Darken
Je serre les dents si fort que j’en ai mal à la mâchoire… Continuant à l’écoute… J’ignore qui est ce fils de p**e… Mais si un jour, je venais à l’avoir devant moi, je lui écraserais la tête entre mes mains, jusqu’à faire exploser sa cervelle !!!
_ Quel à était le déclic ?
_ Le déclic ?
_ Ce qui t’a décidé à le quitter.
_ … La… La perte de mon bébé.
Je la regarde les yeux grands ouverts, alors qu’elle m’avoue ça.
_ Nous étions à la maison… J’avais préparé un délicieux repas pour lui annoncer une bonne nouvelle… J’avais tout préparé et… Dans un coin de ma tête, je m’étais dit que grâce à ce bébé, tout irait mieux. Qu’il changerait pour redevenir l’homme qui était à notre rencontre.
_ Mais ça ne s’est pas passé comme tu le pensais.
_ Non… J’ai à peine annoncé ma grossesse, qu’il est devenu fou de rage. Me hurlant comme quoi, il n’a jamais demandé à ce que je tombe enceinte… Que je l’avais forcément trompé… Enfin, il a inventé toutes sortes… D’excuses et d’insultes. Mais le pire, c’est quand il m'a frappée… Qu’il m’ait attrapée par les cheveux et m’a traînée par terre, toujours en hurlant que j’avais intérêt à me débarrasser de ce mioche. Je l’ai supplié de me laisser avoir ce bébé. Qu’il était un mini nous… C’est là qu’il a commencé à me frapper encore plus fort. Me donnant des coups de pied dans le ventre… Encore et encore… Il… Je crois… Je crois qu’il alternait entre coups-de-poing et coups de pied... Je… Je me suis senti partir… Quand je me suis réveillé… J’étais à l’hôpital… Il a prétendu que j’avais fait une chute dans les escaliers…
_ Dit moi que tu leur as dit la vérité !! Que tu n’as pas confirmé ses dires !!
_ Sur le coup, non… J’allais encore le protéger… Mais le docteur n’était pas dupe. J’avais souvent eu affaire avec ce médecin et… Il m’a expliqué qu’à cause de lui… J’avais perdu mon bébé… Et…
Elle fond en larmes et ne dit pas un mot de plus. Doucement et avec douceur, je prends le risque de la prendre dans mes bras pour lui transmettre ma chaleur. Même si je suis dépourvu de chaleur… Alors que je pensais qu’elle allait se dégager de mes bras, elle fond sur mon épaule et se laisse aller. Je crois qu’elle avait bien besoin de ses larmes et surtout d’une présence humaine… D’une écoute sans jugement, ni critique…
_ Bref… J’ai préféré fuir les lieux et changer de vie.
_ Tu as fait bien fait de portée plainte…
_ Hum… Oui… Ce n’est pas pour ça que je me sens plus en sécurité…
_ C’est tout à fait normal. Tu as souffert durant tout le temps où tu es resté avec lui. Maintenant, il te suffit de réapprendre à avoir confiance en toi. Et surtout, de ne plus jamais, laissez un homme te faire du mal.
Elle fronce les sourcils, comme si ce que je lui disais était dans une langue étrangère. Puis, elle s’occupe les mains en rangeant sa trousse de secours. Je prends ça pour un signal d’alarme avant le malaise…
_ Bien… Tu sais, si tu as besoin de parler ou juste d’une présence. Tu peux compter sur moi.
_ Pourquoi ?
_ … Parce que parfois, juste un peu de compagnie peut raviver un cœur blessé.
Elle ne dit rien d’autre et je me lève. Il est temps que je parte et que j’analyse ce que je viens d’apprendre, avant d’aller en parler à mon chef… Peut-être devrais-je réfléchir à ce que je dois ou non lui dire. Elle m’a fait confiance en me parlant. Si elle sait que je dois en parler à une tierce personne, elle risque de se sentir trahi.
_ Bien, je ne vais pas te déranger plus longtemps. Je vais y aller.
_ Merci de m’avoir écouté.
_ Mais de rien… Merci pour les soins.
_ Oh, c’est la moindre des choses. Mon chien n’aurait pas dû te mordre sans en avoir eu l’ordre… Je… Je vais te raccompagner.
Je n’en dis pas plus et la suis jusqu’à la porte d’entrée. Puis, sors. Une fois hors de sa maison, je l’entends fermer la porte à clé en tournant plusieurs serrures. Elle en a au moins trois à sa porte d’entrée, plus une chaînette. La pauvre a dû en baver…
Ariel
Depuis ce jour où j’ai tourné la page pour changer de vie, c’est la première fois que j’ose parler à un homme… Que j’ose même inviter un homme chez moi. En même temps, je lui devais bien ça. Djouck l’aillant mordu, je me devais de le soigner. Mais m’ouvrir à lui comme je l’ai fait… J’ai été la première surprise. Et pourtant, ça m'a fait un bien fou de me confier. Jusqu’ici, tout le monde. Tous nos proches… Personne ne m’avait véritablement cru ou soutenu en tant que victime. Tous pensaient que j’avais fait ça pour l’argent. Surtout ses amis proches. Et quand j’en ai parlé à Daren. Je n’y ai lu aucune pitié. Aucune honte à mon égard. Il n’a pas cherché à en savoir plus et surtout, il a approuvé ma démarche et a même espéré qu’il en avait payé le prix fort. Mais pour moi, trois ans, ce n’est rien comparé à toutes ces années que j’ai perdues… Ce n’est rien comparé à la vie que mon bébé ne vivra jamais… Ce n’est rien comparé aux vies que je ne pourrais jamais donner. À cause de lui, je n’entendrais jamais les pleurs d’un bébé. Je ne sentirai jamais un petit être grandir en moi. Le bonheur de devenir mère… Les jours suivants sont plus ou moins curieux, car Darken et non Daren et venu me voir au parc pour me tenir compagnie. Ainsi que chez moi, pour me demander si je n’avais besoin de rien ou pour m’amener des croissants ou des petits pains au chocolat. Et je trouve ça… Plaisant. Oui, c’est plaisant d’avoir un ami. Même si parfois, je le trouve étrange. Par exemple, il a constamment froid. Enfin, la peau froide. Parfois, quand je lui parle de mon passé ou que j’évoque un malheur qui m’est arrivé à cause de mon ex, ses yeux pourtant si bleus semble devenir sombres… Il cherche aussi à en savoir plus sur moi… Sur celle que je suis ou celle que j’étais avant tout ça. Et je ne sais pas quoi lui répondre. Parce qu’en réalité, je ne sais rien de moi… Je ne sais pas qui je suis… D’où je viens… C’est l’un des plus grands mystères de ma vie. Ma naissance, mon enfance… Mon passé… Ce n’est qu’un grand trou noir…. Je n’ai aucun souvenir d’avant ma rencontre avec mon ex. Et ça semble le troubler autant que moi. Et je me demande pourquoi ? Pourquoi semble-t-il si concerné par mon passé ? Et comme d’habitude, les mauvaises habitudes ou les bonnes, aller savoir, reviennent au galop… La méfiance, la peur, l’inquiétude… Et comme à chaque fois dans ces moments-là, je fais toujours la même chose. Je m’isole. J’ignore les toc toc à la porte. Je ne sors plus de chez moi… J’ignore tout ce qui m’entoure et je m’enferme dans ma bulle.