XXI

152 Words
XXI Un rien la faisait pleurer, moins que rien la faisait sourire. Elle subissait, dans sa santé, l’influence du temps, comme un baromètre. Le vent d’est l’énervait, la pluie l’assombrissait. L’hiver, elle se tenait frileusement au coin du feu, sans regards, presque sans paroles. Elle s’éveillait au printemps, et alors, les chants des oiseaux, les suaves caresses de l’air la rendaient joyeuse. Elle écoutait les voix qui passaient dans les chuchotements de l’onde et dans les murmures des feuilles. Mais, tout cela, en elle, était fragile et délicat comme elle-même. De même qu’il suffit d’une goutte d’eau pour noyer une libellule, de même une peine de cœur, si légère qu’elle fût, devait suffire pour accabler Flore. Chacun le pressentait autour d’elle et s’exerçait à lui rendre la vie paisible. Donc, pendant que son brave homme de père rentrait ses récoltes et que sa mère se confinait dans sa basse-cour, Flore voltigeait de çà et de là, dans l’Ile Belle, comme une fauvette. Pour mieux dire, elle ne faisait rien.
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