Chapitre 7 : À la Croisée des Chemins : À la Rencontre de la Foi et de la Rédemption
Maman,
Ça fait longtemps, je sais. Une émotion, douce et lourde à la fois, serpente ma main, alors même que mes ongles dansent dans les bras d'un stylo de couleur bleu. Bleu parce que le ciel l'est, et le ciel, car ce sont les paroles venant de ce lieu qui avaient réussi à te faire sourire tout au long de ta vie.
Aujourd'hui, avec la sagesse acquise grâce à Dieu, je comprends mieux pourquoi la parole nous commande de nous exhorter les uns les autres.
Nous, les hommes, avons besoin de rappel. Que ce soit dans la joie, parce que, on peut y oublier Dieu et tomber dans l'orgueil. Que ce soit dans la douleur, car on peut douter de la parole de Dieu tant, la montagne à déplacer est lourde. Oh… et Goliath peut être si grand et intimidant, que nous oublions que les choses invisibles sont les plus puissantes.
Comme dirait Antoine de Saint-Exupéry, “On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.”
Malheureusement, on oublie très souvent la grandeur du Seigneur parce qu'il est esprit et que l'on est focalisé sur la chair. Et dans le désert, la voix de la tentation, même si elle nous irrite, puisqu'on veut juste que tout s'arrête, on accepte ses propositions.
S'exhorter les uns les autres, c'est dans le livre d'hébreux. Pourtant, lorsqu'un homme voit les larmes sur le visage de son prochain, il baisse la tête, l'ignore et fait comme s'il n'avait rien vu. Part à la maison, puis hypocritement demande pardon à Dieu. C'est ce qui s'est passé avec toi.
Comme une lépreuse, tu étais isolée. Il n'y avait plus personne pour te rappeler les paroles de Dieu et pour prier avec toi.
Parce que nous avons peur de la lèpre, nous t'avons foui.
Certains articles affirment que les lépreux étaient stigmatisés et exclus à cause des mauvaises interprétations de certaines lois ou encore du manque de l'avancement de la médecine. Mais maintenant que nous avons Jésus, pourquoi ne prions-nous pas pour ceux qui ont le cœur brisé ? Pourquoi papa n'avait-il pas prié pour toi ? Il avait attendu la dernière minute et même là, ne savait pas que lui aussi, en plus de l'aide qu'il cherchait parmi les hommes, pouvait intercéder pour toi. Il pouvait… décider de changer… accepter de changer. Je suis sûre qu'il aurait pu être un instrument utilisé par Dieu dans ta vie. Regarde-moi. D'ailleurs, pourquoi ne m’avais-tu pas parlé de Jésus… que je crie à lui ?
La réelle question à se poser c'est… croyons-nous réellement en la puissance du Dieu que nous prions ? Connaissons-nous véritablement ce Dieu ? Sinon, nous saurions que, une prière peut sauver mille personnes. Que le cœur d'un lamenté n'est pas une chose irréparable ou étrangère à Dieu. Au travers des lamentations du prophète Jérémie, des psaumes du roi David, des souffrances et des supplications exprimées dans les lettres des apôtres Pierre et Paul, on peut voir que Dieu est un ami aussi pour le cœur en souffrance.
Mais peut-être bien que comme avec la lèpre aux temps passés, la dépression, l'anxiété et toutes ces amies toxiques sont un mystère pour grands mondes.
J'ai par ailleurs rencontré un homme une fois qui disait que la douleur ne pouvait jamais avoir raison de lui. Nous les hommes avons souvent tendance à dénigrer ce que nous ne comprenons pas.
Je suis désolée que tu te sois sentie incomprise. Je suis désolée qu'il ait fallu qu'il soit trop tard pour que nous comprenions l'importance de se dire, je t'aime.
Je pensais qu'il n'y avait plus d'échappatoire dans ma vie aussi, tu sais, mais la réalité, je l'ai découverte en lisant un passage biblique de l'apôtre Paul, dans le livre d'Éphésiens.
Il dit, “Prenez avec vous toutes les armes de Dieu, pour pouvoir résister aux pièges de l’esprit du mal. 12 Non, ce n’est pas contre des êtres humains que nous devons lutter. Mais c’est contre des forces très puissantes qui ont autorité et pouvoir. Nous devons lutter contre les puissances qui dirigent le monde de la nuit, contre les esprits mauvais qui habitent entre le ciel et la terre. 13 C’est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu. Ainsi, dans les mauvais jours, vous pourrez résister, et après avoir bien lutté, vous resterez debout.”
“Rester debout ?” je m'étais demandée, la première fois que je lisais cela. Car, je ne savais pas que c'était possible.
Oui, je me disais qu'un enfant de Dieu devait forcément tomber et tout le temps, puisque évidemment, le chemin est long et difficile. Mais l'apôtre Paul nous donne espoir, de la possibilité de tenir debout, avoir une arme intacte en mains, et une armure solide. On peut avoir une migraine à cause des coups, avoir la tête qui tourbillonne, tout en restant debout.
