grommeler entre ses dents, assez haut cependant pour que les deux l’entendent :}
[— Le devoir… le devoir ! oui, une belle chose, mais une rude blague tout de même !]
{— Le devoir ! en v’là une blague ! C’était bon il y a un siècle ces histoires-là !}
— Tiens, fait le caporal en se retournant, voilà « l’Ingénieur » {« l’Intellectuel »} qui va pérorer {qui commence ses tirades}.
[Ce dernier s’arrête, et comme s’il continuait une démonstration commencée :
— Nous parlions de la guerre, caporal, et je disais, moi : la France est-elle sans reproche ? Voyons, fait-il en se redressant complètement, entre nous, entre Français, nous pouvons bien faire un petit examen de conscience. L’empereur Guillaume, depuis qu’il règne, a donné cent fois des preuves de son pacifisme. L’Allemagne est sa création, il en a développé l’industrie, le commerce, l’influence d’une façon prodigieuse. Et bénévolement, il aurait été compromettre son œuvre sur un coup de dé ? Ce n’est pas possible. Il y a autre chose.
— Et quoi donc ? demande Bernard, devenu subitement glacial.
— J’ignore quoi, continue le soldat, mais on aurait pu s’entendre et prêter une oreille plus complaisante à certains arrangements qui n’avaient rien de dégradant, au lieu de chercher l’encerclement d’un peuple entreprenant. Et puis nous avions nos chauvins, il faut bien le dire…
— Taisez-vous donc, s’écrie le caporal, vos propos sont honteux. Vous oubliez bien facilement les humiliations subies depuis quarante ans, les marchandages, les menaces déguisées. Et le voyage à Tanger, et les déserteurs de Casablanca, et notre Congo cédé à l’Allemagne le couteau sous la gorge ! Un arrangement, mais c’eût été un suicide pour la France, son absorption en quelques mois. Si cette guerre doit nous débarrasser de l’infiltration boche et nous rendre nos provinces, elle doit être bénie par tous les Français sans exception.
Un sapeur passe à ce moment, un seau à la main :
— Ma parole, dit-il, on se croirait à la Cour.
— Sans compter qu’il y ferait peut-être meilleur que dans cette chienne de tranchée, réplique un autre soldat comme pour soutenir l’« Ingénieur », qu’il semble regarder avec une sympathique admiration.
— Dites donc, caporal, reprend-il, puisque le service ne doit commencer qu’après la soupe, pourquoi que vous nous faites faire du rabiot maintenant ?
— Taisez-vous, Marquot, commande Bernard, que cette réclamation suivant une discussion pénible exaspère. C’est l’ordre de l’adjudant et vous n’avez rien à dire. Sinon…
Et le caporal fait le geste traditionnel de serrer une vis.
Le nommé Marquot qui vient de manifester ainsi sa mauvaise humeur est une sorte de colosse, aux épaules larges et carrées, au buste bombé, et qui parle en tenant les bras écartés du corps. Les yeux noirs et brillants, cachés sous d’épais sourcils, les pommettes saillantes, une énorme moustache noire barrant la figure, lui composent une physionomie dure et tourmentée.]
{— Des tirades qui feront leur chemin, caporal ! Le peuple les a déjà entendues malgré vous, et il commence à les comprendre. Il finira par se persuader que la Patrie n’est qu’un mot et la France une expression géographique. Est-ce qu’on meurt pour une expression géographique ?
— Allons, Raucourt, ne faites pas le pion ici : vous vous croyez toujours dans vôtre collège de l’Yonne. Nous ne sommes plus à l’école, que diable, mais à la guerre…
— On le sait bien, allez ! Et pour qui, cette guerre ? Pour les capitalistes, les gros commerçants, les grands industriels ! Car ce sont eux qui ont besoin de la guerre et s’arrangent pour qu’on la déclare, quand elle sert leurs intérêts. Quant aux intérêts de la classe ouvrière, ce qu’ils s’en fichent… Etonnez-vous, après ça, que nous préférions l’Internationale au bruit des canons.
— Assez ! interrompt cette fois sèchement le caporal. Il y a des choses qu’on ne dit pas tout haut, entendez-vous. Faudrait pas vous figurer que vous êtes ici dans un meeting !
