IX – CE QUE C’ÉTAIT QUE GABRIEL Un peu avant l'heure où la veillée finissait chez bonne personne Marion Lécuyer, un homme à pied, traînant son cheval par la bride, s'embourbait dans le chemin creux qui menait directement de la Grand-Lande à Château-le-Brec. L'orage était calmé déjà depuis plus d'une heure, mais il avait laissé tant d'eau dans le chemin creux, que c'était d'un bout à l'autre comme une longue mare de fange liquide. Notre homme battait cruellement son pauvre cheval pour le faire avancer ; il jurait d'une voix pleine de colère, mais qui, malgré tout, ressemblait à une voix de femme tant elle était douce et juvénile. C'était presque un enfant, on pouvait bien le deviner malgré l'obscurité profonde. Il avait perdu son chapeau en route, et de grandes masses de cheveux blonds so