III Le salonC’était une vaste pièce au premier étage, qu’on nommait la grand-salle, et dont l’ameublement et les décorations avaient conservé un noble parfum d’antiquité. Une haute cheminée armoriée, à large manteau, faisait face à la porte et servait de trumeau entre deux fenêtres ogivales, garnies de rideaux de soie antique. De vieux fauteuils en chêne sculpté, un grand bahut de la même époque, une tapisserie sur les murs, d’une étoffe pareille à celle des rideaux, au milieu d’une table oblongue à pieds torses, une galerie de portraits de famille, c’était tout. Tout, si nous mentionnons en outre ces meubles funestes, confectionnés pour le supplice éternel des oreilles humaines : un piano à queue qui jurait et se mettait mal à l’aise parmi ce sévère ameublement du passé. À l’angle dr