— Sans compter qu’il y ferait meilleur que dans cette chienne de tranchée, réplique un autre soldat qui redresse sa haute taille, comme pour prendre la défense de son camarade. Dites-donc, caporal, puisqu’on prend le service après la soupe, pourquoi que vous nous faites faire du rabiot, maintenant ?
— Taisez-vous aussi, Marquot, commande Bernard exaspéré de ces récriminations. C’est l’ordre de l’adjudant et vous n’avez rien à dire. Sinon !…
Et le caporal fait le geste traditionnel de serrer une vis.
L’homme qui vient de manifester ainsi sa mauvaise humeur est une sorte de colosse, aux épaules larges et carrées, au buste bombé, et qui parle en tenant les bras écartés du corps. Les yeux noirs et brillants, cachés sous d’épais sourcils, les pommettes saillantes, une énorme moustache noire barrant la figure, lui composent une physionomie dure et tourmentée, comme on en voit dans les rues les jours d’émeute.}
— Allez aux madriers, et vivement, ordonne le caporal.
[— Voilà de mauvais troupiers, conclut Jacques, qui a assisté avec effarement à cette courte scène.
Pendant un instant, il suit des yeux les deux hommes qui s’éloignent ensemble et d’un pas traînant vers l’embranchement de la galerie.]
{— Sales troupiers, conclut Jacques, qui a assisté avec effarement à cette courte scène.
Pendant un instant, il suit des yeux les deux hommes qui s’éloignent ensemble et d’un pas traînant vers l’embranchement de la galerie.}
— Pour ça, oui, sergent. L’un déclame, c’est [Lehmann] {Raucourt} ; l’autre grogne, c’est Marquot. J’aime encore mieux le second que le premier. Il fait la brute, mais il n’est pas foncièrement mauvais, tandis que ce [Lehmann] {Raucourt} ne me revient pas… Ce sont des types de l’espèce de celui-là qui font tout le mal avec leurs belles théories [de pacifisme, d’humanitarisme]. C’est lui que j’appelle « l’Ingénieur » {« l’Intellectuel »}. Les autres, les simples comme Marquot, les écoutent et emboîtent le pas. Ou plutôt, les simples marchent tout seuls, car ces beaux déclamateurs ont un rude poil dans la main dès qu’il s’agit de marcher.
— A votre place, caporal, je serais plus raide [et, au lieu de discuter, je les musellerais] : je n’ai pas voulu m’en mêler tout à l’heure, parce que je n’ai pas encore pris mes fonctions, alors je n’ai pas voulu empiéter sur votre autorité de chef de chantier, mais si ces deux gaillards recommencent leurs histoires devant moi, je les fourre dedans {muselle} dès les premiers mots.
— C’est moins facile que vous ne le croyez, sergent : à la guerre, on manque de moyens de punir. J’aurais pu leur infliger quelques corvées supplémentaires : mais toute la journée est déjà prise par les corvées régulières, et, en ce moment, on donne tout ce qu’on peut donner. Il y a bien aussi la consigne au quartier… Mais il n’y a pas de quartier et on sort du cantonnement comme on veut. Non, voyez-vous, la discipline en campagne, les mauvais soldats ne la connaissent pas, et il faudrait des exemples. Heureusement, les types de ce calibre sont rares ; il faut que nous ayons la malchance d’en avoir deux dans notre atelier ; les autres sont de braves gens.
Jacques n’insiste pas ; il est d’ailleurs mécontent de lui-même ; une voix secrète lui dit qu’il aurait dû intervenir dans cette discussion, user davantage de son autorité et de son âge et imposer plus tôt silence à ces deux mécontents.
Mais surtout, il vient de constater à sa montre qu’il est 18 {3} heures 20 : il s’est oublié et la conversation ne lui apprendra plus rien de ce qu’il a besoin de savoir pour prendre son service au retour.
Il lui faut au plus tôt quitter la tranchée et s’orienter sur Vaux, où plus que jamais il est décidé à aller ce soir.
Il prend donc congé du caporal en lui serrant cordialement la main.
— Alors, Bernard, bonne nuit, si je ne vous revois pas.
— Elle sera bonne, sergent, je vous le garantis, je vais dormir à poings fermés…
En parlant avec cette assurance, le petit caporal du génie rayonne.
Il est à cent lieues de se douter de ce que sera pour lui la nuit lugubre qui va commencer…