Chapitre 10 : Sagesse

1497 Words
10 Septembre, Cher journal, Papa est en voyage d'affaires depuis quelques jours et reviendra possiblement dans une semaine. Nous sommes dimanche et de retour de l'église. Tante Béatrice est en train de dormir avec les jumeaux dans sa chambre au moment où je t'écris. Elle était si contente d'y remettre les pieds qu'elle a voulus que sa présence soit remarquable. Elle portait une tenue achetée à 300 milles francs CFA et était maquillée de façon très vulgaire. Je soulevais un des enfants et elle l'autre. Mais lorsqu'il fallait les changer ou les nourrir, c'est moi qui le faisais. Après le sermon, elle a parlé avec des dizaines de personnes, successivement. Moi, je me tenais là, à voyager dans mes pensées, car je ne voyais pas comment autrement endurer cette situation. Les enfants portaient, eux aussi, des ensembles couteux. Or moi, j’étais allée avec une robe qu’on avait achetée au marché à 2000 francs CFA, une ballerine décollée et un chignon mal fait. L'homme de Dieu, pendant qu'il prêchait, a dit une chose qui m'a donné la patience de supporter tante. Il lisait un psaume écrit par le roi David, qui est censé nous encourager dans les épreuves. Le psaume 102. Il dit, “(102:1) Prière d'un malheureux, lorsqu'il est abattu et qu'il répand sa plainte devant l'Éternel. (102:2) Éternel, écoute ma prière, Et que mon cri parvienne jusqu'à toi! (102:3) Ne me cache pas ta face au jour de ma détresse! Incline vers moi ton oreille quand je crie! Hâte-toi de m'exaucer! (102:4) Car mes jours s'évanouissent en fumée, Et mes os sont enflammés comme un tison. (102:5) Mon coeur est frappé et se dessèche comme l'herbe; J'oublie même de manger mon pain. (102:6) Mes gémissements sont tels Que mes os s'attachent à ma chair. (102:7) Je ressemble au pélican du désert, Je suis comme le chat-huant des ruines; (102:8) Je n'ai plus de sommeil, et je suis Comme l'oiseau solitaire sur un toit. (102:9) Chaque jour mes ennemis m'outragent, Et c'est par moi que jurent mes adversaires en fureur. (102:10) Je mange la poussière au lieu de pain, Et je mêle des larmes à ma boisson, (102:11) A cause de ta colère et de ta fureur; Car tu m'as soulevé et jeté au loin. (102:12) Mes jours sont comme l'ombre à son déclin, Et je me dessèche comme l'herbe. (102:13) Mais toi, Éternel! tu règnes à perpétuité, Et ta mémoire dure de génération en génération. (102:14) Tu te lèveras, tu auras pitié de Sion; Car le temps d'avoir pitié d'elle, Le temps fixé est à son terme; (102:15) Car tes serviteurs en aiment les pierres, Ils en chérissent la poussière. (102:16) Alors les nations craindront le nom de l'Éternel, Et tous les rois de la terre ta gloire. (102:17) Oui, l'Éternel rebâtira Sion, Il se montrera dans sa gloire. (102:18) Il est attentif à la prière du misérable, Il ne dédaigne pas sa prière. (102:19) Que cela soit écrit pour la génération future, Et que le peuple qui sera créé célèbre l'Éternel! (102:20) Car il regarde du lieu élevé de sa sainteté; Du haut des cieux l'Éternel regarde sur la terre, (102:21) Pour écouter les gémissements des captifs, Pour délivrer ceux qui vont périr, (102:22) Afin qu'ils publient dans Sion le nom de l'Éternel, Et ses louanges dans Jérusalem, (102:23) Quand tous les peuples s'assembleront, Et tous les royaumes, pour servir l'Éternel. (102:24) Il a brisé ma force dans la route, Il a abrégé mes jours. (102:25) Je dis: Mon Dieu, ne m'enlève pas au milieu de mes jours, Toi, dont les années durent éternellement! (102:26) Tu as anciennement fondé la terre, Et les cieux sont l'ouvrage de tes mains. (102:27) Ils périront, mais tu subsisteras; Ils s'useront tous comme un vêtement; Tu les changeras comme un habit, et ils seront changés. (102:28) Mais toi, tu restes le même, Et tes années ne finiront point. (102:29) Les fils de tes serviteurs habiteront leur pays, Et leur postérité s'affermira devant toi.” (LSG) J'ai voulu pleurer. Pleurer, car cela me redonnait espoir et semblait parler de moi au travers des lèvres et de l'histoire du roi David. Et si jamais je pleurais, qui aurait cru qu'un enfant tel que moi, pouvait vivre des épreuves ? Les adultes se disent très souvent qu'une assiette et un lit suffisent à éduquer un enfant. Pourtant, nous sommes des êtres avec des émotions. Avec des larmes bien cachées