Ariel
Quand un homme vous prend pour cible, il ne fait pas seulement de vous sa victime... Il fait d’elle sa proie, sa victime, sa chose. J’ai vécu l’amour cruel durant deux ans. Deux ans à me faire rabaisser, frappé, humilier… Mais à chaque fois, je lui pardonnais… À chaque fois, il me couvrait de cadeaux en disant qu’il était désolé. Et à chaque fois, nous vivions comme si de rien était. J’avais pris pour habitude de dissimuler les marques, les bleus sous un maquillage très calculé. Mais j’étais loin d’avoir eu le pire de sa part… Car le jour où j’ai appris que j’étais enceinte, j’étais folle de joie de le lui dire. Je me disais que grâce au bébé, tout changerait. Il deviendrait très certainement un père formidable et un mari amant… Mais rien ne s'est passé comme je l’avais imaginé. Quand je lui ai annoncé, il est entré dans une fureur noire, m’insultant de g***e et de traînée. Me hurlant qu’il n’était pas le père et que je l’avais trompé. Il a commencé à me frapper, jusqu’à ce que je m’écroule. Mais ce n’est pas ça qu’il l'arrêtait. Il a continué à me donner de grands coups de pied, visant mon ventre… Je le suppliais d’arrêter. Mais ça ne l’a pas arrêté. Les coups, les hurlements, la douleur. Puis, le silence... Un silence qui finit par être rompu par un bip incessant. Quand mes yeux se sont ouverts, je me suis retrouvé à l’hôpital… J’ignore qui m’a amené ici, mais être face à ce docteur et au policier ne m’aider pas à me détendre…
_ C’est votre mari qui vous a amené ici. D’après lui, vous avez fait une mauvaise chute.
_ S’il le dit, c’est que c’est ce qui est arrivé.
_ Le docteur Kenny, ici présent, nous a appelés, car les coups ne sont pas ceux d’une chute. Vous devez nous dire la vérité.
_ Je suis tombé. Il dit la vérité…
_ Je vais parler à ma patiente. En attendant, je vous invite à aller prendre un café. Revenez dans dix minutes.
_ Très bien…
Les policiers sont sortis et le docteur m'a parlé avec sérieux. M’expliquant que j’avais eu beaucoup de chance d’être encore en vie. Qu’il s’en était fallu de peu pour que je ne me retrouve pas à la morgue.
_ Écouté… Je sais que vous pensez que c’est la meilleure solution. Qu’il est intouchable. Mais vous devez parler… Aujourd’hui, vous êtes encore en vie. Mais qui sait si ce sera encore le cas la prochaine fois.
_ Non… Il… Il n’a rien fait. Je suis tombé. Il m’aime… Et, quand le bébé sera là.
_ Le bébé ?… Madame… Le bébé n’a pas survécu. Les coups que vous avez reçus dans le ventre…
_ Quoi ???…
_ J’aurais voulu vous le dire dans d’autres circonstances. Mais vous avez perdu le bébé et… D’après vos examens… J’ai peur que vous ailliez plus de difficulté à concevoir dans l’avenir.
_ Vous…
_ Votre mari doit payer pour ce qu’il vous a fait. Ne le laissez pas s’en sortir encore une fois.
_ Je…
J’ai perdu mon bébé… Et par la faute de mon mari, je risque de ne jamais en avoir… J’ai relevé la tête et j’ai acquiescé. J’ai porté plainte contre lui… Demander le divorce… Il a été condamné à trois ans de prison ferme. Et j’ai recommencé ma vie, comme si de rien était… Seule… J’aurais pu oublier tout ça… Jusqu’à ce que je reçoive une lettre de sa part. M’expliquant qu’il allait me faire payer dès sa sortie de prison. C’est à ce moment-là que j’ai pris la décision de disparaître. J’ai retiré toutes mes économies. Fermant mes comptes. Le banquier m’a regardé avec stupeur. Il a cherché à savoir pourquoi je fermais mes comptes. Pourquoi je souhaitais retirer tout mon argent. Il a chercher à m’en dissuader. Mais je lui ai juste dit que je déménageais et que je souhaitais ouvrir un compte dans une banque plus proche de la mienne. Que je voulais tout régler ici avant de partir. Je me suis retrouvé avec deux grosses valises d’argent que j’ai précieusement dissimulées dans mon coffre de voiture. J’ai fait le plein et j’ai pris la route. Roulant le plus loin possible. Cherchant à mettre le plus de distance possible entre lui et moi. À partir de ce jour, j’ai tout fait pour rester discret. Allant jusqu’à éviter les réseaux sociaux. Je ne restais jamais au même endroit plus de trois mois et dès que je me sentais plus en sécurité, je partais. Sans la moindre explication à qui que ce soit. De toute façon, je n’ai pas d’ami et je n’en veux pas… Ni ami… Ni petit ami… Ça fait maintenant deux ans que je vis de cette façon et elle me convient très bien. Je me suis tout de même décidé à prendre un chien que j’ai dressé de manière à ce qu’il me protège. Nous avons passé des heures à l’école canine et j’y ai mis beaucoup de mon temps. Et maintenant, je me sens bien avec lui à mes côtés et je commence même à aimer ma nouvelle vie. Même si pour ça, j’ai dû changer d’identité et oublier l’ancienne moi.
