Tous les journaux, les télévisions nationales ne parlent plus que de ça. Le roi de l'Ouest est mort.
Miléna : tu vas toujours y aller ?
Moi : oui... Puisque c'était déjà prévu.
Miléna : je ne pense pas que ce soit une bonne idée que tu y ailles pour le moment.
Moi : tu parles déjà comme Djito eih.
Miléna : ne me parle pas de celui-là. Tu as vu comment il m'a parlé tout à l'heure.
Moi : mais c'est toi qui le provoques tout le temps. Pour une fois qu'il te répond ce n'est pas grave.
Miléna : je savais que tu allais prendre sa défense.
Moi : tu sais bien que ce que je dis est vrai. Pourquoi tu le détestes autant même ?
Miléna : je ne le déteste pas... Je ne l'aime juste pas parce qu'il est pauvre.
Moi : mais même moi je suis pauvre.
Miléna : oui mais toi tu es ma copine et je t'aime.
Moi : tu pourrais aussi bien t'entendre avec lui... Tu ne lui laisses même pas une chance.
Miléna : ça va, ne pleure pas alors, dit-elle en riant. Je vais faire des efforts.
Moi : ça me rassure !
Miléna : mais il faut lui dire qu'il doit être un homme et prendre soin de toi.
Moi : il le fait mais à son niveau.
Miléna : hmmm !
Moi : viens on révise...
Elle prend ses documents avec peine et me rejoint. Je ne peux m'empêcher de rire... On dirait une petite fille.
Les gens me demandent souvent comment je peux être amie avec Miléna et la supporter. Moi je me contente juste de rire parce que je sais que dans le fond, elle n'est pas ce qu'elle laisse croire.
Miléna et moi nous sommes rencontrés lorsqu'on allait se préinscrire. Il y avait un rang de fou et madame avec ses airs de diva n'arrêtait pas de se plaindre mais c'est vrai que la situation était vraiment embêtante. On avait l'impression que le rang n'avançait pas et puis on dirait qu'on avait concentré tout le soleil du pays devant cette banque mais de toutes les façons se plaindre n'allait rien changer. Je lui ai donc proposé de me donner son numéro et de rentrer se reposer puisqu'elle se plaignait des maux de tête et que lorsqu'on sera déjà à nous je l'appellerai. Elle a plutôt suggéré que je prenne ses documents et elle m'a remis son argent pour que je paye pour elle et elle est partie.
J'ai fait trois bonnes heures là sous le soleil avant qu'on arrive enfin à moi. J'ai payé pour nous deux et on m'a remis des reçus.
Sauf que lorsque j'ai appelé la bonne dame plus tard pour lui remettre ses reçus, elle me demande de la retrouver à l'autre bout de la ville où elle faisait la fête avec ses amis.
J'étais en colère parce qu'elle m'avait dit. Alors je lui ai remis ses reçus et suis retournée chez moi.
Deux jours plus tard alors que je commençais à peine à installer mes choses, le gérant du bar ou plutôt le frère du gérant qui ne me connaissait pas, est venu vers moi et m'a demandé de libérer parce que selon lui, je n'avais pas le droit d'être là. Je lui ai pourtant expliqué que je m'étais arrangé avec son frère mais il n'a rien voulu entendre et malheureusement pour moi, son frère venait de voyager pour l'étranger donc son numéro ne passait pas.
Donc pendant qu'il me menaçait, Miléna est arrivé avec des amis à elle et elle m'a reconnu et apparemment elle connaissait le frère du gérant.
Miléna : Nick tu as quoi à déranger ma pote comme ça ?
Nick : c'est ta pote ?, dit-il en passant son regard d'elle à moi.
J'avoue que moi-même je ne savais pas qu'on était potes elle et moi.
Miléna : oui...
Nick : ok mais si elle veut rester là, elle va devoir payer.
Moi : mais ça ne fait même pas une semaine que j'ai versé l'argent du mois à Mr Michel.
Nick : où tu vois Mr Michel ici ? Soit tu payes, soit tu t'en vas... C'est pourtant simple.
Miléna : arrête ça, les menaces ne te vont pas du tout. Entrons, on va régler ça. Laisse-la tranquille.
Il m'a enfin lâché et ils sont entrés ensemble dans le bar. J'ai donc continué d'installer mes affaires et j'ai commencé à braiser le poisson. Quelques minutes plus tard, une des amies de Miléna est venue passer une commande de cinq poissons. Vous auriez dû voir l'air supérieur qu'elle prenait en me parlant.
Les gens me dépassent souvent avec cette façon qu'ils ont de regard les gens de haut tout juste parce qu'ils ne sont mas issus du même milieu qu'eux.
Je ne fais pas attention à ses gamineries et lui répond que j'ai noté sa commande.
Elle retourne dans le bar et je m'active pour terminer leur commande. Lorsque je finis, je mets les poissons dans des plateaux et le leur apporte jusqu'à leur table. Son amie ne pouvait pas s'empêcher de me faire une remarque.