Avais-tu lu ces versets maman ? Y avais-tu cru ? Avais-tu les armes dis-moi ? Ou bien étais-tu épuisée de cette course ?
Je comprends, tu sais, je suis assez mature pour cela. Seulement, j'ai foi que les choses auraient pu être différentes.
L'apôtre Paul continue et dit, “14 Alors, debout ! Prenez la vérité comme ceinture, mettez la justice comme cuirasse.” Et c'est étrange, moi autrefois sceptique et hésitante, trouve de l'amour dans cet ordre qu'il nous donne. Aujourd'hui, je désire être forte. Je souhaite sourire et vivre.
Il ajoute “ 15Prenez comme sandales l’ardeur pour annoncer la Bonne Nouvelle de la paix. 16Toujours et partout, prenez le bouclier de la foi. Avec lui, vous pourrez éteindre les flèches brûlantes de l’esprit du mal.” Dis-moi, maman, penses-tu en cours de route avoir oublié ton bouclier ? Avais-tu posé pendant un moment ton bouclier et la flèche de cupidon t'avait touché le cœur ?
Oui, cupidon, celui à qui les hommes donnent l'origine de l'amour. Leur dieu. Avait-il touché ton cœur ? l'avait-il percé et toutes les paroles saintes y vivant en étaient sortis ? Avait-il réussi à te faire tomber amoureuse des mensonges du monde ? Avait-il pu détourner tes yeux de la lumière jaillissant des cieux pour diriger ton regard vers les ténèbres du bas ? Dis-moi, maman. Car, je réalise que nous abandonnons tous une guerre pourtant déjà gagner par Christ.
Malgré les réponses que m'apporte la compassion face à ton histoire, je crains que la blessure dans mon cœur demande à l'esprit saint d'attendre un instant.
Maman, j'aimerais l'entendre de ta voix. Parle-moi une dernière fois. Où était ta foi ce jour ? Où était ton amour envers moi ? On aurait pu s'en aller… fuir…
Le passage continue en disant, “ 17Recevez aussi le casque du salut et l’épée de l’Esprit Saint, c’est-à-dire la parole de Dieu.” Avais-tu retiré ton casque, maman ? Avais-tu laissé les pensées du monde inonder les tiennes ? Dis-moi, car, je comprends ton râle bol, celui qui t'a mené à ouvrir la porte à cet inconnu appelé la mort, mais j'aimerais savoir, à quel instant avais-tu commencé à penser à l'inviter ? Pour qui ? Pour quoi ? Quel avenir voyais-tu pour moi à cet instant ? Et avec qui ?
“18Priez sans cesse. Faites toutes vos prières et vos demandes par l’Esprit Saint ! Soyez bien attentifs et priez toujours fidèlement pour tous les chrétiens.”
Soyez attentifs, dit-il. Or, je dois t'avouer que j'ai passé des dizaines d'années à rêvasser, souhaitant supprimer cette réalité qui emprisonnait ma vie pour de bons.
Bien qu’aujourd'hui, les choses sont différentes, car, sans cesse, je prie et mets mon espoir en Dieu et en qui Il dit que je suis, je continue de me demander qui tu étais.
Tu te disais surement que je t'avais oublié, hélas, voici la vérité ; le souvenir de tes yeux éclaire des couloirs de mon enfance et je n’arrive pas à effacer cette scène dans la baignoire. Ton rire résonne des fois dans ma tête, même lorsque je dors.
Vu tes croyances, j’ose espérer que tu as trouvé le chemin de la paix et du pardon et que tu es heureuse là où tu es.
Sincèrement, il a été plus facile pour moi de commencer par écrire à papa, car j'imagine, c'est lui qui a fait le premier pas. Je présume qu'il t'a raconté que j'ai élucidé le mystère de sa vie. D'ailleurs, je me demande pourquoi tu l'as autant couvert et ne m’a jamais rien dit. Peut-être parce que j'étais trop jeune pour comprendre ?
Quoi qu'il en soit, je ne suis pas là pour te faire des reproches. En fait, je n'en ai plus. Malgré l'envie attristante d'avoir une dernière conversation avec toi, je te le répète, je te comprends maintenant. Tu n'étais qu'une âme emprisonnée, souhaitant retrouver des années de sa jeunesse qu'elle avait déjà perdue. Cherchant en plus de cela l'amour d'un homme qui la haïssait. Un homme qui voyait en elle l'ignorance de ses parents. Mais il avait fini par tomber amoureux de toi, maman. Le Père André me l'a dit. Seulement, papa ne voulait pas te montrer ce qu'il considérait comme étant une faiblesse.
