Lettre LXVilleneuve, 16 juin, VIII. Je viens de parcourir presque toutes les vallées habitables qui sont entre Charmey, Thun, Sion, Saint-Maurice et Vevay. Je n’ai pas été avec espérance, pour admirer ou pour jouir. J’ai revu les montagnes que j’avais vues il y a près de sept années. Je n’y ai point porté ce sentiment d’un âge qui cherchait avidement leurs beautés sauvages. C’étaient les noms anciens, mais moi aussi je porte le même nom ! Je me suis assis auprès de Chillon sur la grève. J’entendais les vagues, et je cherchais encore à les entendre. Là, où j’ai été jadis, cette grève si belle dans mes souvenirs, ces ondes que la France n’a point, et les hautes cimes, et Chillon, et le Léman ne m’ont pas surpris, ne m’ont pas satisfait. J’étais là, comme j’eusse été ailleurs. J’ai retrouvé