XIX
Revenons à la fille de notre fermier. Elle se nommait Flore, et, comme la déesse qui lui tenait lieu de patronne, elle se trouvait alors dans tout l’éclat de la jeunesse. Elle avait un beau front doux et satisfait, une bouche gracieuse et souriante, des yeux bleus, un nez aquilin et de blonds cheveux crêpelés. Zéphyre lui-même qui, comme on sait, épousa la fille de Niobé et d’Amphion, n’aurait pas dédaigné de poser un b****r sur les lèvres de la Flore de l’Île-Belle. Quand elle passait dans les prés, avec sa jupe courte, son corsage de futaine blanche, les bras tout nus jusqu’aux épaules, trottant menu, elle était si accorte et si gentille, qu’on avait plaisir à la voir. Rien de grossier en elle et qui sentît la fille des champs. Elle avait reçu quelque instruction, chez les sœurs. Ses parents l’adoraient. Ils n’auraient pas souffert qu’elle travaillât, même pour repriser le linge de la ferme. Il est vrai que la pauvre Flore avait été, pendant longtemps, bien mal portante. On ne savait ce qu’elle avait.