Après l'histoire avec la famille de papa, je n'étais pas sûre de vouloir rencontrer la tienne. De toute façon, tes parents doivent sûrement déjà être près de toi. Je ne sais pas. Peut-être, un jour, j'irais à leur recherche. Ce n'est pas que je néglige ton histoire, c'est juste que je prends du temps et ne me brusque plus.
Cela m’a demandée tant de forces pour enfin t’écrire, que je sais que c’est le travail de l’esprit saint sur moi qui agis.
Cette scène dans la salle de bain est un de mes derniers souvenirs de toi et je ne pense pas qu’un jour, je ne ressentirai plus cette douleur au cœur lorsque l’image apparaît devant mes yeux.
Certains jours, je m'attriste pour toi, puis, je me souviens que les nouveaux nés pleurent en venant au monde. Pourtant, le monde leur sourit. Or, les morts sont pleurés par le monde. Cela me mène à me dire que, la raison pour laquelle vous ne pleurez pas, c'est parce que vous voyez désormais l'essentiel de la vie.
Aussi, vous n'éprouvez plus aucune faim et soif. Vous êtes libérés des caprices de cette chair contre laquelle nous nous battons chaque jour.
Oui, tu es possiblement mieux là-bas qu'ici.
Malheureusement, il serait impossible de faire revenir le temps cependant. De réinventer nos moments à deux et de profiter de chaque instant, car rien ne sera plus pareil. Mais j'ai l'espoir, malgré le pansement à vie, que de meilleurs jours nous attendent. Un jour viendra, celui promit par le Christ, où nos sourires se reverront et là, le passé ne pourra plus nous hanter.
En attendant que l'on ne se retrouve, ne t'en fais pas pour moi. Je suis heureuse maintenant, bien qu'il m’arrive toujours de pleurer de temps à autre.
Avant, je demandais à Dieu de m’aider à ne plus me souvenir, mais j’ai réalisé que c’est ma croix, mon témoignage et mon parcours. Pourquoi l’oublierais-je ?
Aujourd’hui, bien que paradoxale, je suis ravie d’avoir un pansement au cœur en pensant à vous. Oui, cela prouve plus encore la présence de Dieu en moi. Car, si Dieu est compatissant, se souvient de tout et aime autant, comment un enfant fait de ses mains ne ressentirait pas des émotions similaires ?
Le Père André m'a parlé de l'émission de mère Angélica. Elle n'est plus de ce monde, mais ses paroles sont toujours aussi édifiantes. Une personne posait une question par rapport à la douleur, demandant si Dieu aimait certaines personnes plus que d'autres, pour accepter justement que certains souffrent plus que d'autres.
Parmi tous les mots qui décoraient la réponse de mère Angélica, une parole me toucha particulièrement. Elle nous faisait réaliser que là où plusieurs personnes voient la souffrance, comme une négligence de la part de Dieu, Jésus lui a souffert par amour et avec amour. La souffrance dans la vie de Jésus a été sa plus belle preuve d'amour envers le Père. Ce même Seigneur Jésus que nous adorons, a souffert pour nous, a porté sur son dos nos humiliations. Si lui arrivait toujours à voir l'amour du père malgré tout, pourquoi pas nous ?
N'avait-elle pas raison ?
Si Jésus agissait comme nous, il allait demander au père, pourquoi est-ce que c'était à lui de souffrir autant et pas à nous ? Mais il savait qui il était. Il connaissait sa mission sur terre et par-dessus tout, connaissait celui qui l'avait envoyé.
Je suis fière d’aimer aujourd’hui. De certaines fois pleurer parce que Christ lui-même a déjà eu à pleurer pour nous. D'ailleurs, le verset le plus court de la bible est celui où il pleura.
Et non, je ne fuis plus l’épreuve.
Je ne dis pas que je ne me blesserai plus, que je ne pècherai plus. Non, bien que je haïsse le péché et que j’aimerais l’effacer de moi à jamais, ce combat contre ma chair me mène bien souvent à dire un mensonge lorsque pourtant la vérité serait le meilleur choix. Je hais cela, et je me bats chaque jour à donner le meilleur de moi pour ne pas laisser la chair surpasser l’âme qui sert Dieu.
Nous sommes imparfaits, mais j’ai foi qu’en Jésus, nous devenons meilleurs de jour en jour. Comme une eau que l’on nettoie avec de la javel, le Seigneur nous nettoie de jours en jours.
Je vois d’ailleurs ce passage sur terre comme une douche. Les épreuves nous mène à nous placer devant un miroir, nous aidant à nous débarrasser de nos mauvais traits.
Je rigole maintenant, même si je sais que dans le moment de l’épreuve, je serai en train de pleurer. Ce qui en fait réjouie mon cœur, c'est que je ne serai plus seule. Non, je serai en train de pleurer aux pieds de Dieu.
Voici donc ce que devient ta fille, maman.
Elizabeth.