_ Hey doucement, Djouck. J’ai pensé à tes croquettes. Laisse-moi juste une minute que je pose les courses. Dis-je, deux gros sacs sous le bras. Ferme la porte.
Elle s’empresse d’obéir. Poussant avec sa tête la porte et tirant sur le cordon pour mettre le verrou. Puis, elle me rejoint avec plaisir. Rangeant mes courses, je finis par lui donner sa gamelle de croquettes et lui serre d’eau.
_ Et bah, tu avais faim, mon beau. Personnellement, ce n’est pas encore mon cas. Donc… Si nous allions faire un tour au parc afin de faire un peu d’exercice. Cela devrait m’ouvrir l’appétit. Quand dis-tu ? Promenade !
_ Wouah, wouah !!
_ Oui, tu adores ce mot, hein. Promenade !!
_ Wouah, wouah, wouah !!!
Je rigole en sortant son harnais et sa laisse du tiroir. Il commence à sauter sur place, devenant foufou. Puis, quand je lui demande de se calmer et de s’asseoir, il obéit sagement. Je ferme derrière moi et entraîne Djouck avec moi.
Darken
Je tourne en rond depuis cinq bonnes minutes. Quand je pense qu’ils ont laissé une humaine entrer dans notre ville. Mais qu’est-ce qu’il leur a pris… Ce n'est déjà pas facile de protéger ce village de manière à ce que personne de l’extérieur n’entre. Mais s’il commence à les faire venir vivre ici, alors je ne sais plus quoi faire moi…
_ Il faut trouver le moyen de la faire partir. Dis-je avec fermeté.
_ Et comment… Son installation est légale, Dark… En plus, si elle est ici, c’est qu’elle n’est pas si humaine que ça.
_ Tu penses que c’est une surnaturelle ?
_ J’en suis persuadé… Reste à savoir ce qu’elle est… Et pour ça, je vais mettre mon meilleur homme sur le coup.
_ Et bien, je le plains le pauvre… Je n’aimerais pas être à sa place.
_ Tu ne crois pas si bien dire.
Je lève les yeux sur notre chef… Son sourire en coin me donne froid dans le dos. Non, tous mes pas ça !!
_ Non…
_ Si…
_ Non, tous mes pas ça !! Pas moi !!
_ Écoute Dark, tu es l’un de mes meilleurs éléments. Ton peuple et toi êtes de très bons gardiens de paix. Et je préfère que ce soit l’un des tiens qui la surveille plus tôt que l’un de mes hommes.
_ Pourquoi ?
_ Tu connais le tempérament des loups-garous. Ils sont trop fougueux et ne pensent qu’à mettre de jolies filles dans leur lit. Hors, avec toi… Je suis sûr qu’il n’y aura aucun problème.
_ Mais…
_ Tout ce que je te demande, c’est de te rapprocher d’elle. Trouve le moyen de savoir qui elle est et d’où est-ce qu’elle vient. Cherche aussi à savoir ce qu’elle est…
_ Pfff… Grrr… Très bien… À vos ordres, alpha. Et comment suis-je censé l’approcher ?
_ Et bien, elle a un chien. Un très beau chien avec qui nous avons déjà pris le contrôle. Il a senti la présence des loups et semble se montrer méfiant à notre égard. C’est également pour ça aussi que l’on n’arrive pas trop à l’approcher. Dès qu’il nous sent, il se met à grogner. Enfin bref, tout ça pour dire qu’elle l’emmène de temps à autre au parc. Ce serait idéal comme endroit de rencontre…
_ Grrr… On n'est pas très à l’aise dans les endroits étroits et puis… J’ai plus l’habitude de travailler la nuit.
_ Oh allons, tu peux bien faire une exception. Je te libère de toute autre corvée de surveillance. Tu n’auras qu'elle pour mission.
_ Pfff… Très bien… D’accord… J’accepte. Mais pas un mot aux autres, parce que sinon, je risque d’en entendre parler !! J’entends déjà Kore se moquer de moi en m’appelant la nounou de l’humaine ou un truc dans ce genre.
_ Je le posterai au plus loin de toi… Disons à l’entrée ouest de la ville. Viens me dire ce qu’il en sera à la fin de chaque semaine.
_ À vos ordres.
J’avoue que je ne suis pas du tout mécontent d’avoir une pause dans mes fonctions. Mais de là à jouer les nounous espionnes… Ça me fait vraiment un peu chier.