Lettre LIIIFribourg, 11 mars, huitième année. Je ne vois pas comment j’aurais pu faire si cet héritage ne fût point venu : je ne l’attendais assurément pas ; et cependant j’étais plus fatigué du présent, que je n’étais inquiet de l’avenir. Dans l’ennui d’être seul, je trouvais du moins l’avantage de la sécurité. Je ne songeais guère à la crainte de manquer du nécessaire ; et maintenant que je n’ai cette crainte d’aucune manière, je sens quel vide c’est pour un cœur sans passions que de n’avoir point d’heureux à faire, et de ne vivre qu’avec des étrangers, quand on a enfin ce qu’il faut pour une vie aisée. Il était temps que je partisse : j’étais bien à-la-fois et fort mal. J’avais l’usage de ces biens que tant de gens cherchent sans les connaître, et que plusieurs condamnent par dépit, d