La soirée d'hier a été super cool. Ma maman avait l'air heureuse et avec l'argent que je lui ai donné, elle nous a fait un bon plat de eru avec le couscous. Ça faisait longtemps qu'on avait pas aussi bien mangé. Comme à son habitude, papa est rentré saoul hier soir et s'est mis à bavarder pour tout et rien du tout. Fort heureusement, tout cela ne nous atteint plus.
C'est samedi aujourd'hui et c'est avec le coeur heureux que je me rends au chantier ce matin sans manquer d'envoyer un bonjour à ma fleur avant.
Ça fait déjà un moment que je fais ce travail, c'était difficile au début mais avec le temps on s'adapte. Une fois que j'y suis, je vais me changer et c'est parti pour une nouvelle journée de travail.
"L'homme mangera vraiment manger à la sueur de son front" soupirais-je.
Que le seigneur nous vienne en aide.
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La journée a été difficile comme à chaque fois mais au moins elle se termine bien. Je vais me débarbouiller ensuite je retrouve les autres chez Monsieur Ntep pour notre paye. Le meilleur moment de la journée.
Je ne rentre pas directement car j'ai un autre travail à faire du côté de Nkomo ; de l'argent en plus, ça ne fait de mal à personne. Ma mère ne le sait pas mais en dehors de mon travail au chantier, je travaille chez une dame à Nkomo. Je m'occupe du jardin et des petits travaux ménagers. L'avantage c'est que ce n'est qu'une fois la semaine et comme elle connaît ma situation, elle n'a vu aucun inconvénient à ce que j'arrive souvent à cette heure.
J'arrive chez elle près d'une heure plus tard. Le gardien me fait savoir qu'elle n'est pas là. Cela n'empêche en rien le travail que j'ai à faire ici alors je vais de nouveau me changer pour ensuite me mettre au travail. Avec de la musique dans les oreilles, on ne remarque même pas le temps qui passe, du coup le travail se fait rapide et moins pénible.
Je finis tout ce que j'ai à faire aux alentours de dix-huit heures, puis je vais prendre mon bain (l'un des avantages de ce travail).
Lorsque je finis, je vais retrouver ma patronne qui est rentrée il y a peu. J'arrive dans son bureau, je frappe et elle me fait signe d'entrer.
Je m'exécute.
- Bonsoir madame ! Fis-je en entrant.
- Bonsoir Louis, comment vas-tu aujourd'hui ? Demanda t-elle en me gratifiant d'un sourire.
- Bien merci madame ! Repondis-je.
- Ok, c'est super !
Elle tire un tiroir de son bureau d'où elle sort une enveloppe qu'elle me remet. Je la remercie et envisage m'en aller mais au moment de partir, elle me retient.
- Attend Louis, j'ai quelque chose pour toi, j'allais oublier... M'interpella t-elle.
Elle se lève, va dans sa chambre et revient ensuite avec un paquet dans les mains.
- Tiens c'est pour toi, je sais que c'est ton anniversaire demain donc c'est un cadeau. J'ai pensé à toi quand je faisais des courses la semaine dernière. Dit-elle en me le plaçant entre les mains.
- Merci madame mais vous n'auriez pas dû ! Fis-je un peu gêné.
- Oh que si et ça me fait plaisir... Tu le mérites ! Je voulais te demander un service aussi, jai ma fille qui arrive dans un mois, j'aimerais que tu l'aides s'intégrer.
- Vous pouvez compter sur moi Madame ! La rassurais-je
Je la remercie, puis je prends congé d'elle. Cette femme est vraiment un don du ciel dans ma vie j'en suis sûr. Je l'ai rencontrée il y a un mois dans un taxi. Elle s'était faite soutirer sans sans rendre compte. Elle a pris le taxi et arrivé à destination, elle a remarqué qu'elle n'avait plus rien sur elle. Le chauffeur n'a pas voulu comprendre et s'est mis à l'agresser en la traitant d'escroc. Il n'a même pas chercher à écouter la version de cette femme ; alors, j'avais encore un billet de mille fcfa dans ma poche. J'ai donc payé son taxi et le mien. Comme je savais que j'allais au chantier, ce qui est sûr c'est que je devais avoir au moins un truc en soirée. Je n'allais peut-être rien manger en journée mais je ne pouvais pas laisser cette dame se faire insulter de la sorte. Elle m'a remercié plusieurs fois ce jour là, mais je lui ai dit que ce n'était rien.
Une semaine plus tard en allant défricher le terrain d'un monsieur de ce côté là, je l'ai rencontrée à nouveau. Elle était dans une voiture mais ce n'était pas elle qui conduisait. Elle a été très surprise de me voir là et m'a interpellé puis m'a invité à entrer.
J'étais tellement surpris de voir la demeure de cette femme. C'était tellement grand et beau de l'extérieur qu'une fois à l'intérieur, j'ai cru être au paradis. C'était ma première fois d'entrer dans ce genre d'endroit. Elle m'a invité à m'asseoir puis m'a servi à boire. J'avais même peur de m'asseoir de peur de salir ses fauteuils. Je me souviens encore de ses paroles lorsqu'elle m'a dit:
"Assieds-toi jeune homme. Tu penses que cette chaise a plus de valeur que toi ? Elle a été créé pour les hommes. Elle a beau coûter cher mais son usage ne change pas pour autant. A chaque fois que tu entreras chez moi, souviens toi que tout ça ne sont que des objets de décoration et que tu as plus d'importance que tout ça."
