Lettre LXVIIIIm., 23 juillet, VIII. J’ai fait à-peu-près les mêmes réflexions que vous sur mon nouveau séjour. Je trouve, il est vrai, qu’un froid médiocre est naturellement plus incommode qu’une chaleur très grande ; je liais les vents du nord et les neiges ; de tous temps mes idées se sont portées vers ces beaux climats qui n’ont point d’hivers ; et autrefois il me semblait pour ainsi dire chimérique que l’on vécût à Archangel, à Jeniseick. J’ai peine à sentir que les travaux du commerce et des arts puissent se faire sur une terre perdue vers le pôle, où pendant une si longue saison les liquides sont solides, la terre pétrifiée, et l’air extérieur mortel. C’est le Nord qui me paraît inhabitable ; quant à la Torride, je ne vois pas de même pourquoi les anciens l’ont crue telle. Ses sable