II Les riensJe voudrais encore te revoir. C’est misérable de ma part. Mais tout l’homme n’est-il pas misère ? Il me semble que je suis en deuil, et j’ai perdu quelqu’un, en effet, puisque mon amie, pour moi, n’existe plus. Je traîne ma souffrance d’endroit en endroit. D’abord je suis allé au pays, à Grivedesvignes, embrasser ma mère, et, sans lui dire ma douleur, me consoler dans son amour. Les caresses de la femme sont douces lorsqu’on est enfant, et, pour sa mère, on est toujours petit. Les autres caresses font du mal. Je souffre de tes baisers, Noémi, car je m’attarde dans leur souvenir. Mon imagination vagabonde est cause de ma peine. Que ne suis-je imbécile ? Plus on se rapproche du néant, moins on est malheureux. Je suis un paquet de nerfs, et, triste ou gai, suivant seulement q