Ça m'avait beaucoup touché et jusqu'à présent cette parole est toujours dans ma tête.
Elle m'a ensuite demandé ce que je faisais dans le quartier, je lui ai dit et puis elle m'a demandé si je ne fréquentais pas je lui ai fait un petit briefing de ma vie et elle a tellement compati qu'elle s'est proposé de m'aider mais je lui ai dit que je ne pouvais pas accepter son aide à moins qu'elle me laisse gagner cet argent. C'est ainsi qu'elle m'a proposé ce travail. En une semaine je gagne vingt cinq mille fcfa ; ce que d'autres gagnent en un mois. C'est bien plus que ce que j'aurais espéré.
Je ne fais ce travail que depuis deux semaines, enfin c'est mon deuxième jour mais j'ai déjà gagné bien plus que ce à quoi je m'attendais et ça va vraiment beaucoup m'aider. Je lui suis vraiment très reconnaissant.
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J'arrive à la maison un peu plus tard que prévu mais contrairement aux autres jours, la maison semble plus gaie et ça me fait plaisir de rentrer pour une fois et ne pas trouver ma mère se plaignant et c'est grâce à Junior.
Je les retrouve au salon en train de causer en regardant la chaîne nationale sur notre bonne vieille télévision. Rassurez vous ce n'est certainement pas par plaisir qu'ils scotchés devant la télévision juste que nous n'avons pas les moyens de nous procurer le câble ou un a********t.
Je les laisse et vais faire ma routine quotidienne c'est à dire, me laver et puis parler un peu avec ma chérie ensuite je retourne les trouver pour qu'on puisse manger. Ce n'est pas parce qu'on a eu un peu hier qu'on va tomber dans le gaspillage donc au programme c'est encore le eru et couscous ; pour mon plus grand bonheur d'ailleurs.
On finit la soirée dans la bonne humeur en se racontant des anecdotes et blagues super drôles jusqu'à ce que Monsieur mon père rentre. Chacun retrouve son lit en remerciant le seigneur d'avoir veiller sur nous aujourd'hui encore et bien sûr on lui confie la journée de demain.
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Trop c'est trop... Je vais le tuer !!!
Je suis réveillée par les cris de Junior qui retentissement dans toute la maison. Je me lève précitamment pour aller voir ce qui se passe. C'est la premiere fois que mon petit frère lève le ton sur quelqu'un. Je ne l'ai jamais vu aussi en colère.
- Qu'est-ce qui se passe ? Le questionnais-je en arrivant au salon.
- Je ne retrouve pas l'argent que j'avais gardé pour ma pension où je l'ai mis. Et je sais que maman ou toi n'auriez jamais pris ça donc ça ne peut qu'être lui... Fit-il allusion à notre père.
Cette fois je suis abasourdi.
Junior
Mon frère et moi avons eu le malheur de tomber dans une famille pauvre mais malgré celà on ne se laisse pas abattre. Ce qui me fait mal c'est de voir ma mère se plaindre tous les jours à cause d'un ci ou d'un ça et c'est ainsi depuis que nous sommes petits. Ma mère a été à la fois, notre père et notre mère. Je ne me souviens même pas qu'un jour mon père ait joué son rôle de père. Il passe sa vie à boire sans se soucier de nous. Lorsqu'il réussi à avoir un cinq franc c'est juste pour boire. A un moment, on a arrêté de se plaindre et on a compris qu'il est ainsi.
Aujourd'hui on se bat comme on peut en se serrant les coudes. Louis est devenu comme le père de la maison. Il se bat pour subvenir au moindre petit besoin. Il est même allé jusqu'à sacrifier ses études pour nous et tout ça me fait mal.
Heureusement, j'ai pû avoir ces vingt-cinq mille fcfa en allant travailler avec des amis dans le champs d'une dame. Avec ça j'ai pû faire plaisir à mon frère et à ma mère. Pour ma pension il ne restait que huit mille fcfa que j'ai mis de côté et puis les trucs que j'ai acheté pour maman et Louis ne m'ont coûté que cinq mille fcfa du coup j'ai donné le reste à maman pour qu'elle nous fasse à manger.
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Je suis tellement content ce matin en me levant, parce que je vais pouvoir enfin solder ma pension et composer.
Lorsque je finis de m'apprêter, je vais ensuite chercher l'argent à l'endroit où je l'ai laissé mais je ne le retrouve pas. J'évite de m'emporter pour le moment et commence à fouiller mais je ne trouve rien. C'est évident, mon père l'a pris car jamais Louis ou maman ne l'aurait fait.
Je sors de la chambre précipitamment pour aller demander des comptes à mon père. Je ne comprends pas pourquoi il fait ça ? Déjà qu'il ne nous aide pas mais maintenant il faut qu'il me mette les bâtons dans les roues. C'est comme ça à chaque fois et j'en ai marre.
Je sors de là très en colère avec une seule envie: en finir avec lui !
J'ai même envie de pleurer, pourquoi doit-on autant souffrir hein ? Maintenant où vais-je trouver de l'argent pour l'école.
Franchement, je n'en peux plus de cette vie.