derrière les puits de mes pupilles, je finissais par sourire. Un brin d'espoir brillait aux bouts de mes cils. Et cela, malgré les larmes. L'épreuve a un gout amer. Toutefois, n'est-elle pas belle ? Belle, car elle nous permet de voir qui sont les vrais. Belle, car elle nous permet de voir que même si les amis sont vrais, ils ne peuvent pas faire le travail de Dieu. Oui, Job fut abandonné par le nombre de personnes qu'il connaissait sauf trois de ses amis. Cependant, même parmi ces trois-là, aucun d'eux n'avait de remède à sa douleur. Seul Dieu avait la réponse. L'épreuve est amère, mais belle. Belle, car elle est un miroir à la beauté de la vie. Oui, elle nous ouvre les yeux, nous fait voir combien nous avons manqué de réellement vivre. Et cela, parce que nous avons permis à la moitié du verre vide de nous faire douter. L'ennemi est méchant. Maintenant, je le vois. Je me bats pour ne plus vivre selon le péché. Car, je ne veux pas être esclave d'une entité aussi mauvaise et arrogante. Il nous déshabille sans pitié devant les foules, et attend que l'on se moque de nous. C'est le Seigneur seul qui peut couvrir les yeux des hommes puis nous revêtir. Et cela, d’un meilleur vêtement que celui que nous avions avant. Je suis fatiguée, je dois l'avouer. Mais si je perds espoir, il aura tout gagné. Si j'arrête de voir la vie comme la bénédiction qu'elle est, il aura tout gagné. Faire un choix est une bénédiction. Je sais, c'est difficile de faire des choix, mais celui qui aime n'impose pas, il propose à l'aimé de choisir entre plusieurs options. Il peut arriver que l'on fasse les bons choix comme il peut arriver que l'on en fasse les mauvais. Finalement, c'est toujours mieux de demander l'avis de l'esprit saint comme un enfant qui demande conseil à son père avant de prendre une décision financière. Il fait confiance en sa sagesse. Il fait confiance en son expertise. Je vois l'épreuve quelques fois comme un légume. Un parent sait très bien que des légumes sont bons pour la santé physique et mentale de l'enfant. Donc, il lui en propose, mais tout en le faisant avec des plats délicieux pour les accompagner. Une variété de recette pour que l'enfant prenne plaisir à manger jusqu'à en oublier le gout amer des légumes. Dieu le sait que l'épreuve nous forge. Lui aussi dans l'épreuve nous soutient et nous donne sa parole afin d'adoucir nos blessures. Un parent qui s en fou ou n'a pas cette sagesse-là n'essaie pas de proposer des fruits ou des légumes. D'autres abandonnent même après les premiers essais lorsque l'enfant refuse. Certes, ce n'est pas facile de mener un enfant à réaliser les bénéfices des légumes et des fruits. Mais qui a dit que c'était simple pour Dieu de nous voir souffrir ? Il nous permet de faire des choix. Oui, comme un parent qui va conseiller à son enfant de ne pas sortir tard dans la nuit. Il va se mettre en colère si ce dernier le fait. Il va peut-être des fois essayer de fermer la porte et l’enfant va sauter par les fenêtres pour continuer à défier les voix de la nuit. Mais, jamais un parent aimant ne prendra une arme pour couper le pied de son enfant afin que celui-ci soit handicapé et ne sorte pas. Non. Cela serait une chose terrible. Lorsque nous arrivons à voir l'amour de nos parents derrière leur sévérité, pourquoi n'arrivons-nous pas à voir celui de Dieu ? De plus, l'épreuve nous emmène à voir nos faiblesses et la faiblesse nous donne l'opportunité de rencontrer Dieu. Comme dans l'histoire de Job. Job n'a pas osé accuser Dieu à tort, mais demandait à converser avec Lui. Or, nous, nous cherchons toujours un coupable autre que nous aux erreurs que nous avons commises. Je ne dirais pas que je suis coupable du péché de mes parents. Ils m’ont appelé dans ce monde, et étaient donc responsables de moi. Malheureusement, ils ont choisi de ne pas l’être, et à cause de cela, j'ai dû grandir très tôt. C'est la vie. Que pourrais-je dire d'autre ? Il y a des enfants qui vivent des situations bien pires, étant à des endroits où il y a eu des tremblements de terre, une famine extrême et bien d'autres. Bien sûr, des fois, je pleure, mais je sais qu’un jour sera meilleur. Tout ce que j’ai juste choisi de faire, c’est d’être forte et d'espérer que bientôt, je serai libre.
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