Elle : ça fait plus de quinze minutes que nous avons passé les commandes et c'est maintenant que tu les apportes ? Je n'ai même plus faim.
Miléna : arrête ça Emi. Tu penses que c'est facile de cuire cinq poissons ? De toutes les façons si tu n'as plus faim, nous si et on va se partager ton poisson.
Je sens cette Emi frustrée et j'ai envie de rire.
Miléna : merci, dit-elle en me remettant l'argent. Au fait, comment tu t'appelles ?
Emi : je pensais que c'était ton amie... Et tu ne connais même pas son nom. Je me disais bien que tu ne pouvais pas être amie avec une fille comme elle.
Miléna : une fille comme elle ? Parce qu'elle est une fille comment ?
Emi : bah tu vois bien... Ce n'est qu'une braiseuse de poisson.
Miléna : bah au moins en l'ayant comme amie, je sais qu'elle payera elle-même son addition parce qu'elle au moins travaille et ne vit pas aux pattes de ses amies.
Cette fois-là, cette Emi n'a pas pu supporter et s'est levé pour partir mais Miléna n'en avait clairement rien à faire.
J'avais vraiment envie d'éclater de rire.
Miléna : alors ? Comment tu t'appelles ?
Moi : Calixia !
Miléna : super, moi je suis...
Moi : Miléna... Je sais, je l'ai vu sur tes papiers lorsque je réglais tes frais de pré-inscription.
Miléna : ah oui c'est vrai. Au fait je n'ai même pas eu l'occasion de te remercier. Tu es partie aussitôt que tu es arrivée.
Moi : t'inquiète... Tu viens de me remercier là.
Je leur ai souhaité un bon appétit et je suis retournée à mes fourneaux. Dès le lendemain, nous nous sommes revues car nous suivions le même cours. Elle est venue s'asseoir près de moi et nous avons bavardé et c'est devenu ainsi jusqu'à ce que nous devenions réellement des amies.
Elle m'a même invité à vivre avec elle dans son appartement et je n'ai pas dit non parce que cela m'a permis d'épargner l'argent que je payais pour le loyer.
Donc voilà pour la petite histoire... Miléna n'est pas quelqu'un de mauvais dans le fond; c'est juste que des fois, elle ne sait las tenir sa langue dans sa bouche. Et rassurez-vous elle n'a pas vraiment de problèmes avec les pauvres sinon, nous ne serions pas amies. Son problème avec Djito c'est qu'elle le trouve «pauvre et paresseux» comme elle a l'habitude de dire. Mais bien-sûr elle se trompe... Djito n'est pas paresseux. Il se bat, mais à son niveau et la plupart du temps, c'est moi qui refuse son aide parce qu'avec ce que je gagne avec mon commerce, je m'en sors plutôt bien.
J'ai déjà d'ailleurs épargné une belle somme. Une fois que j'obtiens ma licence, j'ai prévu lancer une autre activité moins fatigante et si tout se passe comme je le prévois, je serai bientôt chef d'entreprise.
Je souris rien qu'en y pensant. Eh oui, ça m'arrive aussi de rêver.
(...)
Après plus de huit heures de route, j'arrive enfin dans mon chez-moi natal. J'avoue que ça m'avait tellement manqué cette ambiance. Déjà à la gare, on peut ressentir l'atmosphère du royaume de l'Ouest qui est une atmosphère plutôt spécial.
La gare est toujours pleine, avec des bruits provenant de toute part. Les convoyeurs qui se discutent les clients qui arrivent, les commerçants qui vendent différents articles sans oublier les klaxons des voitures et des motos.
J'ai l'impression de n'être jamais partie car en fait rien a changé; par contre, je trouve qu'il y a bien plus de monde que d'habitude. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles nous avons mis autant de temps en route. Il y avait tellement de personnes qui voyageaient pour ici; ça doit être parce que ce sont les vacances.
Je traîne ma valise jusqu'à la station de motos. Je prends une moto en course jusqu'à la maison et cinq minutes plus tard, j'y suis enfin.
En arrivant, je tombe sur mon frère qui fend le bois dans la cour. Lorsqu'il me voit arriver, il laisse tomber sa hache et court vers moi pour m'embrasser sans manquer d'alerter papa et maman au passage qui sortent à leur tour pour venir m'embrasser et me souhaiter la bienvenue.
Binto mon frère, prend ma valise et l'emmène dans la maison tandis-que maman et papa qui m'ont déjà pris en otage, commence avec les questions alors que nous nous dirigeons aussi jusqu'à l'intérieur.
Une fois assis dans le salon, je réponds à toutes leurs questions et leur raconte ma vie là-bas et comment j'ai fait pour m'en sortir de mon arrivée jusqu'à présent.
