Avril 1830
Depuis ce jour où nous nous sommes disputés. Lord Cameron n’a plus cherché à venir vers moi. Il n’a pas cherché non plus à réclamer son droit conjugal et c’est seule que je passe toutes mes nuits depuis deux semaines. Seule que je me promène dans les jardins. C’est tout aussi seul que je reçois mes sœurs. Leur racontant que ma vie n’est pas si mal. Que je suis heureuse malgré tout. Je leur ment, serte. Mais il est mieux pour elles de me croire heureuse que malheureuse. À mon frère aussi, je mens. Disant que la nuit de noces, c'est passé comme il fallait. Et depuis deux semaines, c’est la première fois que je me retrouve à nouveau face à lui.
_ Tout ça est ridicule. Allons-nous nous éviter encore longtemps ? Me demande-t-il.
_ Je n’ai rien de plus à vous dire Lord Cameron.
_ Link.
_ Je vous demande pardon ?…
_ Malgré votre refus à l’évidence. Voilà tout de même deux semaines que nous sommes mariés. Pourriez-vous au moins m’appeler par mon prénom.
_ Pour ça aurait-il fallu que je le connaisse.
Il fronce les sourcils et me regarde durant un laps de temps.
_ Ne vous l’a-t-on jamais mentionner ?
_ Non. Je ne connais de vous que Lord Cameron. L’homme qui aurait vendu son âme au diable contre richesse.
Là encore, il me regarde avec cette fois si un regard d’étonnement. Puis, contre toute attente, je l’entends rire à gorge déployée…
_ Cessé de rire. Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle !!
_ Et pourtant, ce que vous venez de dire est à mourir de rire…
_ Est-ce donc vrai ?
_ Quoi donc ?
_ Avez-vous vraiment vendu votre âme au diable ? Que ceci en est sa signature.
_ Non. Je n’ai jamais rencontré le… Le diable. Et ceci n’est pas sa signature. Même si à mes yeux, celui qui me l’a faite est pire que le diable.
C’est à mon tour de fronces les sourcils. Qui a bien pu lui porter un tel coup. Voyant la curiosité me ronger, je vois un sourire apparaître sur le coin de sa joue droite.
_ La curiosité est grande, n’est-pas ?…
_ Non, je…
Il m’offre son bras et je fronce à nouveau les sourcils…
_ Marchons un peu, si cela ne vous dérange pas.
Je pose ma main dans le creux de son bras et il nous entraîne vers le jardin. Marchant silencieusement, je peux voir qu’il semble perdu dans ses pensées… Puis, il nous arrête près d’un vieux chaîne et je le vois fixé l’eau de la fontaine. Comme ci celle-ci pouvait absorber ses souvenirs si… Si douloureuse.
_ Contrairement à vous, je n’ai pas eu une enfance joviale !! Tandis que votre père vous choyez et vous aimez. Le mien m’apprenait la vie à grand coup de fouet !! Il m’apprenait à être un homme par les coups !! Je ne compte plus le nombre de fois où il m’avait tellement battue que ses sujets se demandaient si j’allais ou non survivre.
En entendant ça, j’en sursaute de frayeur. Comment un père peut-il faire du mal à un enfant… Les parents doivent être un soutien, un modèle, une force pour leur progéniture… Et non évoqué la peur…
_ Quand j’ai eu 8 ans, mon père était tellement énervé et ivres qu’il s’en est pris encore une fois à moi… Et un coup d’épée perdu à laisser ce qui te répugne temps… Je t’assure qu’elle me répugnait tout autant à l’époque… Dit-il en me fixant de son œil balafré.
_ Plus maintenant ?
_ Non… Parce qu’elle est là pour me rappeler quel homme je refuse de devenir. Peu de temps après cet incident, ma mère, pour me protéger, m’a envoyé en pension ici même, loin de mon bourreau. Lui affirment que cela m’apprendrait à vivre. J’ai su que par la suite, c’est elle qui recevait les coups de sa colère à ma place… Ma jeune sœur, quant à elle fut envoyée auprès de notre tante. Puis dans un couvent, où elle y a fait ses études.
_ Pourquoi votre père vous faisait-il subir tout ça ?
_ … À cause d’une histoire encore plus sombre que celle que je viens de vous conter.
Il ne m’en dit pas davantage, mais tourne son regard vers moi.
_ Voilà, vous savez tout de mon passé. Mais je vais vous demander une chose… Gardez votre pitié… Je n’en veux pas…
_ Je ne ressens aucune pitié. Juste de la tristesse et de la compassion.
_ Je ne suis jamais retourné dans la demeure familiale depuis ce jour. Et je n’ai revu ni ma mère ni mon père depuis. J’ai appris qu’elle était morte durant ma dixième année. Mais, elle était enterrée depuis trois mois quand la missive m’était parvenue.
_ Ne vous ont-ils donc jamais manqués ?
_ Ma mère et ma sœur me manque à chaque jour qui passe un peu plus… Mais lui… Si je venais à le revoir, je crois que cette fois, c'est moi qui donnerais les coups tant ma rage contre lui est grande. Je les maudis chaque jour qui passe depuis mes huit ans… Encore plus quand, par sa faute, il m’a privé de ma mère.
_ Je suis navré pour vous.
_ Comme je vous l’ai dit. Je ne veux pas de votre pitié !
_ Et comme je vous l’ai dit. Ce n’est en rien de la pitié, mais de la compassion que j’ai envers vous.
_ Mmm…
Ses yeux me fixent avec intensité… Et je les vois finir par dériver vers mes lèvres… Ses sourcils se froncent davantage…
_ J’aimerais tant que vous nous donniez une chance. Je sais que je ne vous plais pas. Que vous n’êtes ici que par la contrainte de votre frère. Mais peut-être qu’ensemble… Nous pourrions construire quelque chose.
_ … Je ne sais pas.
_ Léolia, puis-je vous embrassez.
_ Je suis votre épouse. Vous avez tous les droits sur moi.
_ Mais je n’en ferai rien, si ce n’est pas ce que vous souhaitez. Vous le savez…
Je réfléchis durant quelques secondes. Un b****r, c’est tout ce qu’il me demande ?… Où souhaite-t-il davantage. Je ne réponds rien et acquiesce… Il se rapproche alors de moi et pose ses grandes mains sur mes joues… Ses lèvres se posent sur les miennes… Il les caresse doucement… Les butinent à plusieurs reprises… Puis, je finis par sentir sa langue demander accès à mes lèvres. Par curiosité, j’entrouvre légèrement mes lèvres et sens sa langue toucher la mienne. Son b****r se fait alors un peu plus passionné et je sens le monde s’effondrait sous mes pieds. Ses bras me soutiennent et me rapprochent par la même occasion. Me collant contre son corps chaud… Je sens les pulsations de mon cœur battre de plus en plus fort. Et je suis sûr qu’il peut les percevoir…
_ Oh Léolia… Si vous saviez… Si vous saviez à quel point vous me rendez fous.
Sur ses derniers mots, il s’écarte de moi et reprend une distance raisonnable. J’en ressens un froid si grand que cela donne l’impression d’être allongé dans la neige… Pourquoi est-ce que je ressens autant de sensation en sa présence ?… Les jours passent sans qu’il ne retente quoi que ce soit. Et je sais maintenant qu’il n’en fera rien. Que si je le veux… Si j’accepte ce mariage… Ce sera à moi d’aller vers lui. Il a fait le premier pas, à moi de combler la distance qu’il reste entre nous…