IX
Son mari… son malheureux mari, devrais-je dire… Oh ! quel supplice, – oublié de Beccaria, – ce doit être que celui de cornac d’une femme à la mode ! Entendons-nous ici, car je ne veux blesser personne, le sort du comte, convenez-en, n’était pas gai. Songez que, durant trente années, l’infortuné conduisit, chaque soir, sa femme au théâtre, et, de là, dans trois ou quatre salons où l’on faisait de la musique. Qu’il fût souffrant, mal disposé, rien n’y faisait. Il fallait marcher, il marchait. Et toujours sans se plaindre, sans proférer même un soupir. Personne ne lui avait jamais accordé la moindre attention. Dans les maisons qu’il fréquentait le plus assidûment, on le connaissait à peine. Il s’effaçait et on l’effaçait. Il était enfin, et de toutes manières, ce que, dans les pays constitutionnels, on nomme officiellement « le mari de la reine. »