Ils semblent si fier de moi et ça me fait plaisir car c'est le désir de tout enfant : rendre ses parents fiers. Je demande à Binto de m'apporter ma valise que je défais immédiatement et donne à chacun le paquet que j'ai prévu.
(...)
J'ai à peine eu le temps de me reposer que papa vient me réveiller.
Papa : tu es encore fatiguée j'imagine...
Moi : oui papa... Le voyage a vraiment été long.
Papa : je comprends mais rassure-toi, tu auras tout le temps de te reposer plus tard. Tu sais que notre roi est mort non ?
Moi : oui j'ai entendu cela aux infos.
Papa : voilà, c'est ce soir qu'on saura qui va être son remplaçant.
Moi : déjà ?
Papa : oui... Tu sais que les choses là ne doivent pas prendre du temps.
Moi : je vois...
Papa : donc on doit se rendre au palais.
Moi : pourquoi ?
Papa : parce que toute la communauté de l'Ouest doit être là pour accueillir le nouveau roi.
Moi : ah, je comprends maintenant pourquoi il y avait autant de monde à la gare et dans agences de transport venant ici à la capitale.
Papa : voilà donc prépare toi... On y va dans quinze minutes. Il faut qu'on y soit tôt pour être au premier rang.
Moi : ok !.
Personnellement, si ça ne dépendait que de moi, je serais restée dans mon lit tranquille mais je sais que papa tient vraiment à ce qu'on y soit tous alors je le lève pour me préparer.
Une fois que je suis prête, je retrouve le reste de la famille au salon et ensemble, nous nous dirigeons vers le palais mais je me rends très vite compte que j'ai oublié mon téléphone à la maison donc je décide de retourner à la maison le chercher.
Maman : vas-y alors... On t'attend ici.
Moi : ce n'est pas la peine maman... Avancez-vous ! Je vous retrouve, je connais encore la route du palais.
Maman : d'accord !
Il s'en vont et moi je retourne à la maison prendre mon téléphone et puis je prends de nouveau la route du palais.
Je profite pour appeler Djito et Miléna en chemin. Je n'ai mas eu le temps de leur faire signe à mon arrivée à cause de la fatigue du voyage.
Je prends de leurs nouvelles et leur donne des miennes avant de raccrocher une fois que j'arrive devant le palais. Il y a un monde fou. Il n'y a même pas moyen de circuler.
Je me rappelle que quand j'étais plus jeune, il y avait un raccourci qu'on prenait souvent nous les jeunes pour arriver dans palais.
Je vais donc contourner le palais et empreinte le raccourci en question. En marchant, je fais un faux pas et trébuche. Mais je me relève rapidement et regarde autour de moi pour être sûre que personne ne m'a vu mais je suis déçue lorsque je le vois.
: tu ne t'es pas fait mal j'espère !
Moi : non, dis-je rempli de honte.
: c'était drôle en tout cas !
Moi : il n'y a que des idiots pour trouver le fait qu'une personne trébuche drôle. J'aurais pu me faire mal, je vous rappelle.
: est-ce donc de ma faute si vous ne voyez pas où vous mettez les pieds ? Et puis, où alliez-vous comme ça ?
Moi : je ne suis pas sûre que ça vous regarde.
: vous êtes sûre ?, dit-il se plaçant devant moi. Je pourrais par exemple vous étrangler ici et personne ne viendra à votre secours.
Je prends tout de suite peur. Il faut avouer que cette piste n'est pas très pratiquée.
: je t'ai fait peur ? Désolé, ce n'était pas mon attention, fait-il en se moquant.
Il tourne les talons pour s'en aller mais ma bouche n'arrive pas à rester fermer.
Moi : vous êtes un fou, un psychopathe et un idiot.
Il se retourne et sourit...
: merci !
Il se retourne et poursuit son chemin. Finalement je fais demi-tour. Je préfère aller me battre à entrer par l'entrée principale comme tout le monde.
Après dix minutes de faufilage entre ces milliers de personnes, j'arrive enfin a retrouver ma famille. Je vais m'installer près d'eux et j'arrive juste à temps parce qu'ils ne vont pas tarder à annoncer qui est le nouveau roi.
Papa : tu as mis du temps...
Moi : il y avait beaucoup trop de gens à l'entrée.
Papa : ok... Ils ne vont plus tarder à annoncer le nouveau roi.
Encore vingt minutes, et soudainement un calme se fait entendre dans la grande cour du palais. Le chargé de la communication au palais prend la parole et maintien encore le suspens pendant une dizaine de minutes et puis soudain il annonce le nouveau roi.
Ce dernier sort enfin de la pièce d'où est censé sortir le nouveau roi. Mon regard s'agrandit en me rendant compte que c'est le gars que je viens de traiter de psychopathe qui est le nouveau roi.
Il s'avance et le peuple se met à crier et à applaudir alors que mon visage se décompose. Lorsqu'il pose son regard sur moi, il sourit et je comprends que je suis f****e.